Port-au-Prince, le Samedi 1er Septembre 2018
(www.gazettehaiti.com)
Par Roody Stanley Pen
La difficile cohabitation
Parmi une panoplie de noms qui circulaient pour le choix du prochain Premier ministre, après le cuisant échec du Dr Jack Guy Lafontant dont la gestion est caractérisée selon plus d'un par son mutisme béant et son inefficacité la plus insultante, le président de la République – Jovenel Moise – a jeté son dévolu sur le notaire Jean Henri CEANT.
Trois semaines plus tard, avec son Arrêté en main, personne n’a toujours pas connaissance du nouveau cabinet ministériel. C’est pour la première fois, de toute l’histoire du pays, qu’un Premier ministre a pris autant de temps pour monter sont cabinet ministériel. Mais on pourrait se dire : Pourquoi tout ce temps ? Le pays serait-il en pane de professionnels ? Serions-nous dans l’embarras du choix parce que les personnalités, les noms qui sont sur la table seraient tous tellement importants et compétents, qu’on aurait du mal à faire des choix ? Pour ne pas nous arrêter là, on pourrait aussi se dire : peut-être qu’il y ait un malaise. On ne sait jamais. Rien ne dit qu’il n’y aurait pas « des mains » qui, opposées, sournoisement tireraient les ficelles pour le contrôle de la situation. Une sorte de guerre, entre grands, gentiment, pour des « postes », des « privilèges », pendant que le pays reste bloqué par leur insouciance.
J’ai comme l’impression que ceux qui nous dirigent n’ont conscience de l’ampleur de la déception du peuple haïtien, qui a été en partie manifestée les 6 et 7 juillet dernier et qui a failli, comme puissant ouragan, tout emporter sur son passage, et le Gouvernement et le Président de la République, mais ce dernier a été sauve de justesse. Comme un enfant jouant avec des allumettes dans une poudrière, le jeu qui se joue derrière les rideaux, en ce moment, est aussi dangereux qu’une centrale nucléaire. Quelque part, l’obsession de tout avoir, pourrait conduire à tout perdre. Tout.
Je pense encore à cette interview d’Assad Volcy sur Télé Métropole présentant sa proposition de cohabitation, le conseil le plus judicieux qu’un acteur de l’opposition pourrait donner à son adversaire, dans un contexte politique où une bonne frange de l’opposition réclame déjà purement et simplement son départ. De quoi a-t-on peur ? De qui a-t-on peur ? Doit-on avoir peur ?
Roudy Stanley PENN
La Gazette
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