Dans un contexte de crise grave sécuritaire, la Chambre Américaine de Commerce AmCham Haïti a organisé, ce jeudi 13 mars 2024, une conférence-débat sur le thème « La relance économique : enjeux et perspectives ». L’événement, animé par l’économiste Etzer Émile, a réuni des intervenants de premier plan de l’économie haïtienne, dont Alfred Metellus, ministre de l’Économie et des Finances, James Monazard, ministre du Commerce et de l’Industrie, Ronald Gabriel, gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), ainsi que Pierre-Marie Boisson, économiste.
La rencontre s’est déroulée en présence du Conseil présidentiel, représenté par Laurent Saint Cyr. De plus, des représentants du secteur privé, du corps diplomatique, des agences internationales et des ONG y ont également participé afin de débattre des solutions à apporter à l’impasse économique actuelle.
Dans ce contexte difficile, la directrice exécutive de l’AmCham, Erika Rosenital, a souligné, lors d’un entretien avec le rédacteur, l’urgence d’une mobilisation collective pour favoriser une reprise économique durable. « Quels sont les secteurs prioritaires ? Comment pouvons-nous travailler ensemble à la relance économique ? Ces questions sont cruciales pour le secteur privé, particulièrement dans un contexte aussi difficile », a-t-elle affirmé.
En outre, elle a mis en avant l’importance du dialogue entre les acteurs publics et privés afin d’identifier des solutions adaptées aux réalités du pays. « Cette rencontre nous permet d’échanger sur les obstacles rencontrés et de réfléchir à des actions concrètes », a ajouté Mme Rosenital.
De son côté, l’économiste Pierre-Marie Boisson a introduit le débat en définissant les fondements d’une croissance durable. Selon lui, la relance économique repose sur deux piliers majeurs : la stimulation de la consommation et l’investissement public. « La lutte contre la pauvreté s’inscrit dans le temps long : 15, 20, voire 25 ans. Pour y parvenir, il faut investir dans les infrastructures, l’énergie et la sécurité », a-t-il précisé.
Dans cette optique, le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Metellus, a mis l’accent sur la nécessité d’un effort concerté pour sortir Haïti de six années consécutives de récession (2019-2024). « Notre objectif est d’enrayer cette spirale négative. Une croissance, même minime de 0,1 %, serait un premier signal positif », a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a rappelé l’engagement du gouvernement à réduire de moitié l’insécurité et à améliorer les conditions du commerce intérieur.
Cependant, la relance économique ne pourra se concrétiser sans un contrôle efficace de l’inflation. Sur ce point, Ronald Gabriel, gouverneur de la BRH, a détaillé les stratégies mises en œuvre par la banque centrale pour stabiliser l’économie. « L’inflation constitue un obstacle majeur à la relance. Nous avons adopté des mesures pour en limiter l’impact, mais l’insécurité persistante complique la situation », a-t-il reconnu.
Dans la même perspective, le ministre du Commerce et de l’Industrie, James Monazard, a plaidé pour une approche intégrée, combinant réformes structurelles et incitations économiques. « Redynamiser l’économie haïtienne passe par des actions concertées et des politiques adaptées aux réalités du terrain », a-t-il affirmé.
Face à ces nombreux défis, Erika Rosenital a exhorté les entrepreneurs à faire preuve de résilience et à ne pas céder au découragement:« Nous appelons les entrepreneurs à ne pas céder au découragement. La solidarité et la collaboration seront essentielles pour surmonter cette crise ».
En conclusion, si les obstacles restent nombreux, particulièrement le problème de l’insécurité, cette conférence a mis en évidence la volonté des différents acteurs de travailler ensemble à la construction d’un avenir économique plus stable pour Haïti. D’ailleurs, les échanges, initialement prévus pour deux heures, ont largement dépassé ce cadre, témoignant de l’intérêt et de l’urgence de la question.
Arnold Junior Pierre
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