Ce 3 avril 2021, ramène le 21ème anniversaire de l'assassinat crapuleux et spectaculaire du célèbre journaliste, éditorialiste et commentateur politique Jean Léopold Dominique. Un 3 avril 2000 comme aujourd'hui, un bandit armé a fanchi la barrière de Radio Haiti Inter vers 6h30 du matin et attendait l'arrivée de Jean Domimique pour son journal de 7h et l’a abattu froidement sur la cour même de la station. Son gardien Jean Claude Louissaint a lui aussi été tué. Jean Dominique, une voix qui faisait trembler les hommes politiques et des nantis du pays en défendant la cause des « laissés-pour -compte » a reçu plusieurs projectiles dont une dans son artère carotide, un organe vital. Le tueur ne voulait lui laisser aucune chance de survie. Ce crime pouvait provenir de plusieurs secteurs dont les intérêts ont été attaqués par le journaliste dans ses éditoriaux, mais les accusations à tort ou à raison sont portées sur Lavalas. On s'en souvient, l'ex président Jean Bertrand Aristide a été une fois convoqué au cabinet d'instruction et une autre au parquet sous Martelly.
21 ans plus tard, rien n'a été fait pour rendre justice à l'éminent journaliste proche du secteur Lavalas. Mis à part feu René Préval, aucun des gouvernements qui se sont succédé n'a fait montre de la volonté d'arrêter les criminels encore moins les auteurs intellectuels. Ils ont tous au contraire utiliser ce dossier à des politiques. « Les assassins sont dans la ville », disait Jean Do de son vivant.
Les assassins n'ont pas seulement tué Jean Dominique, mais ils ont aussi fermé la Radio. Michel Montas, sa femme qui tentait de forcer les autorités à rendre justice à son mari a dû finalement fermer la station et prendre une nouvelle fois l'exil après avoir échappé à plusieurs tentatives d'assassinats. Jean Dominique n'a pas été tué sous la dictature des Duvalier en dépit de son opposition au régime mais sous « Lavalas » avec René Préval au pouvoir, un régime dont il a contribué à l'avènement. Ce régime avait plus que tous ceux qui l'ont succédé, la responsabilité morale de faire jaillir la lumière sur ce crime. C'est là un échec que ce secteur dans son ensemble doit assumer devant l'histoire.
Plusieurs juges d'instructions désignés pour mener l'enquête ont été eux aussi contraints d'abandonner. L'un d'entre eux, Me Claudy Gassant qui semblait vouloir faire avancer le dossier a dû prendre l'éxil lui aussi en raison des menaces. Depuis, rien de sérieux n'a été fait. L' engagement manifeste du journaliste Guyler C. Delva à travers son organisation « S.OS Journaliste » qui depuis 20 ans, tous les 3 avril monte au crénau pour exiger que justice soit rendue à Jean Dominique n'a pas suffi pour faire bouger les lignes.
Au fur et à mesure que le temps passe, la société a tendance à oublier celui qui prenait faits et causes pour les plus faibles dont les paysans. Ce 3 avril 2021, coïncidant avec la Journée nationale de la Femme haïtienne et la fête de Pâques, la famille de Jean Dominique et de Jean Claude Louissaint et leurs proches attendent désepéremment justice, comme ceux de Brignol Lindor, de Vladimyr Legagneur et d’autres dans un pays où l'impunité règne.
A l'occasion du 21ème anniversaire du double assassinat du 3 avril 2000, Gazette Haïti continue de demander justice pour Jean Dominique et tous les autres journalistes tombés dans l'éxercice de leur fonction.
Par Gazette Haiti
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