PubGazetteHaiti202005

Tuerie à Ravine Pintade :  au moins 11 morts et plusieurs blessés, le CARDH recommande une enquête policière et judiciaire

Gédéon Jean, CARDH

La tuerie dans la soirée du mardi 21 septembre à Ravine Pintade ( Avenue John Brown/ rue Nord Alexis) orchestrée par des policiers a fait au moins 11 morts et plusieurs blessés, selon un rapport dressé par le centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH). Dans ce rapport paru le lundi 27 septembre,  le CARDH recommande « une enquête policière et judiciaire afin de déterminer les manquements, de fixer les responsabilités et de rétablir les parents des victimes dans leur droit ».
 
Dans ce rapport de 8 pages, le centre d’analyse et de recherche droits de l’homme dresse un tableau sombre de ce qui s’est passé à Ravine Pintade dans la soirée du mardi 21 septembre dernier au moment où des jeunes artistes du groupe rap dénommé New Wave et d’autres artistes invités tournaient un vidéo-clip.
 
La tuerie du 21 septembre décrite dans le rapport a fait au moins 11 décès et plusieurs blessés dont Loubens, fils de l’inspecteur divisionnaire Louicéus Délius : trois sont morts sur le champ, puis deux blessés exécutés, quatre autres emportés par la police et retrouvés morts au carrefour Samida, à l’avenue Pouplard (carrefour Miragôane), à la ruelle Berne et à la ruelle Jérémie ; trois autres le lendemain. 
Le CARDH indique par ailleurs, que ces chiffres peuvent être revus à la hausse (décès/blessés), car de nombreux riverains ne sont pas encore revenus et ajoute qu'il poursuit son enquête autour de ce drame. 
 
Le CARDH a rapporté également que durant cette descente policière vers les 22h 30, il y a eu plusieurs blessés et une liste en ce sens a été fournie par le groupe. Quelques survivants ont répertoriés:  Niko, Steven Oscar ( deux balles au bras gauche), Jacob (une balle au pied gauche), Outsider ( éraflé de deux balles),  Hakam (éraflé d’une balle et bras endommagés ), Adams (bras endommagés, égratignure ),  Lezo (bras endommagés), Pouchon (battu avec l’arrière de l’arme, corps endommagé), Imerson (éraflé d’une balle, bras et pieds endommagés ),  Naëlle ( battu avec l’arrière de l’arme, blessure au coup).
 
Lors de cette opération, le CARDH dit avoir pu identifier dix (10) victimes à qui des tortures ont été infligées. Seulement trois (3) ont accepté de partager des informations. «  Pouchon : deux policiers l’ont jeté par terre. Un a mis ses bottes sur sa tête et l’autre lui a donné des coups de pied. On l’a ensuite précipité dans une rigole, Anglade Estenort ( 30 ans), battu depuis sa chambre et trainé dans la rue, s’est rendu en province pour des soins, Andremène Elsaint (60 ans), paralysée, a été bousculée », décrit l’organisme de droits de l’homme 
 
D’autres personnes ont également subi des brutalités sous d’autres formes le lendemain du drame, selon le CARDH:
« Pour dénoncer la tuerie, des riverains ont placé des barricades et bloqué la route le lendemain. Des back-up de police sont intervenus: tirant des gaz lacrymogène et des balles dans toutes les directions, entrant par effraction dans des maisons (pour la plupart de fortune), détruisant des meubles…Madame Erèz Joissaint ( 48 ans) s’est précipitée pour rentrer dans sa petite maison quand les policiers, déjà à l’intérieur (effraction), ont pointé une arme sur elle et ont détruit quelques-uns de ses meubles. » 
 
Plus loin dans ce rapport, le CARDH signale toutefois un manquement de la part du groupe pour n’avoir pas été autorisé par les autorités municipales. 
« si l’on tient compte de deux facteurs parmi d’autres, savoir : préméditation et usage de la force disproportionnée. Toutefois, il faut souligner que le groupe a manqué à l’obligation légale d’avoir l’autorisation de la mairie, visée par la police pour l’occupation de l’espace », a fait remarquer l’organisme de droits de l’homme. 
 
 
Pour finir, le centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) recommande une enquête policière et judiciaire afin de déterminer les manquements, de fixer les responsabilités et de rétablir les parents des victimes dans leur droit: « L’enquête permettra de définir fondamentalement si les policiers ont été emportés par ces armes factices, apparentées à des armes réelles, et comment devraient ils réagir professionnellement. »
 

 

 

Par Fenel Pélissier

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