October
15
/ 2019
PORT-AU-PRINCE, le 15 Octobre 2019
(www.gazettehaiti)
« Si la population exigeait ma démission, je ne pourrais tenir cette Conférence de presse aujourd’hui au Palais National ». C'est la réponse de Jovenel Moise aux Journalistes présents au Palais National ce mardi 15 Octobre le questionnant sur sa décision de quitter ou non le pouvoir face à la montée grandissante de la mobilisation populaire.
Le Président de la République qui rejette toute idée de démissionner accuse ce qu'il appelle « les gardiens et héritiers du système » qu'il dit vouloir combattre d'être derrière les mouvements de rue. Il déclare être l'objet la cible de certaines personnes dont les juteux contrats ont été résiliés par son administration. Sans citer de noms, Jovenel Moise a pris en exemple des contrats relatifs á l'énergie électrique, le curage des canaux, la reconstruction de l'aéroport et la surveillance des frontières.
A la question du Journaliste Robenson Géffrard de Magik 9 demandant au Président de citer les noms de « ces gardiens du système » qui l'empêchent de faire le changement promis, il répond « Suivez mon regard » tout en pointant du doigt ceux qui bénéficient « des prêts mirobolants à l'ONA et des contrats dans le secteur énergétique ». On pourrait déduire qu’il s’agit des hommes d’affaires Dr Reginald Boulos, son ancien supporteur, désormais passé dans l’opposition et de Dimitri Vorbe de la compagnie Sogener.
Le Président dit entendre la voix du peuple qui selon lui ne demande que l'amélioration de ses conditions de vie. « Ce serait irreponsable de ma part si je venais à démissionner de mon poste », a répondu Jovenel Moise aux questions des journalistes.
Il s'en est également plaint de n'avoir pas pu monter un gouvernement alors qu'il controle le Parlement dans ses deux chambres. Jovenel Moise a rappelé que la Chambre basse avait renvoyé l'ex Premier Ministre Jean Henry Céant et depuis 7 mois il n'est pas parvenu à le remplacer comme s'il n'y était pour rien.
Quand le Journaliste de Radio Kiskeya Vladimir Ridoré lui demande pourquoi veut-il à tout prix se maintenir au pouvoir malgré une désapprobation quasi-totale des forces vives de la nation et du soulèvement généralisé contre son pouvoir depuis maintenant cinq semaines,
Jovenel Moise a tout simplement minimisé les mouvements de protestation enclenchés contre lui un peu partout dans le pays. Il a répondu en ces termes :
"Si Rache manyòk t ka ede chanje peyi a nou tap lwen deja ", a lancé le Président qui rappelle á l'opposition qu'il bénéficie d'une légitimité populaire et qu'il remettra le pouvoir au peuple lors des élections.
Il affirme au contraire que son gouvernement travaille et aurait déjà pris un ensemble de mesures pour faire fonctionner le pays alors que toutes les activités du pays sont bloquées. En termes d'initiatives, il a cité les restaurants communautaires qui commenceraient à fonctionner et des dispositions en matière de sécurité publique. Concernant la réouverture de l’école, Jovenel Moise n'était même pas en mesure de donner de garantie.
Jovenel Moise s'est par ailleurs félicité de la création de plusieurs commissions en vue de résoudre la crise. Une fois de plus, il croit que « seul à travers un dialogue où tous les sujets seront abordés, on parviendra à une solution ». Comme pour montrer sa volonté de dialoguer, il a pris en exemple plusieurs pays en crise dont « la France, Yémen, l'Algérie et l'Equateur qui, en dépit des contestations, choissent de dialoguer ».
La réaction de la population ne s'est pas fait attendre. Un peu partout dans le pays, des barricades de pneus enflammés ont été immédiatement érigés. Une Conférence de presse qui visiblement jette de l'huile sur le feu.
Le 17 Octobre l'opposition annonce la tenue d'une méga manifestation pour signifier à Jovenel Moise qu'il ne pourra pas se maintenir au pouvoir avant que les artistes reviennent à la charge dimanche prochain.
La Gazette
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