PubGazetteHaiti202005

Haïti-insécurité: au moins 13 massacres et attaques armées recensés depuis l'installation du CPT, selon RNDDH

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Un an après l'instauration du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Haïti s'enfonce un peu plus dans l’insécurité. Depuis le 25 avril 2024, au moins treize massacres et attaques armées majeures ont été recensés à travers le pays, selon un rapport alarmant publié par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).  


Dès la mise en place du CPT, la violence n'a cessé de s'étendre. Le rapport du RNDDH détaille une série de massacres, notamment à Gressier et Carrefour en mai 2024, à Gros Morne en juin, ainsi que dans d’autres communes durement touchées. À chaque attaque, le même scénario d'horreur : des morts par dizaines, des maisons incendiées, et des survivants traumatisés.  

Par exemple, dans la commune Gressier et à Carrefour — les deux communes gangrenées par des groupes armés — au moins 66 personnes ont été tuées ou portées disparues. En parallèle, 46 femmes et filles ont été victimes de violences sexuelles. « Ces violences laissent derrière elles des communautés entières ravagées et livrées à elles-mêmes », souligne le RNDDH dans son rapport.  


De surcroît, d'autres localités telles que Pont-Sondé, Wharf Jérémie ou encore Kenscoff ont été les théâtres de raids meurtriers. L’exemple le plus saisissant reste celui de Wharf Jérémie, où en décembre 2024, pas moins de 110 personnes auraient été exécutées sous l'influence d'un chef de gang animé par des croyances mystiques.  

En plus des attaques armées par les bandits, le pays connaît une explosion de violences sexistes et sexuelles. Entre avril 2024 et mars 2025, le RNDDH a recensé 3 792 victimes : 1 837 cas de violences sexuelles, 794 cas de violences physiques et 1 132 cas de violences économiques.  

« Cette montée en flèche de l’insécurité touche de manière disproportionnée les femmes et les filles, aggravant leur vulnérabilité dans un contexte déjà chaotique », déplore l’organisation de défense des droits humains.  

 

Face à cette situation dramatique, les actions du Conseil Présidentiel de Transition apparaissent largement inefficaces. Pourtant, l'accord politique du 3 avril 2024 prônait des objectifs clairs : restaurer la sécurité publique, mettre sur pied une commission Justice et Vérité, et créer un Conseil National de Sécurité (CNS).  

Cependant, force est de constater que peu de ces engagements ont été concrétisés. Les états d’urgence décrétés à plusieurs reprises sont restés lettre morte, faute de renforcement tangible des capacités policières ou militaires. Pire encore, le CNS, censé être l'organe de pilotage de la réponse sécuritaire, n’a jamais vu le jour, critique le RNDDH.

« La gestion actuelle de la crise donne l'impression d'une improvisation permanente, sans vision globale ni coordination efficace », analyse le réseau national de défense des droits humains.


Pour sortir de cette spirale de violence, l’organisation appelle à la mise en œuvre rapide d'une politique de sécurité cohérente, fondée sur une gestion transparente, une stratégie claire et des actions concrètes sur le terrain. Sans cela, avertit le rapport, Haïti risque de s’enfoncer encore davantage dans le chaos.  

 

 

 

Par Arnold Junior Pierre

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