PubGazetteHaiti202005

En Haïti, le taux de change est actuellement hors de contrôle 

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Depuis un certain temps, une diversité de taux est observée sur le marché des changes en Haïti. Les taux appliqués par les banques commerciales diffèrent de ceux pratiqués par les bureaux de change, les cambistes et des entreprises commerciales. En effet, les taux pour ce jeudi dans les secteurs formels et informels variaient entre 70 et 95 gourdes pour un dollar contre 75.9 gourdes affiché par la Banque de la République d’Haïti.


Le moins que l’on puisse dire, c’est que le taux de change est actuellement hors de contrôle. Il varie entre 73 et 85 gourdes pour un dollar américain sur le marché formel des changes dépendamment de l’entreprise où la transaction est effectuée. En effet, ce jeudi, certaines banques commerciales achetaient la devise américaine à 73 gourdes pour la revendre à 74 gourdes. Les maisons de change, quant à elles, pratiquent des taux qui se situent entre 78 et 85 gourdes. Sur le marché informel, des cambistes informent, pour leur part, avoir appliqué les taux de 70 gourdes à l’achat et 75 gourdes à la vente.

Cette situation est la conséquence directe de la circulaire 114-2 de la Banque de la République d’Haïti, selon l’économiste Enomy Germain. Cette mesure qui visait à réduire considérablement l’influence des acteurs informels sur le marché formel, rappelle l’analyste économique. Outre cette dimension conjoncturelle, cette situation s’explique également par des facteurs liés aux problèmes structurels de l’économie, souligne M. Germain.

Le professeur à l’Université d’Etat d’Haïti, Luné Roc Pierre Louis, interviewé par Gazette Haïti, s’est plaint de cette situation qui, fait-il remarquer, pénalise la population. Le docteur en information et communication en a profité pour fustiger la BRH qui, selon lui, n’a pas pris les mesures nécessaires pour freiner ce phénomène. Il s’agit, insiste M. Pierre-Louis, d’un désordre généralisé. 

L’agronome Pierre Valcin qui, (à titre de consommateur) a accepté de répondre aux questions du journal, explique avoir été directement victime de cette situation provoquée par la circulaire 114-2 de la BRH. « Après avoir reçu mon transfert en gourde au taux de 76 gourdes pour un dollar, je me suis rendu à une quincaillerie pour des emplettes. J’ai été contrarié de constater que les prix des biens étaient fixés au taux de 95 gourdes pour un dollar. J’ai donc été obligé de visiter une entreprise concurrente. J’ai été  encore plus étonné du fait que les prix étaient fixés à 98 gourdes pour un dollar », raconte M. Valcin estimant que la population est prise au piège par rapport à ce problème. Il se montre, lui aussi, très critique concernant l’attitude spectatrice des autorités.

Parallèlement, on assiste à une sévère rareté de la devise américaine sur le marché général des changes. A preuve, dans plusieurs succursales d’une banque commerciale de la place, les responsables ont tout bonnement décidé de ne pas vendre de dollar depuis environ une semaine.

Il faut dire que, les cambistes rencontrés, ce jeudi, par le reporter de Gazette Haïti, dénoncent la hausse progressive du taux de change qui résulte de cette rareté du dollar. Une situation qui, explique-t-ils, impacte négativement leurs affaires dans la mesure où elle exige la mobilisation de beaucoup plus de gourdes pour leurs opérations de change. Des gourdes dont ils ne disposent même pas, affirment ces agents économiques opérant dans l’informel.

 

 

 

Par Diego O. Charles

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