PubGazetteHaiti202005

Démission de Paul Eronce Vilard:- Jovenel Moise commet une erreur monumentale selon Guy Delva réputé proche du Président

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PORT-AU-PRINCE, le.26 Septembre 2019
(www.gazettehaiti)


Dans un texte publié sur les réseaux sociaux et dont copie a été envoyée à la Rédaction de Gazette Haiti, l'ancien Secrétaire d'Etat à la Communication de Jovenel Moise, Guyler C. Delva a vertement critiqué la décision du pouvoir de pousser le Commissaire du Gouvernement Paul Eronce Vilard à la démission.

Guy Delva s'en prend particulièrement au Ministre de la Justice Jean Roudy Aly qui aurait exercé des pressions sur le Commissaire du Gouvernement pour le forcer à mettre l'action publique en mouvement contre des individus ayant vendalisé le Sénat. Ce même Ministre ne serait pas d'avis que l'action publique soit mise en branle  contre le Sénateur Ralph Féthière qui a tiré et blessé deux personnes au Parlement dont un Journaliste de Reuters.

     

Nous publions in Extenso le texte de Guylet C. Delva 

 

Démission de Paul Éronce Villard : Le président Jovenel Moise commet une erreur monumentale
Par Guyler C. Delva
27/09/2019
                     Disons très clairement et très péremptoirement qu’il est inconcevable, révoltant, révulsant, écœurant et moralement répugnant que des autorités au plus haut niveau de l’État décident de mettre en quarantaine ou de tenir à l’écart des sphères de responsabilité des gens compétents, honnêtes, intègres, courageux, incorruptibles, respectueux de la loi et éthiquement responsables, de crainte qu’ils ne viennent déranger l’Ordre du Désordre, dans un pays où l’inacceptable, la confusion et le chaos socio-économique et juridico-politique s’imposent en normes de gouvernance à tous les niveaux de l’appareil étatique.
                       Le Commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Paul Éronce Villard, aujourd’hui démissionnaire, incarne ces valeurs de probité, d’intégrité, de courage, de responsabilité et d’éthique qui font cruellement défaut dans notre société, en général et dans la fonction publique, en particulier.
                        Cependant, ces valeurs incontestables, qu’on lui connait, semblent constituer sa plus grande ‘‘faiblesse’’, puisque sa stature d’homme de loi, pénétré des notions d’équité juridique et procédurale, se trouve en inadéquation avec les pratiques mafieuses et de corruption qui caractérisent le système en place. C’est donc tout à fait logique que l’honnêteté, la rigueur et la compétence de Paul E. Villard le disqualifient. Le souffrir au Parquet pour plus longtemps aurait été agréablement surprenant.
                         En effet, selon nos informations, le Ministre de la justice, Me Jean Roudy Aly, a fait venir jeudi à son bureau le chef du Parquet pour l’instruire de mettre l’action publique en mouvement contre des individus qui auraient commis des infractions pénales dans le cadre des incidents violents survenus récemment en dehors et dans l’enceinte du Parlement.
                          Sans s’y opposer, Paul E. Villard, a évoqué l’opportunité d’étendre ces mêmes mesures à l’encontre du sénateur Jean Marie Ralph Fétière qui avait blessé par balles plusieurs personnes dont un journaliste-photographe travaillant pour l’agence américaine Associated Press (AP) – Ce qui lui a été formellement interdit par son supérieur hiérarchique.
                           Et face à la position arrêtée et l’obstination du Ministre Aly, et  face à son impossibilité d’appliquer la loi de manière équitable, le Commissaire Villard a préféré présenter sa démission, avant d’apprendre par le biais des médias sociaux qu’il a été promu au Parquet près la Cour d’Appel de Port-au-Prince, tandis qu’il avait explicitement refusé une telle offre lors de cette conversation au cours de laquelle il avait fait part, au ministre de la justice, de sa décision de démissionner de ses fonctions. Et tout laisse croire que le président Jovenel Moise a approuvé le comportement de son ministre ou que ce dernier aurait agi à son instigation. Et ceci est une très grave erreur!

