Seulement deux semaines après la révocation de Garry Conille et la nomination d'un gouvernement ayant à sa tête Alix Didier Fils-Aimé, le dossier des trois conseillers-présidents est revenu sur la table. L'idée qu'ils quittent le Conseil Présidentie est fortement agitée depuis plusieurs jours. Et, c'est le président Leslie Voltaire qui l'a agité lors d'une rencontre express avec les trois concernés. En effet, lors d'un déjeuner à Kinam, Voltaire le leur a dit: « il faut faire quelque chose ». Le président du CPT aurait donné un délai ne passant le 30 novembre à Gilles, Vertilaire et Augustin pour décider. Trois options sont sur la table : 1) ils se mettent d'accord pour participer à la signature d’une résolution les mettant à l'écart;
2) les 4 conseillers qui ne sont pas impliqués dans le scandale signent une résolution réduisant le vote majoritaire à 3/4;
3) ils se retirent et remettent leur droit de votes aux 4 membres restants.
Face à la proposition de Voltaire, les trois conseillers impliqués dans le scandale de la corruption de la BNC ont réagi différemment. Gilles se serait montré plus flexible que les deux autres. Il aurait accepté l'idée qu'il se mette à l'écart sous certaines conditions. Par exemple, il se retirerait mais continuerait à participer à toutes les activités. Il voudrait donc garder une certaine visibilité.
Emmanuel Vertilaire lui aussi ne serait pas contre mais aurait des préoccupations. Le plus irréductible de tous serait le désormais représentant de RED Smith Augustin. Il aurait décidé de se battre jusqu'au bout « pour protéger son honneur. »
Leslie Voltaire est aussi dans la tourmente et fait face à d'intenses pressions diplomatiques pour pousser les trois conseillers à la porte, selon une source digne de foi. La communauté internationale, les USA et le Canada, en particulier, ne voient pas d'un bon œil que Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin continuent à participer ou à influencer les décisions de l’Etat, comme par exemple le choix des directeurs généraux.
Cette nouvelle donne n'est pas sans conséquence sur le fonctionnement du CPT. A preuve, le Conseil des Ministres prévu ce mercredi a été renvoyé à la semaine prochaine le temps de trouver un dénouement.
Leslie Voltaire est accusé dans l'opinion publique de protéger les trois concernés en dépit du fait qu'il avait promis de prendre une décision à leur encontre une fois la justice saisie du dossier.
Tout en prenant acte de la révocation de Garry Conille et de la nomination de Alix Didier Fils-Aimé, le porte parole du département Mathew Muller avait mis l'accent sur la nécéssité de crédibiliser le processus transitionnel.
« Les États-Unis se réjouissent de collaborer avec le nouveau Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et le CPT pour faire avancer les priorités urgentes dans les mois à venir. Les États-Unis remercient également l’ancien Premier ministre Conille pour ses services distingués rendus à son pays », lisait-on dans ce communiqué de presse.
Les États-Unis disaient saluer « l’engagement du CPT et du nouveau Premier ministre à publier un plan d’action conjoint qui expose leur vision pour améliorer la sécurité et la gouvernance, et pour établir une voie vers des élections libres et équitables ».
« Les États-Unis estiment qu’il est essentiel qu’ils définissent clairement les rôles et responsabilités du CPT par rapport au Premier ministre, en incluant des mesures pour assurer la responsabilité mutuelle, tout en évitant de nouveaux blocages », avaient suggéré le gouvernement américain.
Les USA croyaient qu’ « il est impératif de promouvoir la responsabilité au sein du CPT afin de « maintenir sa crédibilité auprès du peuple haïtien et de la communauté internationale ». « Les besoins urgents et immédiats du peuple haïtien imposent que le gouvernement de transition privilégie la gouvernance plutôt que les intérêts personnels concurrents des acteurs politiques », avait conclu Matthew Miller.
Le 19 novembre dernier, le juge traitant le dossier a attendu en vain en son cabinet le conseiller Gilles qui devait répondre à ses questions. Raoul Pierre Louis, lui aussi a boudé l'invitation du magistrat mettant en avant le fait que les trois conseillers « inculpés » ne se demettent pas de leurs fonctions donc détenteurs de la puissance publique et vu qu'il ne dispose d'aucun moyen de sécurité.
Par Gazette Haïti News
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