PubGazetteHaiti202005

Dette de l’indépendance: Haïti appelle à « la restitution de la rançon et à la réparation des torts causés »

Conseil Président Leslie Voltaire et Président Emmanuel Macron

Deux siècles après l’ordonnance du roi Charles X reconnaissant l’indépendance d’Haïti au prix d’une rançon exorbitante, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a marqué ce jeudi, à la Villa d’Accueil, le bicentenaire de cet « cette injustice » historique en réaffirmant la demande d’Haïti : « la restitution de la dette de l’indépendance et la réparation » des préjudices subis durant l’esclavage colonial.

Entouré de plusieurs figures importantes de l’État, dont le Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, des membres de son gouvernement, le commandant en chef des Forces Armées d’Haïti, le lieutenant-général Derby Guerrier, ainsi que du directeur général a.i. de la Police nationale, Rameau Normil, le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, a retracé le lourd tribut imposé à la première République noire au monde pour avoir osé briser ses chaînes.

Selon l’économiste, cette ordonnance, publiée le 17 avril 1825, a forcé Haïti à verser de l’argent. Selon lui, cette rançon n’était rien d’autre qu’une punition, infligée à Haïti pour avoir été pionnière dans la lutte pour la liberté et les droits humains universels.

Le président du CPT a également évoqué la note officielle émanant de l’Élysée, dans laquelle le président Emmanuel Macron reconnaît, pour la première fois, la lourde indemnité infligée à Haïti.

Dans la foulée, le Conseiller-Président Leslie Voltaire a lancé un appel solennel à la communauté internationale. Il a appelé à la restitution de la rançon imposée à Haïti ainsi qu’à la réparation des torts causés par le régime esclavagiste qui a duré plusieurs siècles. « Il a également invité tous les fils et filles du pays, en Haïti comme dans la diaspora, à élever la voix pour réclamer cette restitution. Toutefois, le Conseiller-Président a indiqué avoir pris acte de la note publiée par l’Élysée à l’occasion de cette journée », rapporte une publication de la présidence. 

Quant au Secrétaire général du Conseil des ministres, M. Odilien Charles, selon le communiqué, il a lu l’arrêté officiel de la création du Comité national haïtien de restitution et de réparation. Il se compose de 21 membres et est rattaché spécialement au rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et le ministère des Affaires étrangères. « Il a également lu l’arrêté nommant Mme Gusti-Klara Gaillard, comme membre du Comité mixte franco-haïtien sur la dette », précise le communiqué.


Ce matin, Emmanuel Macron a reconnu le poids écrasant de l’« indemnité » imposée en 1825, qualifiée de « lourde charge » dans sa déclaration. Il a souligné qu’il s’agissait bel et bien d’« un prix sur la liberté d’une jeune Nation », une injustice fondatrice dont les effets se sont fait sentir sur plusieurs générations d’Haïtiens.

C’est la première fois qu’un président français en exercice évoque aussi frontalement la violence structurelle de cette charge imposée, qui a compromis dès ses débuts le développement d’Haïti. « Reconnaître la vérité de l’Histoire, c’est refuser l’oubli et l’effacement », a affirmé Emmanuel Macron.

Mais plus qu’un constat historique, cette reconnaissance a ouvert la voie à une démarche officielle : la création d’une commission mixte franco-haïtienne. Co-présidée par Yves Saint-Geours et l’historienne haïtienne Gusti-Klara Gaillard Pourchet, cette instance aura pour mission de revisiter deux siècles d’un passé tumultueux, de l’imposition de la dette à l’évolution des relations bilatérales au XXe siècle.

Cette commission « proposera aux deux gouvernements des recommandations afin d’en tirer les enseignements et construire un avenir plus apaisé ». Elle devra également œuvrer à une meilleure transmission de cette mémoire dans les deux pays.

 

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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