Paul Éronce Villard avait déjà démissionné, il y a quelques années, en tant que substitut du commissaire du gouvernement, quand sa capacité de faire son travail selon la loi avait été mise à mal. Sa nomination en tant que chef du parquet était intervenue à un moment où le système judiciaire était bloqué à la suite d’un mouvement de grève des avocats qui exigeaient la démission de l’ancien Commissaire du gouvernement. Tous les secteurs clés de la société et les acteurs importants du système judiciaire étaient unanimes à saluer sa nomination.  
                         Définitivement, nous semblons avoir un problème profond avec l’honnêteté et la compétence. Sommes-nous un pays maudit, condamné à la médiocrité et à l’insignifiance institutionnelle?
                          Le magistrat Villard, après seulement quelques mois au parquet, a déjà donné des résultats époustouflants, notamment en ce qui a trait à la détention préventive prolongée que les organisations des droits humains et des entités internationales ont toujours présentée comme un fléau.
                          Le traitement célère des dossiers, le rendement et l’efficacité du commissaire et de son équipe, le bénéfice dans l’opinion quant à la prédisposition du chef du parquet de prioriser les prescrits de la loi, des décisions courageuses prises dans certains dossiers épineux, et le rétablissement graduel du respect et de la confiance des justiciables dans le sérieux et l’objectivité du travail des parquetiers, constituent différents atouts qui auraient permis de croire que le passage de Paul Eronce Villard à ce poste allait être marqué par une certaine longévité.
                          Et il était en posture de relever beaucoup d’autres défis et d’aplanir beaucoup d’autres obstacles qui se dressent sur la voie du renforcement de cette juridiction de poursuite, vers une meilleure distribution de la justice.
                            Il importe également de noter que le commissaire Villard vient tout juste de rentrer d’un voyage à Washington où il a brillamment défendu l’État haïtien lors d’une séance devant la commission interaméricaine des droits humains de l’Organisation des États Américains (OEA) sur le dossier du massacre de la Saline et sur le comportement de l’État dans ledit dossier.  
                             C’est rare et c’est très rare d’entendre à la fois des voix proches du pouvoir, des personnalités de l’opposition et des organisations de droits humains saluer le travail et le comportement d’un fonctionnaire public nommé par l’exécutif dans un poste caractérisé par une forte propension à provoquer la polémique, les controverses, la contestation et les scandales, comme en témoigne le vécu de ces dernières années. Les représentants de la communauté internationale en Haïti ont toujours, eux aussi, exprimé leur appréciation pour le travail de Paul Éronce Villard.
                             La dextérité, la connaissance aigüe du droit et le professionnalisme du magistrat lui ont permis, pendant son bref passage, de demeurer loyal à ses supérieurs hiérarchiques, mais sans verser dans la servilité, et pareille ligne de conduite ne peut qu’être louable.
                                Il est excessivement incohérent et scandaleux qu’au moment où le pouvoir parle de lutte contre la corruption, dont on dit qu’elle est aujourd’hui une nécessité absolue, un magistrat exemplaire comme Paul E Villard se trouve obligé de démissionner pour être remplacé par Me Inel Torchon, un ancien parquetier très peu recommandable, et à la réputation et aux pratiques douteuses. C’est une honte phénoménale!
                                  Le président Jovenel Moise et le ministre Jean Roudy Aly ont commis une bêtise monumentale en provoquant la démission d’un professionnel comme Paul É. Villard qui aura mérité de la patrie pour son service à la nation. C’est ahurissant! La nouvelle m’a vraiment renversé quand je l’ai apprise.
                                 Doit-on finalement comprendre que le pire des crimes qu’on puisse commettre dans la fonction publique haïtienne, c’est de bien faire son travail, c’est de remplir sa mission avec conscience, sérieux, intégrité, professionnalisme et abnégation? Mais quel désastreux paradoxe! Quelle affligeante idiotie!
 
Joseph Guyler C. Delva

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