PubGazetteHaiti202005

Gros-Morne : Élie Limarge, propriétaire d’hôtel, kidnappé puis tué après le paiement d’une rançon

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Intervenant à l’émission Premye Okazyon sur Radio Télé Caraïbes, le maire de Gros-Morne, Hubert Cénac, a annoncé ce 9 mars 2025 l’assassinat d’Élie Limarge, propriétaire de l’établissement hôtelier « Le Beau Rivage Hôtel ». Enlevé depuis près d’une semaine avec deux autres personnes, il a été retrouvé mort à Morne Marguerite, malgré le versement partiel d’une rançon. L’édile municipal pointe du doigt le gang « Kokorat san ras », dirigé par le nommé Meyer, qu’il accuse d’être responsable de ce crime.

Gros-Morne est en deuil. L’assassinat d’Élie Limarge, entrepreneur bien connu dans la région, a bouleversé une population déjà meurtrie par l’insécurité. Propriétaire de l’établissement « Le Beau Rivage Hôtel », il a été enlevé au centre-ville de Gros-Morne, à Morne Marguerite, par des membres armés du gang « Kokorat san ras », opérant depuis la localité voisine de Ti Bois d’Homme.

Kidnappé en même temps que deux autres personnes, Élie Limarge a été séquestré pendant plusieurs jours. Ses ravisseurs ont exigé une rançon de 300 000 dollars américains, ainsi que deux véhicules appartenant à la victime. Malgré tous les efforts déployés par ses proches, qui ont réussi à verser une partie du montant exigé, les ravisseurs n’ont pas tenu parole. Le corps sans vie de l’homme d’affaires a été retrouvé abandonné, gisant à Morne Marguerite — un choc insoutenable pour sa famille et pour toute une commune qui espérait encore un dénouement heureux.

Ce meurtre odieux a provoqué une vague d’indignation. Le maire de Gros-Morne, Hubert Cénac, s’est exprimé avec émotion :

« C’est un crime de trop. Nous vivons dans la peur. L’État doit agir. Les habitants de Gros-Morne méritent de vivre en paix. »
Ce cri du cœur, lancé sur les ondes de Radio Télé Caraïbes, résonne comme un SOS dans un pays où les réponses tardent trop souvent à venir.

Pendant ce temps, les deux autres otages sont toujours entre les mains du gang. Le climat de terreur s’installe durablement dans la commune, et les familles vivent sous la menace constante des armes.

La mort d’Élie Limarge — qui serait, selon certaines sources, un ancien résident du Canada — symbolise le sort cruel réservé à ceux qui, malgré tout, choisissent d’investir et de bâtir en Haïti. Ce n’est pas seulement un entrepreneur qui est tombé, mais un espoir, une figure locale qui croyait encore aux possibilités du pays.

Aujourd’hui, Gros-Morne pleure. Et avec elle, c’est toute l’Artibonite qui crie justice.

Insécurité généralisée : l’Artibonite et le Centre sous tension

Par ailleurs, dans la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite, à Savien, le gang « Grif » continue de semer la terreur, assiégeant la ville malgré la présence des forces kényanes venues en renfort dans le cadre de la mission internationale. Les multiples changements dans la hiérarchie policière locale n’ont pas encore permis de reprendre le contrôle de la zone.

Même son de cloche dans le département voisin du Centre. À Mirebalais et Saut-d’Eau, assiégées depuis le 31 mars 2025 par les gangs de la coalition « Viv Ansanm », la situation reste critique. Plus de 50 000 personnes ont été déplacées, fuyant les violences armées, tandis que les criminels menacent désormais d’élargir leur emprise à d’autres communes de la région.

Face à cette montée de l’insécurité, les appels au renforcement des effectifs policiers et à des actions concrètes de l’État se multiplient. Mais jusqu’ici, les réponses tardent à venir, laissant les populations seules face à l’horreur.

 

 

 

Par Wideberlin Sénexant

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