PubGazetteHaiti202005

La France a fait un très petit pas qui permet de gagner du temps, selon le CNHRR

@Le Nouvelliste

Le Comité National Haïtien des Restitutions et Réparations réagit après l'annonce du président français ce 17 avril 2025 reconnaissant l'injustice de la France envers Haïti à propos de l’ordonnance du Roi Charles X. Le comité salue « un pas dans la bonne direction », mais le juge insuffisant, dénonçant l'absence de volonté réelle de restitution. 

Le Comité National Haïtien des Restitutions et Réparations (CNHRR) n’a pas tardé à réagir à la déclaration du président Emmanuel Macron sur la reconnaissance de la dette d’indépendance imposée à Haïti en 1825. Dans une note rendue publique ce jeudi 17 avril 2025, le comité considère que le chef de l’État français a certes franchi « un pas dans la bonne direction », mais qu’il s’agit d’ « un très petit pas ». « Un petit pas temporisateur qui permet de gagner du temps (…) »

Pour le CNHRR, la reconnaissance d’une injustice ne saurait remplacer une véritable démarche de réparation. Le comité estime que « la France ne montre aucune volonté d’aborder la problématique de la restitution de manière directe et résolue ». Il rappelle qu’après « (avoir) reconnu l’esclavage comme un crime contre l’humanité, la France se refuse à réparer pour ce crime ».

Pour le CNHRR, la lutte pour la triple rançon doit se poursuive et s’intensifier en proposant « la mise en place d’une commission binationale et pluridisciplinaire, qui aborderait la question des restitutions dans toutes ses dimensions [historique, juridique, économique, morale et diplomatique, NDLR] ». Une telle initiative, selon le comité, constituerait « véritable point de départ de la justice réparatoire que nous attendons tous ».


Ce 17 avril 2025, deux siècles jour pour jour après l’ordonnance du roi Charles X imposant à Haïti une rançon de 150 millions de francs-or en échange de la reconnaissance de son indépendance, le président français Emmanuel Macron a livré une déclaration solennelle.

Il reconnaît que « cette décision plaçait alors un prix sur la liberté d’une jeune Nation qui était ainsi confrontée, dès sa constitution à la force injuste de l’histoire ». Une reconnaissance historique, accompagnée de l’annonce de la création d’une commission mixte franco-haïtienne, co-présidée par l’ancien diplomate Yves Saint-Geours et l’historienne haïtienne Gusti-Klara Gaillard Pourchet.

 Cette commission aura pour mission de revisiter deux siècles d’histoire, de proposer des recommandations et de mieux transmettre cette mémoire partagée

Cérémonie à Port-au-Prince et lancement officiel d’un comité haïtien

Par ailleurs, à Port-au-Prince, le Conseil Présidentiel de Transition a commémoré le bicentenaire de l’ordonnance de 1825 lors d’une cérémonie officielle. Le président Fritz Alphonse Jean a dénoncé la rançon imposée comme une punition historique, tandis que Leslie Voltaire a appelé à la mobilisation pour obtenir la restitution de la dette la réparation des torts causés. L’arrêté créant le Comité National Haïtien de Restitutions et Réparations, composé de 21 membres, a été lu, ainsi que la nomination de Mme Gusti-Klara Gaillard au sein de la commission mixte franco-haïtienne.

Alors que la reconnaissance de la dette d’indépendance par la France marque un tournant historique, les voix critiques, à l’image du CNHRR, insistent sur la nécessité d’aller au-delà du symbolique. Le dialogue est amorcé, mais pour beaucoup, la France ne pourra prétendre à un avenir apaisé avec Haïti sans une réponse claire à la question cruciale de la restitution et de la réparation. 

Wideberlin SENEXANT

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