Les éminentes personnalités de la Caricom doivent rentrer en Haiti ce mercredi 6 décembre 2023 pour une mission de plusieurs jours à Port-au-Prince dont l’objectif est de parvenir à « un accord politique assorti d’un consensus large ». Certains acteurs contactés par la rédaction indiquent qu’ils vont garder la même position. L’issue ne présage rien de bon.
Il s’agit d’une énième tentative des éminentes personnalités de la Caricom. Les rencontres antérieures ont toutes soldé par un échec. À l’issue de la dernière rencontre, la délégation, en fonction des points de vue des acteurs a proposé un projet d’accord cadre aux parties prenantes; lequel projet préconise une gouvernance de transition avec un Conseil de Transition (CT) et un Premier Ministre vraisemblablement Ariel Henry, symbolisant l’équilibre au niveau de l’exécutif.
Cette énième mission de la Caricom va se réaliser sur le projet cadre d’accord. Toutefois, ce projet ne fait pas l’unanimité. Les Engagés pour le Développement (EDE) a déjà affiché sa position. Un communiqué de presse acheminé par le parti au journal a salué la proposition tout en évoquant des préoccupations.
EDE estime que la prochaine gouvernance de transition ne doit pas avoir Ariel Henry comme premier ministre. D’ailleurs, selon EDE, ce dernier « cache mal son désir de demeurer indéfiniment au pouvoir malgré son immobilisme et son bilan d’échec ».
« Sur cette base, le parti continue d’exiger la démission du Premier ministre Ariel Henry et la nomination concertée d’un nouveau Premier ministre suivie de la formation d’un gouvernement d’entente nationale », soutient EDE de Claude Joseph dans ce communiqué qui doit être envoyé aux émissaires de la Caricom.
S’il s’est toujours montré en faveur de la mise en place d’un exécutif bicéphale, EDE se félicite du projet d’accord cadre des émissaires de la Caricom qui comporte une institution appelée Conseil de la Transition. Toutefois, le parti de l’ex premier ministre de Jovenel Moïse croit que celui-ci doit avoir « tous les attributs présidentiels que le contexte lui permettra d’exercer conformément à la Constitution haïtienne en vigueur et aux lois de la République. »
Le parti PHTk membre de la Déclaration de Kingston comme EDE, rejette l'accord tel que proposé par la Caricom. L'un des points irritants du document est que, selon Liné Baltazar, il impose d'entre jeu Ariel Henry comme premier ministre, contrairement à ce que proposent les partis signataires de la Déclaration de Kingston. Le président du PHTK considère que cet accord n'est qu'une proposition parmi d'autres.
De son côté, la Force Louverturienne Réformiste membre de l'opposition aussi est plus nuancée. Elle souhaite vivement que par le dialogue les acteurs haïtiens trouvent une solution pacifique et consensuelle à la crise. « Sur la table des négociations, la Force Louverturienne Réformiste défendra le principe d’une Nouvelle Gouvernance Intérimaire qui doit passer par le rétablissement d’un Pouvoir Exécutif ayant la confiance de la population, capable d’exécuter la feuille de route consensuelle à adopter lors des négociations politiques », indique Emmanuel Menard de la Force Louverturienne Réformiste.
Contrairement à EDE qui exige la démission de Ariel Henry, Emmanuel Menard de la Force Louverturienne Réformiste estime que c’est l’issue des négociations qui déterminera la nouvelle gouvernance. Il est n’est pas pour ou contre d’avance l’intégration de Ariel Henry dans la gouvernance de transition. « Je défends les principes et non les individus », dit-il.
Les tenants de l’accord du 21 décembre ne comptent toujours pas transiger et maintiennent leur position. Selon André Michel, la solution à la crise passe par une entente pour aller aux élections dans « des conditions sécuritaires acceptables ». « Cette entente passera par la formation d’un Gouvernement d’union Nationale sous le leadership du PM Ariel HENRY, la mise en place d’un CEP crédible et l’élargissement de la composition et des attributions de l’HCT », explique-t-il.
André Michel estime qu’eux autres signataires de l’accord du 21 décembre sont « constructifs et de bonne foi ». « Nous espérons que les autres protagonistes entendront cette fois-ci la Voix de la Raison Politique », souhaite l’homme de loi.
Jorchemy Jean Baptiste, autre signataire de l’accord du 21 décembre, de son point de vue citoyen, espère que les prochaines discussions accoucheront de bonnes choses pour le pays. Il rappelle que les tenants du 21 décembre et lui sont de bonne foi.
Plus de deux ans après l’assassinat du Président Jovenel Moïse, les acteurs ne sont toujours pas parvenus à trouver un véritable accord pour mettre fin à l’instabilité, alors que la population continue de vivre sous l’emprise des gangs qui continuent de gagner du terrain dans le pays.
Par: Daniel Zéphyr
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