Haiti/Politique:- L’opposition haïtienne maintient Jovenel Moïse au pouvoir, pas le Core Group, selon l'analyste politique Hugues Montoban

PORT-AU-PRINCE, Le 2 Octobre2019

(www.gazettehaiti)

Mes compatriotes de l’opposition, si vous n’avez pas le courage de Dessalines de mener ce combat politique, je vous conseille de céder la place à la jeunesse et aux masses populaires haïtiennes; elles sauront quoi faire. 
Ce ne sont pas toujours les grandes études universitaires qui déterminent cette dimension de grandeur d’âme. C’est plutôt le courage et l’amour pour le bien, la justice, la dignité, l’intégrité, son peuple, son pays ainsi que la croyance dans ses valeurs personnelles a écrit Hugues Montoban.

In Extenso

Je ne comprends pas pourquoi les politiciens haïtiens ont une peur bleue des diplomates étrangers accrédités en Haïti. Dans d’autres pays, la réalité est différente. Citons le Rwanda et le Vénézuela par example, les diplomates connaissent leur rôle ainsi que leurs limites. Au Kénya, même Barack Obama en tournée officielle comme Président des États-Unis a été mis à sa place par le Président kényan concernant le mariage des homosexuels. 
Cependant, quand un diplomate vient en Haïti, il devient roi. 

Certains parlent des séquelles de l’esclavage pour justifier cette réalité liée à l’environnement politique haïtien.
Le politicien haïtien a toujours besoin de l’approbation de l’étranger pour se sentir confortable dans ses mouvements et actions. 

En 2004, les tenants de l’opposition d’alors contre Aristide n’avaient peur de personne. Car le blanc était avec eux. Ce qui me pousse à penser qu’on peut être libre physiquement mais on peut ne pas être libre totalement si on n’est pas libre mentalement.

Je prends l’exemple suivant pour étayer ma thèse:

Les tenants de l’opposition actuelle n’ont pas peur de Jovenel Moïse mais ils ne veulent pas offenser le Core Group qui le supporte officiellement. C’est vrai que Jovenel Moïse n’a aucune légitimité et qu’il est définitivement l’expression du cynisme et de la honte. Cependant, bien qu’ils ne veuillent pas de lui mais ils respectent ses patrons pour qui il travaille. 

C’est peut-être la raison pour laquelle les diplomates étrangers se comportent en seigneurs en Haïti et comme des brebis quand ils sont ailleurs. C’est ce déficit mental par rapport au blanc affiché par les politiciens haïtiens qui permet au Core Group de se substituer au peuple haïtien ou du moins à la volonté de la majorité populaire. 

Je prends un autre example.

Président Nixon avait un mandat de quatre ans comme tous les autres présidents américains. Pourtant, pour violation des lois américaines, il avait été contraint de démissionner avant la fin de ce même mandat. 

Pourquoi les officiels américains n’avaient-ils pas choisi de négocier avec Président Nixon quand celui-ci avait aussi un mandat présidentiel?

Cependant, Jovenel Moïse étant épinglé pour corruption par la Cour Supérieure des Comptes, le Core Group exige l’opposition de négocier avec lui. 

Pourquoi?

La réponse est que, peut-être, le mot “démocratie” ne s’écrit pas de la même façon dans les autres pays comme Haïti.

Je n’y crois pas. 

Cependant, il est clair que les représentants du Core Group n’auraient jamais accepté Jovenel Moïse comme Président dans leur pays, une fois, épinglé dans des scandales de corruption. 

Pourquoi le Core Group dans toute cette histoire d’un pays indépendant?
Autrement dit, si le peuple haïtien est le seul souverain, pourquoi doit-on avoir besoin de l’adhésion du Core Group pour approuver le départ de Jovenel Moïse du pouvoir?
La réponse est simple. Le politicien haïtien est un handicapé mental au rang d’un esclave moderne dont il ne se rend même pas compte.

C’est clair, si Dessalines était encore là, il ne l’aurait pas fait ainsi. 

Dessalines n’aurait jamais sollicité l’adhésion de Rochambeau pour mettre fin à l’esclavage et proclamer la liberté générale des noirs à St Domingue... 

Jamais!

De toute façon, il ne l’avait pas fait. Et
s’il l’avait demandée, il ne l”aurait pas reçue non plus de Rochambeau.

“La liberté ne se donne pas, elle se prend”, disait l’autre...

Je peux comprendre pourquoi Dessalines avait un tel comportement. Il était avant tout un homme libre mentalement.

Dessalines avait compris qu’il n’avait besoin de l’adhésion de personne pour défendre, au péril de sa vie, une cause 
noble.

Finalement, qui sont sont les ennemis d’Haiti?

Je connais les ennemis d’Haiti. De toute façon, ce n’est pas le Core Group. Les ennemis d’Haiti sont la peur, le doute et l’absence d’estime de soi qui animent nos cœurs et qui conditionnent nos pensées. Voilà pourquoi Dessalines reste et demeure le leader par excellence.

Dessalines n’avait peur de rien. Il était certain de la justesse et de la réussite de la cause qu’il défendait. Il connaissait ses valeurs et ses habiletés. Il n’attendait rien de personne. Il savait qu’il devait lutter pour son destin et celui de ses pairs.
Il n’avait besoin l’adhésion de personne. Voilà un peu de ce qui faisait sa force et sa réussite. 

Le peuple haïtien détient cette grande dimension extraordinaire et comprend le jeu politique, social et économique à l’instar de Dessalines. Mais les tenants de l’opposition obstruent les couloirs de la bonne stratégie qui doivent mener à la réussite. Ils sont les limites de la réussite du mouvement politique et populaire. Car la peur, le doute et l’absence d’estime de soi conditionnent leurs pensées. 

Mes compatriotes de l’opposition, si vous n’avez pas le courage de Dessalines de mener ce combat politique, je vous conseille de céder la place à la jeunesse et aux masses populaires haïtiennes; elles sauront quoi faire. 
Ce ne sont pas toujours les grandes études universitaires qui déterminent cette dimension de grandeur d’âme. C’est plutôt le courage et l’amour pour le bien, la justice, la dignité, l’intégrité, son peuple, son pays ainsi que la croyance dans ses valeurs personnelles.
Voilà pourquoi il s’appelle Dessalines, le Grand... Il avait toutes ces dimensions et, le plus important, il croyait les avoir eues. Autrement dit, 
il se croyait un être total à part entière.

J’aimerais conclure avec cette phrase de l’ancienne Secrétaire d’Éfat Madeleine Albright qu’elle a prononcée pendant son passage en Haïti sous la présidence de René Préval (1ère version): “ Les États-Unis n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts”. 
Donc, ce n’est pas un cadeau que le Core Group supporte la présidence de Jovenel Moïse. 
Ce n’est pas par mauvaise foi que le peuple haïtien déteste Jovenel Moïse. 
Tout est une question d’intérêt.

Jovenel Moïse travaille-t-il pour le Core Group ou pour le peuple haïtien?

À vous de répondre maintenant.

Hugues Montoban, BLS, MPA
Analyste Politique

La Gazette