
Alors que le mandat de Me. Renan Hédouville, Protecteur du Citoyen, arrive à terme, plusieurs organisations de défense des droits humains et groupes féministes interpellent les autorités en exigeant la nomination rapide d’un(e) nouveau(elle) responsable à la tête de l'Office de la Protection du Citoyen (OPC). À travers une correspondance adressée au Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ce mardi 29 octobre, ces organisations dénoncent une gestion entachée de favoritisme et de népotisme, qui, selon elles, a gravement compromis l’intégrité de l’institution durant les sept années du mandat de Maître Hédouville.
Les organisations signataires accusent la gestion actuelle de l’OPC de favoriser les proches du Protecteur, dénonçant des pratiques de recrutement basées sur des liens familiaux plutôt que sur le mérite. Selon elles, des postes stratégiques ont été confiés aux membres de la famille de Maître Hédouville, en violation du décret de 2005 sur la fonction publique.
Parmi les exemples cités figurent Yolande Mayard Joseph, directrice générale de l’OPC, et ses proches, dont plusieurs occupent des postes importants au sein de l'institution. Sa sœur, Mimose MAYARD, est coordonnatrice de protection sociale. Son frère, Olson MAYARD, occupe le poste de chef de services et de documentation, selon les organisations.
Aussi, David SIMPLICE est le chef de la logistique et des services généraux à l'OPC. Il est le frère de Juliana SIMPLICE THOMAS, directrice des affaires administratives de
l'institution.
Alors qu’elle réside au Canada depuis un an, la Directrice Générale continue de percevoir des privilèges liés à sa fonction, dénoncent les organisations.
Durant le mandat de Maître Hédouville, selon elles, les opportunités de voyages auraient été réservées exclusivement à ses proches, sans politique de formation pour les autres cadres. Ces missions semblent avoir été monopolisées par une poignée de personnes de l'entourage du Protecteur, alors même que des sommes importantes auraient été perçues sous forme de per diem pour des déplacements qui, dans certains cas, n’auraient jamais eu lieu. Ces fonds, selon les organisations, n’ont pas été réintégrés au Trésor public.
Selon les révélations de ces organisations, l'OPC entretenait un partenariat avec Avocats Sans Frontières Canada (ASFC) dans le cadre du projet « Accès à la Justice et Lutte contre l'Impunité en Haïti (AJULIH) ». Cependant, ce partenariat a été rompu en raison de ce qui est décrit comme une mauvaise gestion et détournement des fonds. Plus de 2,2 millions de gourdes et 139 dollars américains n’auraient pas été justifiés, entraînant la résiliation de contrats pour plusieurs agents de terrain. Les organisations signataires mettent également en lumière que les prélèvements opérés sur les salaires des employés du projet n’auraient pas été versés à la Direction Générale des Impôts.
« L'OPC est aussi financé par d'autres partenaires tels que ONU Femmes, le Fonds des Nations-Unies pour l'Enfance (UNICEF), le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), etc. Des membres de la famille du Protecteur ainsi que ses proches à savoir sa directrice de cabinet Régine HEDOUVILLE LOUIS, l'époux de cette dernière, Tex LOUIS, la sœur de la directrice générale, Mimose MAYARD, le beau-frère du Protecteur Eliakim CANGE reçoivent un salaire dans le cadre de ces projets en question », expliquent les organisations.
On exige à l’OPC la publication annuelle d’un rapport d’activité et d’une évaluation de la situation des droits humains en Haïti, mais depuis 2018, l’OPC n’a présenté aucun rapport. Ce manquement a conduit la Global Alliance of National Human Rights Institutions (GANHRI) à différer le renouvellement de l’accréditation de l’OPC jusqu’en 2026.
Les organisations pointent une dérive politique de l'OPC sous la direction de Me Hédouville, dénonçant une proximité inquiétante avec le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). Elles accusent l’OPC d’avoir soutenu un projet de réforme constitutionnelle promu par l’ancien président Jovenel Moïse. Plus récemment, selon les organisations, le protecteur du citoyen a accepté un poste au sein de la Commission Vérité, Justice et Réparation.
Katia BONTE du Centre de Recherche et de Formation Economique et Sociale pour le
Développement (CRESFED), ocelyne COLAS de la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (CE-JILAP), Danièle MAGLOIRE de Kay Fanm, Alermy PIERVILUS de la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Droits Humains (POHDH), Maxime RONY du Programme pour une Alternative de Justice (PAJ), Rosy AUGUSTE DUCENA du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) et Mergina FLEURIMAT de Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA) sont les signataires de cette correspondance.
Par : Daniel Zéphyr
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