PubGazetteHaiti202005

Gang/Tréve: le pouvoir en place aurait payé les bandits pour faciliter la réalisation du referendum, dénoncent des acteurs

.

La société civile et une frange de la classe politique réagissent suite à l’annonce d’une trêve, d’une durée de deux mois, observée par les gangs de Grand-Ravine et Village-de-Dieu, deux grands foyers de kidnapping de la capitale. Selon eux, les bandits ont été payés par le pouvoir en échange de cette trêve en vue de faciliter l’organisation du referendum le 27 juin prochain. 

 

Pour le Collectif 4 Décembre, c’est une annonce pour le moins bizarre pour la plus simple et bonne raison que cette trêve a été annoncée dans le sillage de l’organisation du referendum le 27 juin. Jean-Robert Argant voit une drôle de coïncidence. « On doit se poser beaucoup de questions pour connaître les dessous de cette trêve. On sait que la CNDDR avait participé à la fédération des gangs », a commenté M. Argant, joint au téléphone par Gazette Haïti. D’après le coordonnateur général du Collectif 4 Décembre, tout porte à croire que les gangs et le pouvoir sont de connivence - même s’il ne voulait pas être trop affirmatif. 


L’ex-sénateur Youri Latortue se lamente du comportement du gouvernement dans un tweet. « Le gouvernement n’a pas à payer les bandits pour observer une trêve au kidnapping.  Il doit combattre la criminalité de concert avec la police en appliquant la loi. Malheureusement, l’Etat fait des transactions avec des assassins. Jovenel Moïse crache sur la mémoire des victimes et détruit en même temps ce qui reste des autorités de l’Etat », a tweeté le president de AAA, rappelant que ce gouvernement n’a jamais récupéré les corps des policiers assassinés au Village-de-Dieu. 


L’homme d’affaires, Dr Pierre Reginald Boulos, a lui aussi réagi à travers un tweet. « Lè pouvwa tande OEA ap antre, patwon G9 yo gentan jwenn trèv epi mete kidnapin nan sou poz”, a tweete le dirigeant de MTV Haïti. « Nous voulons que cette trêve soit définitive. Jovenel Moise prouve que le kidnapping est effectivement politique », a indiqué le Dr Boulos qui dénonce « une association immorale du pouvoir avec les gangs. « L’opposition doit être solidaire pour arriver au départ du président de facto », a appele le DR Boulos. 

  

Me Gédéon Jean, du CARDH en a profité pour analyser le discours de Jovenel Moise laissant entendre que le kidnapping est politique. D’après lui, Jovenel Moïse prouve qu’il maîtrise le phénomène de kidnapping. Il est sceptique que des bandits ont décidé d’observer une trêve à environ un mois de l’organisation du referendum constitutionnel. 

 

De l’avis de l’avocat, l’entente trouvée par le pouvoir en place à travers la CNDDR prouve que le kidnapping est un kidnapping d’État, et l’insécurité, une insécurité d’État. 

Pierre Espérance, du RNDDH, dénonce le pouvoir qui, dit-il, a utilisé la CNDDR pour acheter cette trêve de deux mois. A ses yeux, c’est une carte utilisée par le pouvoir pour changer la perception de la communauté internationale. Selon le directeur exécutif du RNDDH, qui n’a jamais l’occasion de dénoncer des gangs d’Etat, la stratégie est de démontrer que le climat sécuritaire du pays est propice à la réalisation des élections et du référendum. 


Selon Magik 9, un membre de la CNDDR aurait démenti les informations selon lesquelles, il aurait été utilisé comme canal par le gouvernement pour acheter une trêve des mains des gangs de Village de Dieu et de Grand Ravine.

 

 

Par Michelson Césaire

Politique

Culture

Economie

Sport