
Alors que des centaines de familles vivent dans des conditions inhumaines dans des camps de déplacés à Port-au-Prince, la menace d'une épidémie de choléra devient une réalité. Le dimanche 13 avril 2025, une équipe du journal s'est rendue dans plusieurs sites d'hébergement situés rue du Fort, à Bois-Verna. Le président du site, Johnny Elisé, a confirmé à notre rédacteur l'apparition de quatre cas de choléra, dont deux enfants.
Dans un site improvisé de Bois-Verna, abritant plus d’un millier de déplacés internes, la peur d’une épidémie grandit. Ce dimanche 13 avril 2025, Johnny Elisé, le président du site, interrogé par notre rédaction, a confirmé l’apparition de quatre cas de choléra, dont deux enfants. Il affirme que la situation devient ingérable. « On a alerté les autorités sanitaires à plusieurs reprises, mais personne n’est venu. Nous sommes laissés à nous-mêmes », déclare-t-il, la voix empreinte de colère et de désespoir.
Selon ses dires, trois des malades ont pu être conduits dans un l’hôpital à Delmas grâce à l’entraide des résidents. Le quatrième, trop faible et sans moyens financiers, reste sur le site. « Avec nos maigres ressources, nous avons commencé un sérome oral pour lui éviter le pire. », a-t-il confié.
Ce camp, qui accueille environ 547 familles pour un total de 1 095 personnes, est l’un des nombreux sites de fortune qui se sont formés à Port-au-Prince à la suite des violences armées. Beaucoup de familles, comme celles venant du lycée Marie-Jeanne, ont été contraintes de fuir de site en site à cause des attaques de gangs.
Depuis plusieurs jours, des pluies torrentielles rendent la vie encore plus difficile. Le site est submergé, les tentes de fortune fuient, et l’eau stagne partout. « Les femmes ne peuvent même pas gérer leur intimité. Plusieurs risquent des infections ou souffrent déjà de démangeaisons. Ce n’est plus vivable, » alerte le président du site. Certaines familles n’ayant pas trouvé de place dans le camp ont dû s’installer sous la toiture d’une station d’essence à Carrefour Tifou.
Face à cette urgence sanitaire, la Direction Départementale Sanitaire de l’Ouest (DDSO) a été sollicitée pour transférer les personnes atteintes vers un établissement de santé. Mais selon les responsables du site, aucune équipe médicale ne s’est déplacée jusqu’à présent.
« Toutes les diarrhées ne sont pas forcément du choléra, mais ce que nous voyons ici, ce sont des diarrhées blanches, accompagnées de vomissements. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. »
Pendant ce temps, le Conseil présidentiel de transition (CPT), dirigé par Fritz Alphonse Jean, et le gouvernement restent silencieux. L’inaction des autorités alimente la colère et la peur des populations abandonnées à leur sort.
L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti communément appelé « Hôpital général », pillé et déserté dans un premier temps sous la menace des gangs a été finalement incendié. « Ce n’est plus un hôpital général, c’est devenu une zone rouge. Personne ne peut y aller », déplore un habitant de Port-au-Prince.
Arnold Junior Pierre
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