PubGazetteHaiti202005

La réduction des ministères n’a aucun impact sur les dépenses de l’État, selon Joanas Gué

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Lors de l’émission "Le Rendez-vous" avec Volcy Assad le vendredi 7 juin 2024, Joanas Gué, ancien ministre de l’agriculture a critiqué la décision de l’équipe de Garry Conille de réduire le nombre de ministères. Selon lui, cette mesure ne diminuera pas les dépenses de l’État.

Ce sujet fait débat. Garry Conille souhaite réduire les dépenses de l'État en diminuant le nombre de ministères. Toutefois, cette décision ne fait pas l'unanimité. Bien que les membres du Conseil Présidentiel soutiennent cette démarche, d'autres estiment qu'elle ne permettra pas d’atteindre l'objectif visé par le premier ministre : réduire les dépenses de l'État.

C’est aussi la position de Jonas Gué, ancien ministre de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural, qui intervenait vendredi au micro de Volcy Assad. « Chaque ministère a été créé en fonction d’un contexte. Actuellement, tous les ministères sont importants », explique l’ex ministre de René Préval.

Pour illustrer son point de vue, il a expliqué que fusionner le ministère de l'Agriculture avec celui de l'Environnement serait une erreur, surtout en raison de la dégradation environnementale en Haïti et du risque accru d'inondations. De plus, selon lui, ces ministères nécessitent de nombreux déplacements à l’étranger.

Gué a également souligné l’importance des ministères dits « mineurs » comme le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Action civique, le ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes, et le ministère des Haïtiens vivant à l'étranger. « Ils ont été créés dans une logique de discrimination socio-anthropologique positive », a-t-il expliqué, ajoutant que ces ministères ciblent des catégories spécifiques.

« Comment peut-on les retirer? Comment retirer le MJSAC et mettre un secrétariat ? », se demande Jonas Gué.

Pour justifier leur position, certains qui sont pour la fusion ou encore la réduction des ministères indiquent que certains ministères sont budgétivores et que l’on doit diminuer la charge de l’Etat durant cette transition. Gué n’est pas d’accord. « Tous les ministères ont leur loi organique. Aucun gouvernement de transition ne peut les dissoudre », explique-t-il.

Pour étayer son point de vue, Gué précise qu’un ministre ne coûte pas à l’Etat 2 000 dollars américains. Pour lui, la meilleure manière de réduire les dépenses de l’État est de « renforcer les institutions, le système de comptabilité, limiter les dépenses superflues et optimiser les revenus domestiques en améliorant la gestion des frontières. »

Cette situation est devenue en raison de
l’affaiblir de la présidence avec 9 conseillers-présidents.

« Quand tu as un président aujourd’hui et après 4 ou 5 mois il s’en va, la première chose est qu’il y aura un problème dans le suivi des grands dossiers de l’Etat », argue Gué qui critique autant de changements au Conseil Présidentiel de Transition qui, selon lui, réduit l’autorité de l’Etat. 

« Dans cet imaginaire et dans cette perception, il y a deux raisons fondamentales pour lesquelles plus d’un sera d’accord que le premier ministre est le symbole de l’autorité. En premier, il est le seul à décider pour la primature. Et deux, la façon dont le choix a été fait est qu’il a été imposé », explique l’ancien ministre de l’agriculture.

Malgré les critiques, la décision de Garry Conille de réduire et de fusionner les ministères progresse et est largement soutenue par la population. Toutefois, les tractations politiques retardent la formation du gouvernement. Dans un message préenregistré après son hospitalisation, le premier ministre a exprimé dimanche l’espoir que le gouvernement sera constitué cette semaine.

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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