PubGazetteHaiti202005

Audition de Ariel Henry en sa Résidence Officielle à Musseau : « c’est une honte pour la justice», dénonce Pierre Espérance

Pierre Espérance, directeur exécutif RNDDH

Dans une entrevue accordée à la rédaction de Gazette Haïti News ce mardi 26 décembre 2023, le Directeur Exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) Pierre Espérance a qualifié de « honte pour la justice haïtienne » l’action du juge instructeur qui s’est déplacé pour auditionner Ariel Henry et d'autres membres de l'équipe au pouvoir à la Primature.


Des voix s’élèvent après l’audition en catimini du premier ministre Ariel Henry et de certains de ses collaborateurs en sa résidence officielle à Musseau. L’information sur le lieu où s’est déroulée l’instruction n’est pas officiellement communiquée au public mais ce qui est certain, le juge instructeur Walther Wesser Voltaire s’est déplacé pour auditionner le premier ministre. D'ailleurs, le communiqué du Ministère de la Culture et de la Communication, l’indiquent subtilement. 


« A partir de ce qui s’est produit où le juge s’est déplacé pour auditionner trois hauts responsables de l’Etat dont Ariel Henry et Josué Pierre Louis, il n’y aura plus d’instruction. A moins que le juge puisse se ressaisir, ce qui se serait impossible vu l'ampleur des dégâts causés », lâche d’entrée de jeu Pierre Espérance très remonté par cette manière de procéder du juge Voltaire.


L’essence du point de vue du Directeur Exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) Pierre Espérance se base sur le fait que, selon lui, l’ordonnance du juge indiquait clairement qu’il revenait aux grands commis de l’Etat de défiler au cabinet d’instruction et non lui qui avait à se déplacer. « Dans son ordonnance, il avait demandé au commissaire du gouvernement de prendre toutes les dispositions pour ramener les fonctionnaires à son cabinet pour audition. Il n’avait pas dit que c’est lui qui aurait à se déplacer car la loi ne le lui permet pas », commente Pierre Espérance. 

Selon le militant des droits humains qui évoque « l’égalité des citoyens devant la loi bien inscrite dans la constitution 1987 amendée », les grands commis de l’Etat jouissent du même droit que les simples citoyens et qu’exemption n’est pas faite pour les grands commis de l’Etat. Il évoque toutefois des cas de jurisprudence où des grands commis de l’Etat se sont présentés au cabinet d’instruction dans le cadre d’une enquête.

« C’est une honte pour la justice haïtienne. Encore une fois, cela montre que l’équipe au pouvoir n’a aucun respect pour la justice haïtienne. Elle ne facilite pas l’indépendance du pouvoir judiciaire. Elle se met au-dessus de la loi. Cela a tout l’air d’un arrangement », s’indigne Pierre Espérance. 

D’après le responsable du RNDDH, cette situation peut créer un mauvais précédent car certains justiciables peuvent, dit-il, exiger qu’ils soient entendus chez eux ou à leurs bureaux.  «  Si le juge voudrait m'auditionner à nouveau dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Jovenel Moïse, il le fera soit à mon bureau, à mon domicile, dans un super marché ou un bar, bref dans un lieu que je fixerai moi-même », avertit le défenseur des droits de l'homme, croyant que c’est toute la justice haïtienne « qui a pris une gifle ». Ces propos de Pierre Espérance ont été repris lors d'une intervention à l'émission " Le Rendez-Vous avec Volcy Assad" ce mercredi 27 Décembre 2023 

Ce qui s'est passé n'est profitable ni au juge ni aux membres du gouvernements qui ont accepté de jouer ce jeu, dit-il. Selon lui, ils ne sortiront pas grandis de cette affaire. 

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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