PubGazetteHaiti202005

Haïti-Coronavirus: le respect des consignes sanitaires, un énorme défi. 

 @MiamiHearld

Deux variants brésiliens et anglais de covid-19 sont découverts et le nombre de contaminations a connu une nette augmentation dans le pays. Le 24 mai, l'état d'urgence sanitaire est déclaré sur tout le territoire national par le gouvernement et le respect des mesures barrières est redevenu obligatoire. Gazette Haïti constate que dans certains endroits de la capitale, ce mercredi 26 mai, comme les écoles, le transport en commun, les marchés publics, les citoyens n'arrivent pas à appliquer strictement les règles de prévention contre le coronavirus.

Les écoles et les mesures contre la covid-19 

Un récipient d'eau chlorée placé à l'entrée, dans un coin se trouve le bureau de la secrétaire munie de son masque, les élèves sont dans leurs salles de classe, nous sommes au Collège Jean Paul Sartre, Lalue, pour prendre connaissance de l'application des mesures barrières en cet établissement suite à l'arrêté présidentiel déclarant l'état d'urgence sanitaire. 

Le censeur de l'école, vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon bleu marin, affirme seulement avoir exigé le port du masque aux élèves. Il se dit conscient de la propagation du virus, mais il refuse toutefois de fournir plus de détails sur les mesures de prévention prises par l'administration de l'école pour protéger les élèves. Il en profite pour formuler une demande de dons de matériels sanitaires afin de faire face à la pandémie. 

Au collège de Jeunes Filles, la responsable qui refuse d'être filmée et de donner son nom confie que le collège fait de son mieux avec les élèves en vue d'apporter sa contribution pour contrer la propagation du virus. Des affiches en noir et blanc, des flyers indiquant les gestes barrières sont accrochés sur les murs. La responsable de l’école qui, installée derrière son bureau, dit prendre les mesures nécessaires, s'inquiète plutôt des comportements des élèves hors de l'établissement. « Pour les Haïtiens, il faut avoir été victime pour croire que le coronavirus est bel et bien là », a-t-elle lâché. 

La situation vis-à-vis des mesures barrières n'est pas différente au niveau de certains lycées de la capitale. Au Lycée Marie Jeanne, les élèves portent leur cache-nez, mais dans les salles la distanciation d'1m 50 s'avère difficile. En effet, les classes sont bondées d'élèves, tous assis l’un à côté de l’autre. Du côté du Lycée de Jeunes Filles, c'est le même constat.

Mackenson Bonhomme, membre du personnel administratif du lycée de Jeunes Filles, explique que « réduire le nombre d'élèves dans les salles de classe est impossible. Il fallait avoir d'autres espaces aménagés pour cela et également des professeurs supplémentaires ».

« Nous exigeons le port du masque même aux professeurs. Nous avons mis en place des sites de lavage des mains pour tous ceux qui fréquentent l'espace », affirme Bonhomme qui pense que « l'arrêté de l'état d'urgence sanitaire serait efficace si c’étaient des experts qui prenaient en charge la gestion du coronavirus ».

Les marchés publics à la faveur du bon Dieu face au coronavirus 

On est à présent à Poste-Marchand, les commerçants-tes comme d'habitude sont entrain d’ouvrir leurs commerces. Certains chantent pendant que d'autres appellent les passants à venir acheter. Ils sont nombreux ceux, d'entre eux, qui ne portent pas de cache-nez. Le lavage des mains pour eux est passé aux oubliettes. Quant à la distanciation physique, il ne faut pas en parler. 

Pour cette marchande d'épices,  il y a des doutes sur la présence du coronavirus sur le territoire. « Je ne peux pas dire si le coronavirus est là ou pas. Ils n'ont fait qu''annoncer dans les radios que des personnes sont mortes de covid-19. Ils ne montrent jamais les cadavres à la télé, ni disent dans quels hôpitaux ils sont morts », a-t-elle déclaré en indiquant que « si le coronavirus était en Haïti tout le monde l'aurait attrapé ».

Tout près, une autre marchande de mangues qui soutient les propos de sa « collègue » qu’ « on vit et vend au quotidien sur des cadavres et il y a des tas d’immondices  partout, s'il y avait vraiment le coronavirus dans le pays, il n y aurait plus personne en Haïti ».

Toutefois, il y a certains détaillants qui reconnaissent la nécessité de respecter les mesures mais déclarent cependant que cela  paraît difficile. « Si le gouvernement nous exige de porter le cache-nez, on doit se plier à ses ordres. Il faut marcher selon les principes », indique ce marchand de poireaux qui dit « voir à la télé les dégâts causés par la pandémie à l'échelle internationale ».

Pour cette marchande de nourriture, il est difficile de laver ses mains constamment. Elle fait comprendre qu'elle peut seulement porter le masque lorsqu'elle sert ses clients. Pour elle, si l'État néglige les citoyens cela ne doit pas les empêcher de se protéger contre le coronavirus. Pas trop loin, il y a cette commerçante de pois qui rejette d'emblée l'injection d'un quelconque vaccin contre le virus. Sans respect des mesures, au moment de la questionner, elle informe préférer continuer de consommer du thé.

L'État et la méfiance des citoyens 

Dans les camionnettes, les bus, l'on peut observer des passagers munis de leur cache-nez et d'autres à visage découvert. Les chauffeurs soucieux que de la réussite de leur trajet ne font pas attention au respect des mesures contre la covid à l’intérieur du véhicule. Certains passagers tentent à leur manière de garder le nez et la bouche couverts tandis que d'autres préfèrent descendre leur masque au-dessous de leur menton. 

Certains chauffeurs de taxi-moto,  toutefois appellent la population à prendre au sérieux le virus dans le pays, mais accusent les autorités de tirer profit de la maladie. L’un d’entre eux signale que les huit jours de l'état d'urgence sanitaire ne sont pas suffisants pour contrer le virus, dit-il. « Pour moi, durant ces huit jours ces messieurs vont faire leur beurre», croit-il.

« La maladie n'est pas politique, mais il y a un manque de confiance de la population vis-à-vis des dirigeants. << J'invite le peuple à suivre les mesures de protection », conseille le chauffeur, avec son cache-nez autour du cou, qui annonce appliquer de son côté les règles barrières.

Plusieurs citoyens annoncent que le port du masque les empêche de bien respirer, c'est le cas de ce chauffeur, avec son cache-nez dans la poche arrière gauche, qui affirme avoir  du mal à appliquer toutes les règles de prévention et rejette du coup la possibilité de se faire vacciner. 

Le respect scrupuleux des mesures barrières pour empêcher la propagation de la covid-19 demeure jusqu'à date un défi en Haïti. Dans le transport en commun, les écoles, les marchés publics, les citoyens ont des difficultés à suivre les règles de prévention contre la pandémie, exigées par les autorités. 

Entre-temps, le dernier bilan du ministère de la santé publique et de la population (MSPP) sur la situation de la covid-19, en date du 21 mai, fait état de 131 nouveaux cas confirmés et quatre personnes décédées. Au total à 14 037 personnes sont testées positif au Covid 19 à date,  selon les chiffres du MSPP dont  292 décès de la  contre 12 509 personnes guéries.

 

 

 

Par: Juhakenson Blaise

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