PubGazetteHaiti202005

La sous-traitance, l’expression d'un système d’exploitation et d'esclavage moderne en Haïti, selon Dominique Saint-Eloi

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Intervenant lundi 20 mars 2023 à l’émission Le Rendez-vous avec Volcy Assad, le responsable de la Centrale Nationale des Ouvriers Hatiens ( CNOHA)  Dominique Saint-Eloi a expliqué les dessous du secteur de la sous-traitance en Haïti. Il dénonce un système d’exploitation et d'exclavage moderne qui fait les affaires des grands noms de la bourgeoisie haïtienne et des multinationales.

Le syndicaliste Dominique Saint Eloi a pratiquement vidé son sac pour révéler les rouages du secteur de la sous-traitance. Selon lui, les grands noms de la bourgeoisie haïtienne détenant des usines en Haïti signent des contrats avec des entreprises multinationales comme Walmart, ......... et viennent sous-traiter en Haïti profitant de la main-d'oeuvre à bon marché  Cette opération est rendue  possible grâce à la loi Hope devenue loi Help après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. 

« Ce sont des contractants qui négocient pour des millions de dollars au nom des ouvriers. Ils signent leurs  contrats en dollar américain et ensuit utilisent l’Etat haitien pour donner un salaire sous-traité aux ouvriers basés sur l’exploitation. Ils exploitent la main-d’oeuvre à bon marché », explique Dominique Saint-Eloi, syndicaliste et défenseur du droit des ouvriers.


Mi-févier 2022, plusieurs milliers d’ouvriers et ouvrières ont pris les rues pour exiger l’augmentation du salaire minimum à 1500 gourdes soit à l’époque (14.56$ us). Après au moins quatre manifestations intenses, le Premier ministre de facto Dr Ariel Henry Ariel a décidé de faire passer leur salaire minimum de 500 gourdes (4,85 dollars) à 685 gourdes (6,65 dollars). Aujourd'hui, ce salaire équivaut à 4 dollars.

« L’ouvrier doit acheter un plat chaud à 350 gourdes à Midi. Dans la matinée, il doit manger quelque chose pour au moins 175 gourdes, du jus pour 150 gourdes alors qu’on le paie 685 gourdes », détaille Eloi. Pour lui, il s'agit d'un « salaire tuberculose ».

Le système d’exploitation des usines ne s’exprime pas que dans le salaire accordé aux ouvriers mais aussi dans la charge de travail qui leur est donnée. « Par exemple, on  vous donne une quantité de travail qu'en aucun cas vous ne pouvez réaliser durant une journée  », soutient Dominique Saint-Eloi, soulignant que les travailleurs sont obligés de faire des heures supplémentaires non payées. 

Compte-tenu de la situation, selon Dominique Saint-Eloi, les travailleurs sont obligés de contracter des prêts chez des usuriers sans pour autant savoir quand est-ce qu’ils finiront par tout payer. Ils achètent parfois à crédit, selon Dominique Saint Eloi. « Souvent, ils se camouflent avec des masques et chapeaux pour qu’on ne puisse pas les remarquer. Ils ont l’habitude de passer sur les fils en barbelés, ne pouvant pas s'aquiter de leur dette », explique le syndicaliste .

Les pièces fabriquées par les ouvriers haïtiens sont revendues à des prix exorbitants par les multinationales. Un maillot de marque  Calvin Clein, Gap etc .. fabriqué en Haïti peut être revendu entre 50 à 100 dollars américains à l’étranger, selon Saint-Eloi, alors que les ouvriers touchent moins de 5 $ par jour pour.  

Aux USA, selon le syndicaliste Dominique Saint-Eloi, la donne est différente. Les ouvriers de la sous-traitance travaillent pour plus de 17$ l’heure sans heures supplémentaires. 

Dominique Saint-Eloi estime que les ouvriers ne peuvent rien faire avec un salaire aussi misérable.

« Les conditions de travail exécrables » 

Selon ce qui est convenu, le patron des usines doivent créer un environnement permettant à l'ouvrier de travailler dans de bonnes conditions. Ils doivent mettre un cafétéria à leur disposition et des crèches au cas où ils auraient des enfants à allaiter. Leur transport devait être aussi assuré. Rien de tout cela n'est respecté au grand dam des autorités. Les ouvriers mangeraient dans la rue et parfois à proximité des poubelles ou des toillettes sur la cour et/ou à l'interieur de l'usine, déplore St Eloi

D'un autre cõté, il dénonce le fait par les patrons de percevoir 6% du  misérable salaire des ouvriers pour payer leur assurance à l'ONA, alors que cet argent n'y est jamais versé. Selon les dires de St Eloi, André Apaid Junior, patron dans la sous-traitance devrait dans ce cadre là  versé aujourd'hui à l'ONA la rondellette somme de 100 millions de gourdes 

Le ministère des affaires sociales de « connivence avec les patrons »

Au niveau du ministère de affaires sociales, il est crée une structure dénommée « inspection » dont la mission est de s'assurer que les patrons respectent les normes du travail. Selon le syncaliste, les inspecteurs attachés à cette fonction sont « de connivence avec les patrons des usines qui les soudoient ». Il pointe du doigt le responsable du bureau régional du MAST Jacky Jacques qui serait le poin des patrons dont  André Apaid Junior placé au ministère pour défendre leurs intérêts. Ce dernier serait même inamovible en raison de sa proximité avec le patronat.

Le syndacaliste annonce la relance de la lutte pour l'augmentation des ouvriers et pour faire respecter leurs droits. Le responsanle de la Centrale Nationale des Ouvriers Haitiens ( CNOHA ) Dominique St Eloi informe  que 70% des ouvriers de la sous-traitance en Haïti sont aujourd'hui syndiqués en dépit du refus des patrons. C'est un élèment de satisfaction pour lui et ppur les autres centrales syndicales.

 

 

Par: Daniel Zéphyr 

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