PubGazetteHaiti202005

Le RNDDH exige la destitution de Jean Ernest Muscadin, commissaire du gouvernement de Miragoane

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Dans une lettre ouverte adressée à la Ministre a.i de la Justice et de la Sécurité Publique le 21 décembre dernier, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a exigé la révocation du commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Miragoane Jean Ernest Muscadin. Le RNDDH évoque des faits pour lesquels le chef du parquet doit être rapidement « destitué ».

Les avis sont divergents quant au sort qui doit être réservé au commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Miragoane Jean Ernest Muscadin. Si certains demandent plus de moyens pour permettre à Muscadin de poursuivre sa « guerre contre les bandits » dans les Nippes, d’autres estiment que ce dernier doit être « destitué ». C’est la position du RNDDH et il l’a clairement fait savoir dans une correspondance adressée à la garde des sceaux de la République. 

Le RNDDH rappelle pour la ministre que, dans la nuit du 12 au 13 décembre 2023, Muscadin s'est rendu dans la juridiction de première instance des Cayes dans l'objectif de traquer le chef de gang de Mariani, Beliose LOUIS-JEUNE alias Boutba, qui, selon les dires du magistrat, s'était rendu à Port-Salut en vue d'assister aux funérailles d'un proche. Selon Muscadin, précise le RNDDH, Beliose LOUIS-JEUNE alias Boutba logeait au Titanic Hôtel connu encore sous le nom de Kay Madan Bonèl et appartenant à Charles Didier SAINT JUSTE.

« Toujours selon le magistrat Jean Ernest MUSCADIN, à l'hôtel susmentionné, des échanges de tirs ont été enregistrés et, les bandits qu'ils traquaient ont pu s'enfuir avec l'aide du propriétaire de l'hôtel, qu'il a accusé de les avoir cachés avant de faciliter leur fuite », poursuit le RNDDH qui souligne que « Maître Ronald RICHMOND, offusqué de n'avoir pas été informé de l'intervention du magistrat Jean Ernest MUSCADIN dans sa juridiction, le lui a reproché. Et, à la surprise générale, il s'est rendu par la suite à l'hôtel susmentionné en vue de questionner le propriétaire sur la présence des bandits armés et a publié l'enregistrement de son entrevue. »

Après cela, une bataille médiatique a éclaté entre les deux commissaires du gouvernement. Ce qui leur a valu une lettre de blâme chacun. Cependant, selon le RNDDH, il ne fallait pas qu’une simple lettre de blâme à Muscadin car « c'est depuis 2022 que ce magistrat s'est attribué les missions de traquer et d'exécuter des personnes qu'il présente comme étant impliquées dans des actes de grand banditisme ». « Elles sont en effet nombreuses les exécutions sommaires qu'il a perpétrées, souvent après avoir soumis les victimes à des interrogatoires tout aussi sommaires », révèle le RNDDH.

L’institution dit avoir monitoré au moins dix cas où Jean Ernest Muscadin « exécute les personnes et les présente comme des membres de gang ». Le dernier cas, selon le RNDDH, est survenu le 6 novembre 2023 où le magistrat Jean Ernest MUSCADIN a exécuté Alain DORMEILLE, un jeune hougan né le 9 décembre 1993 et qui vivait à Léogane.

Sur ce dernier cas, le RNDDH informe que la victime Alain DORMEILLE se trouvait, le jour de son exécution, à bord d'un véhicule de marque Toyota Hilux en compagnie de dix-huit (18) personnes dont deux (2) enfants.

« A Morne-Moussignac, le chauffeur a été sommé de s'arrêter. Le magistrat Jean Ernest MUSCADIN s'est alors approché du véhicule et après avoir regardé dans son téléphone, il s'est directement adressé à Alain DORMEILLE, lui demandant de confirmer son identité, son lieu de résidence et ses activités. Le magistrat lui a alors ordonné de descendre du véhicule et de se retourner. Il lui a administré plusieurs balles, en présence de tous les autres passagers. Par la suite, le magistrat MUSCADIN a présenté la victime comme étant un hougan impliqué dans le trafic d'organes et affilié au gang des 400 Mawozo opérant à la Croix-des-Bouquets et aux membres duquel il fournit protection mystique contre les balles létales », explique le RNDDH.

Dans cette correspondance, le RNDDH rappelle qu'Haïti, à côté du Code pénal en vigueur, a ratifié en date du 19 avril 2011, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et  signé le protocole additionnel à cette convention visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants.

Par conséquent, le RNDDH estime que Jean Ernest MUSCADIN ne peut donc à lui seul, « effacer tout un système juridique mis en place et justifier son comportement anti-déontologique par sa volonté questionnable - d'établir l'ordre et la sécurité dans la juridiction de Miragoâne. »

Contrairement à la Ministre qui a donné une lettre de blâme à Muscadin en évoquant « le caractère illégal des actions posées par le magistrat Jean Ernest MUSCADIN, les plaintes reçues par le ministère », le RNDDH croit que ces raisons valent la destitution de Muscadin de son poste de commissaire du gouvernement.

Par ailleurs, le Réseau croit que les actions de Muscadin doivent être passées au crible et  que « les violations faites par ce dernier doivent faire l'objet d'enquêtes sérieuses » et que « ses hommes de main » doivent être aussi visés.

La lettre du RNDDH contre Muscadin suscite la colère d’une bonne partie de la population haïtienne sur les réseaux sociaux. Ces citoyens soutiennent les actions du commissaire de Miragoane qui, disent-ils, protège toute la région Sud des exactions des bandits armés.
 

 

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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