PubGazetteHaiti202005

La FJKL critique le fait que les mesures appropriées n'ont pas été prises pour empêcher la propagation de la COVID-19 dans les prisons et les commissariats

Photo credit: FJKL logo


La Fondasyon Je Klere, FJKL, a réalisé au cours du mois de juin des activités de sensibilisation à la Covid-19 et procédé à la distribution de kits hygiéniques au sous-Commissariat du Marché Salomon et dans les prisons de la Croix-des-Bouquets et de Cabaret. Il s’agissait de sensibiliser les agents pénitentiaires et de la PNH ainsi que les détenus sur la dangerosité de la COVID-19. Une façon aussi de lutter contre la stigmatisation envers les détenus-es et les agents pénitentiaires dans l’univers carcéral haïtien, selon la Directrice Exécutive de la Fondation, Marie Yolène Gilles.


Cette série de visites a permis aux responsables de la Fondation Je Klere de constater que les centres d’incarcération et les commissariats de police demeurent sous équipés et exposés à la propagation de la pandémie. « La situation sanitaire constatée dans les espaces visités témoigne de l’absence de volonté réelle de la part des responsables à lutter contre la propagation de la pandémie dans les prisons et les commissariats de police ». A la prison civile de la Croix-des-Bouquets, par exemple, la situation est alarmante, regrette Marie Yolène Gilles.

« Insalubrité, absence d’eau pour se laver, insuffisance de nourritures et absence de soins de santé, problèmes cuisants de détentions illégales prolongées, lenteur dans le traitement des dossiers au niveau de la justice, absence de mesures élémentaires de protection à la Covid-19 comme la disponibilité en eau chlorée », c’est ce qui caractérise ce centre carcéral dans le contexte de la COVID-19, explique Mme Gilles. Pire, aucun traitement approprié n’a été accordé aux détenus atteints du Coronavirus à la prison civile de la Croix-des-Bouquets, dénonce Marie Yolène Gille.

La situation est différente à la prison de Cabaret qui accueille exclusivement des femmes et des filles, ont constaté les enquêteurs de la FJKL qui ont également distribué des kits hygiéniques dans le cadre de leur travail. L’espace carcéral est propre et les détenues sont dans une situation hygiénique acceptable. Si les détenues ne se plaignent pas de problèmes de nourritures et de soins de santé notamment, cependant, elles critiquent la lenteur dans le traitement de leur dossier judiciaire. « Les dossiers n’avancent pas. La détention préventive prolongée constitue notre plus grand souci », ont-elles expliqué.

Ce travail a également permis de constater qu’aucune mesure appropriée n’a été prise par les autorités compétentes pour protéger les policiers du Sous-commissariat du Marché Salomon. A ce poste de police, le port du masque est loin d’être un réflexe chez les agents. Lors de la visite, le chef de poste ne portait pas de masque, le responsable de la Garde à vue non plus, ni aucune des policières rencontrées sur place alors que l’adjoint au chef de poste était testé positif à la Covid-19 et hospitalisé depuis cinq jours, a-t-il été rapporté aux animateurs-trices de la FJKL. Aussi, les lieux n’ont pas été désinfectés et la situation sanitaire laissait à désirer.

Les officiers de police rencontrés ont fait état de leurs frustrations concernant leurs conditions de fonctionnement dans le contexte de la COVID-19 :  L’espace de travail est inapproprié ; le dortoir qui leur est réservé est exigu ;  Les convocations de la Direction Générale de la PNH ne sont pas de nature à rassurer, car les policiers sont installés en trop grand nombre dans un petit espace ;  Aucune mesure d’accompagnement n’est prise pour les convocations et pour lutter contre la Covid-19.

Fort de tout cela, Mme Gilles a jugé bon de faire un ensemble recommandations aux autorités concernées… Il s’agit de :
- Mettre à la disposition du personnel de la prison des équipements de protection contre la Covid-19.
- Nettoyer et désinfecter régulièrement les centres d’incarcération.
- Rendre opérationnels les dispensaires des centres d’incarcération.
- Prendre en charge les détenus-es infectés au nouveau coronavirus dans les prisons.
- Veiller au respect par le personnel soignant de leur engagement de travail dans les prisons.
- Enquêter sur la gestion du carburant et l’approvisionnement en alimentation des prisons.
- Organiser des audiences spéciales au niveau des tribunaux.
- Veiller à ce que les personnes privées de leur liberté soient présentées devant leurs juges naturels dans les délais prévus par la loi.

En plus des distributions de kits hygiéniques contre la COVID-19, Marie Yolène Gilles informe qu’environ 1600 personnes ont été sensibilisées contre la maladie.

 

Par Diego O. Charles
Lezec15@gmail.com

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