Encore un écrivain d’origine étrangère trangère qui honore la Francophonie. Kamel Daoud, écrivain d’origine algérienne, vient de remporter le prestigieux Prix Goncourt, confirmant une fois de plus la richesse et la force que les voix issues de l’immigration apportent à la littérature française. Cet écrivain, qui s’est d’abord fait connaître pour son audace littéraire avec Meursault, contre-enquête, où il dialogue brillamment avec L’Étranger de Camus, est bien plus qu’une plume acclamée. Daoud est un passeur de langues et de cultures, un témoin des fractures et des rêves partagés entre les rives de la Méditerranée. Sa voix raconte l’Algérie, mais aussi une France plurielle, qui refuse de se définir en frontières fixes.
Dans un contexte où les discours politiques en France tendent à stigmatiser les populations immigrées, la consécration de Kamel Daoud par le Prix Goncourt prend un sens particulier. Cette victoire résonne comme un rappel que la littérature, tout comme la langue, est nourrie par les identités multiples, par les histoires croisées, par la richesse d’expressions et d’imaginaires qui dépassent les frontières. L’année dernière, c’était un écrivain sénégalais, Mohamed Mbougar Sarr, qui avait obtenu le prix Goncourt, tandis qu’un auteur haïtien, Louis-Philippe Dalembert, avait été finaliste. Ces auteurs, venus d’ailleurs mais enracinés dans la langue de Molière, témoignent de la vitalité de la francophonie, cette matrice culturelle où convergent les héritages et où se renouvelle sans cesse la langue française.
En dépit des discours officiels qui prônent des restrictions toujours plus sévères à l’égard des étrangers, ces écrivains démontrent, par la puissance de leurs récits, qu’ils sont là pour enrichir la France, pour faire rayonner sa langue. Les immigrés, loin de menacer une identité nationale figée, participent au contraire à sa réinvention, à son éclat. Les mots de Daoud, de Sarr, et d’autres auteurs issus de la francophonie disent la complexité des identités, les exils, les espoirs et les révoltes. Ils tissent un pont entre les cultures, et par la force de leurs œuvres, contribuent à faire de la langue française une langue vivante, ouverte et renouvelée.
Ainsi, alors que certains politiques cherchent à restreindre les portes d’entrée de la France, ce pays continue d’être honoré, bousculé, et même transformé par ceux-là mêmes qu’elle hésite parfois à accueillir. Le prix Goncourt attribué cette année à Kamel Daoud est un nouveau signe de cette contradiction, où la France officielle semble se méfier de ceux qui, dans ses marges, contribuent pourtant au prestige de sa littérature et à l’héritage de Molière. Oui, la francophonie tourne à plein régime, et la France, qu’elle le veuille ou non, continue d’être le creuset d’une culture partagée, multiforme et vibrante.
Par Maguet Delva
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