PubGazetteHaiti202005

Haiti/ Culture:- « Savalou », le premier titre de « Zafèm »: Dener Ceide et Reginald Cangé sont en mission.

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PORT-AU-PRINCE, le 18 Octobre 2019
(www.gazettehaiti)

 

Après des mois d’attente, « Zafem » le nouveau groupe de Dener Ceide et de Reginald Cangé se dévoile enfin. Il y a une une semaine, le teaser du clip de leur tout premier morceau «  Savalou » était lancé. Les premières notes semblaient déjà, à en croire de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, satisfaire le goût du public, visiblement impatient de découvrir la chanson dans son intégralité. 

C’est fait! Le clip est sorti jeudi 17 octobre 2019, date importante marquant le 213e anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, le Père fondateur de la Patrie.
Le fait par Dener Ceide et de Reginald Cangé de choisir cette date pour la sortie officielle du morceau ne peut pas paraître anodin. Ils veulent, à côté de l’aspect purement musical de leur projet, donner une portée historique, civique à l’événement. Et ils le disent clairement: « nou gon w misyon », « Nous avons une mission, en français ». Par cette chanson au message hautement engagé, ils décident de toucher la plaie du doigt.

Comme un cri de colère :

« Sispann jwe ak peyi a ( jwe ak peyi a )
Sa nou wè yo bay dlo nan je 
Sispann jwe ak peyi a ( o jwe ak peyi a)
Lavi moun se yon bagay serye
»

Une charge contre l’irresponsabilité de l’Etat devant le désespoir des citoyens, « Savalou » est l’expression parlante des conditions exécrables de vie d’une bonne partie de la population dans les ghettos, condamnée à la misère, à l’exclusion et livrée au « gangstérisme planifié », avec des images fidèles aux paroles du texte où l’on voit les deux chanteurs au fin fond des bidonvilles constatant eux-mêmes l’ampleur des dégâts:

« Nan bidonvil pep ayisyen ap viv an egzil nan pwòp peyil 
Otorite ou paka pran pwòp pèp ou kòm ènmiw
(Ou la Pou sèvil)
».

La chanson décrit ou dénonce une société corrompue où les autorités, pendant qu’ils s’enrichissent, sont volontairement aveugles devant la situation inhumaine des pauvres, une société où la justice condamne les faibles mais protège les « privilégiés »:

« La jistis toujou prese pou trase legzanp sou malere 
Men mèt afè ap byen sikile men se yo ki gwo privilejye 
Yo fin pran épi ale san yo pa negosye
Peyi sila ap viv tankou yon òfelen
Nan mitan yon bann gwo je
».

Un appel à l’engagement, au réveil et une prise de conscience citoyenne, au patriotisme, des paroles qui arrivent à point nommé dans un contexte socio-politique extrêmement difficile et qui cadrent parfaitement avec la remise en question du statu quo par des forces vives du pays, particulièrement les jeunes.

« Savalou », 
Un cri de révolte de Dener Ceide et de Reginald Cangé face à l’exclusion, au banditisme programmé, à l’injustice, etc, contrairement aux vœux de nos aïeux, ceux qui ont combattu pour nous laisser une patrie:

« Ewo nou yo pat travay pou sa !». Quel bel hommage rendu à Dessalines assassiné à cause de son idéal! 

Zafèm se lance dans l’arène! Déjà les premières réactions sont très positives. Côté arrangement, rien à dire. Tout le monde reconnaît la qualité vocale ces deux chanteurs sur ce premier titre. L’attente du public est tout à fait justifié, en attendant la sortie de l’album.

C’est une bonne nouvelle pour les mélomanes, ceux et celles qui souffraient de l’absence de Reginald Cangé, cet excellent chanteur sur la scène musicale haïtienne. Victime de rumeurs des plus folles, le voir de retour avec la même vigueur d’antan ne peut faire que du bien à ses nombreux fans. 

Une bonne nouvelle pour ceux et celles qui rêvaient de vivre pleinement le talent de Dener Ceide, cet excellent guitariste, chanteur, auteur-compositeur, producteur, dont le génie est salué par les meilleurs professionnels du milieu. 
On sait toutefois que ce ne sera pas une partie facile avec tous les problèmes que l’on connaît ( Droit d’auteur, piratage, boycott, management, conflits d’égo, etc.). Les deux artistes, en plus d’être liés par une amitié de longue date, en sont sûrement conscients pour avoir déjà fait des expériences dans ou avec d’autres formations musicales. Ils ont dû en tirer des enseignements leur permettant de contourner certains obstacles. Et Ils sont censés savoir que quelque soit le domaine ( musique, sport, etc.), le talent, sans la discipline, ne conduira pas vers le chemin du succès. 

Tout ce que l’on souhaite, c’est que la musique haïtienne puisse tirer le meilleur de cette belle aventure qui s’annonce avec « ZAFÈM ».


Albert-Edner Georges

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