PubGazetteHaiti202005

L’avocat de Stéphane Vincent demande au parquet de lui communiquer la nature des charges retenues contre son client

Stéphane Vincent

Dans une correspondance adressée au Commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, le 16 mai dernier, Me Guerby Blaise, avocat au barreau de Port-au-Prince, s’est officiellement constitué pour la défense de l’ancien directeur de la Direction de l’Immigration et de l’Émigration (DIE), Stéphane Vincent, mis en cause dans un rapport accablant de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).

Dans ce document daté du 16 mai 2025, Me Blaise demande au parquet de lui communiquer la nature et la cause des accusations portées contre son client, « dans le strict respect du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention américaine des droits de l’homme ». L’avocat rappelle que « tout accusé a droit, en pleine égalité, à être informé rapidement, dans une langue qu’il comprend, des faits qui lui sont reprochés et des raisons de son inculpation, ainsi qu'à disposer du temps nécessaire pour préparer sa défense ».

La requête de Me Blaise fait suite à la publication, le 8 mai 2025, par l’ULCC, d’un rapport explosif dans lequel des poursuites judiciaires sont recommandées à l’encontre de M. Vincent et d’anciens cadres du Centre de Réception et de Livraison des Documents d’Identité (CRLDI), notamment Lesly Saint Juste, Rubens Pauleon et Marriantha Merone. Ils sont « accusés d’abus de fonction, de détournement de biens publics et d’association de malfaiteurs. »

L’enquête menée par l’ULCC révèle qu’une série d’irrégularités graves aurait été enregistrée dans la production de 736 passeports traités entre le 23 septembre et le 25 novembre 2024, période pendant laquelle la Direction Générale des Impôts (DGI) était en grève. Ces passeports auraient été produits via un compte fictif créé au nom de Fernando Victor, alimenté par l’ancien directeur Stéphane Vincent, selon l’ULCC. Ce compte, selon les investigations, aurait permis la fabrication de documents d’identité sans paiement des timbres exigés par la DGI, causant un préjudice estimé à 3,6 millions de gourdes au Trésor public.

Toujours selon le rapport, l’ULCC a obtenu confirmation que le compte utilisateur de Fernando Victor a été créé le 10 octobre 2024 à partir du compte administrateur personnel de Stéphane Vincent. Interrogé à ce sujet, ce dernier a nié connaître Fernando Victor et a déclaré ne jamais avoir signalé de piratage de son compte, malgré des incohérences relevées lors de son audition.
Les recherches de l’ULCC ont également démontré que le NIF attribué à Fernando Victor correspond en réalité à Laurent Mardoché, et que les tentatives de demandes de passeport de Fernando Victor ont été faites avec des identifiants non valides. Malgré cela, une de ses demandes a été validée à partir de la République dominicaine.

En plus de recommander la mise en mouvement de l’action publique contre les principaux accusés, l’ULCC demande un audit financier et informatique de la DIE pour la période concernée, et recommande que la DIE ait un accès direct au portail de la DGI afin de contrôler l’authenticité des timbres en temps réel.

Dans sa requête, Me Guerby Blaise demande « expressément à être informé avant toute saisine du cabinet d’instruction, conformément à l’article 51 du code d’instruction criminelle, afin de garantir les droits à une défense équitable ». Il annonce également qu’une requête en défense, accompagnée de pièces, sera déposée dans les meilleurs délais pour contester l’opportunité des poursuites.

 

 

 

Par : Daniel Zéphyr

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