PubGazetteHaiti202005

Haïti-Politique: Les artistes Izolan, Bricks de Barikad Crew et Kebert Bastien « KEB » à la tête d’une marche pour dire « non à la dictature »

Une vue de la marche à Nazon

A l'appel des étudiants et de plusieurs artistes, une foule d'opposants au pouvoir ont marché pacifiquement dans les rues de la zone métropolitaine ce dimanche 21 février 2021 pour réclamer à nouveau le départ de Jovenel Moïse. Réuni en face de l'Eglise St Anne, le groupe de manifestants emmenés par deux artistes de Barikad Crew ( Izolan et Bricks) a parcouru plusieurs rues du centre ville avant de rejoindre les étudiants devant la faculté de l'Ethnologie. Et La foule se renforçait. Les protestaires, plusieurs centaines au début, ont pris la direction du Carrefour de l'Aéoroport où les attendaient un groupe de manifestants, qui dèjà, créaient la panique sur la route de Delmas.

Cette fois, plusieurs milliers, les manifestants sur la route de Delmas ont continué à appeler Jovenel Moïse à quitter le Palais National.

Sur les pancartes des manifestants, on  pouvait lire « Nou pap obeyi ak diktatè; lè a rive pou yo mare Jovenel Moïse diktatè; nou deklare madam Lalim pèsona nongrata ».

Jean Léonard Tout-Puissant « Izolan » et son équipe ont gagné les rues non seulement pour dénoncer les persécutions politiques dont est victime Youri Chévry ancien manager de Barikad Crew et mais aussi pour dire « non au retour à la dictature ». Le rappeur très populaire, qui durant toute la marche avait en main une photo de l'ex maire, dénonce une tentative du pouvoir voulant l'associer à des actes de banditisme à l'Archaie, sa ville natale. Izolan accusé de financer le mouvement de l'opposition à l'Archaïe ne comprend pas pourquoi cela constituerait une infraction, « si les autorités, elles aussi financent leurs partisans ».

L'autre rappeur du groupe Barikad Crew, Bricks, de son vrai nom Semerveil Edner Junior, a aussi payé de sa présence. Ce dernier a déclaré que « le mandat de Jovenel Moïse est terminé et qu'il devra partir ».

Sur tout le parcours de la manifestation qui se voulait au début pacifique, des barricades de pneus enflammés étaient érigées sur plusieurs artères de la capitale. 

Se disant convaincus de la volonté dictatoriale de Jovenel Moïse, qui s'accroche au pouvoir alors que son mandat constitutionnel, selon ses opposants a pris fin, le 7 février 2021, les protestataires visiblement déterminés ont déclaré qu'ils ne comptaient pas baisser pavillon. Ce dimanche encore, au carrefour de Delmas 32, ils ont affronté à coup de pierres les forces de l'ordre qui les ont empêchés à l'aide d'un barrage de longer la route de Delmas. Les policiers ont non-seulement retourné les pierres contre les manifestants mais ont aussi fait usage de gaz lacrymogène et des canons à eau. 

La manifestation a finalement bifurqué à Delmas 32, est descendue sur Bourdon en petit groupe avant d'atteindre le Champs de Mars qui allait se transformer durant des heures en un véritable champs de bataille entre des militants et les agents de l'UDMO. 

Agacés par les protestataires, sur chaque petit regroupement d'individus, les agents de la PNH se sont mis à lancer des gaz lacrymogènes. Entre place Petion et Christophe, de 2h 14 à 2h 28, on pouvait entendre le son des tirs des
gaz et de balles réelles. Les marchands des boissons gazeuses, de nourriture n’avaient pas d’autre choix que de vider les lieux. Dans la foulée, on rapporte qu'un policier aurait perdu son arme de poing au moment d'affronter les militants politiques qui ont tenu tête jusqu’à la dernière minute.

Durant tout le parcours, les manifestants n’ont pas cessé d'entonner des chansons qui traduisent leur rancœur envers le régime en place. Parmi elles, celle du Chanteur Kebert Bastien, KEB, "Jovenel se volè w ye", présent sur le béton. Ils ont traversé la route de Martin Lutter King sans encombre, en chantant, dansant, et tout en proférant des injures à l'encontre de la communauté internationale, et de Jovenel Moïse.


Des leaders et militants politiques comme le professeur Josué Merilien, Etzer Jean Louis, Abel Lorestan, et Muraille Jean Myrtho ont été remarqués dans la marche. Ce dernier fait savoir, qu'il faut déloger Jovenel Moïse dont son mandat, selon lui, a pris fin le 7 février. « Il doit quitter le pouvoir et nous sommes munis d'une corde, n'importe où nous le croiserons Moïse, nous l’arrêterons », a balancé le journaliste/militant  de la radio télé Zénith.
Lorestan et Etzer Jean-Louis, deux responsables de l'Ensemble des organisations politiques de l'opposition pour leur part, ont indiqué que « le pays ne doit plus retourner à  la dictature ».  Abel Lorestan conclut que  « Jovenel Moïse n'est pas plus puissant que les Duvalier et il va devoir plier à la volonté populaire ».


Aucun incident majeur n'est à déplorer jusqu’à présent. Entretemps, une autre journée de manifestation s'annonce pour le lundi 21 février. Les motocyclisytes entendent gagner les rues pour dénoncer l'assassinat de l'un des leurs « par la base proche du pouvoir emmenée par l'ex policier connu sous le nom de Tigrèg » à Delmas 95 lors de la dernière manifestation de l'opposition. Dimanche prochain, ce sera le tour du secteur protestant qui manifestera pour réclamer le départ de Jovenel  Moïse. D'ailleurs, l'un des instigateurs de cette initiative, le pasteur Gérald Bataille a fait une brêve apparition au Carrefour de l'Aéoroport en guise de soutien à la marche contre la dictature. 

Danny Shaw un américain qui enseigne les études d'Amérique latine et des Caraïbes et la race, l'ethnicité, le genre... à la City University de New York était aussi remarqué dans la manifestation. Drapé du bicolore haïtien, l'ancien boxeur voulait lui aussi se solidariser et dire « non à la dictature ».

Il est un boxeur Golden Gloves, combattant deux fois au Madison Square Garden pour le championnat des poids lourds de New York.

 

 

 

Par Gazette Haïti

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