PubGazetteHaiti202005

Journée de mobilisation:- Haiti à feu et à sang/ Au moins 1 mort, des dizaines de blessés et des scènes de pillage

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PORT-AU-PRINCE, le 26 Septembre 2019

 

Des dizaines de blessés par balles, des magasins pillés puis incendiés, gaz lacrymogènes à profusion, jets de pierres et de tessons de bouteille. A Port-Au-Prince et ses environs, et dans toutes les grandes villes du pays, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues pour exiger le départ de Jovenel Moise. Plusieurs manifestants avaient en main soit des machettes, des pistolets, des pierres, des bouteilles et des bars de fer.

La Capitale haïtienne et les communes avoisinantes, notamment Delmas et Pétion-Ville avaient l'air d'un pays en guerre. Des barricades de pneus enflammés étaient érigées un peu partout. Toutes les activités étaient paralysées. Même les motocyclettes avaient du mal à traverser les barages. 

Les manifestants en colère étaient prêts à tout faire pour arriver à Pétion Ville. C'était comme un défi. A plusieurs reprises, ils ont été refoulés par la police à l'aide de Gaz lacrymogènes, mais ils ont finalement réussi à y rentrer. Après avoir pris pour cibles certains immeubles à Delmas tels la SOGEBEL et les locaux qui abritaient l’entreprise GAMAX, certains d’entre eux ont cassé et pillé un nombre important de magasins à Pétion Ville. Ils disent « vouloir faire souffrir des hommes d'affaires de cette commune qui soutiennent le Président Jovenel Moise ». La police a essayé en vain de les dissuader. Au moins un restautant et un magasins incendiés. Plus d'une dizaine de personnes en seraient sorties blessées par balles en caoutchouc. 

Sur la route de Delmas, plusieurs individus déambulaient sans crainte avec les objets provenant des scènes de pillage, parfois sous les yeux de la police visiblement dépassés par les évènements. Intervenant sur des stations de Radio, des leaders de l'opposition ont dénoncé des pillages programmés, selon eux, par le pouvoir. En effet, un message vocal diffusé en boucle sur Zénith FM et attribué à des partisans du PHTK avaient effectivement annoncé les couleurs. Tôt dans matinée, la population de Cité Soleil avait incendié et pillé la base de l'UDMO. La Swat Team a dû intervenir pour évacuer les policiers accusés de réprimer avec violence les manifestations de l'opposition. 

La situation n'était pas trop différente dans le Sud. Aux Cayes le pillage était à son comble. De nombreuses entreprises et ONG ont attaquées  et pillées dont le Bureau du CARITAS, le CRS( Catholic relief service). Au Cap Haitien, (Carrefour Shada) par exemple, des civils armés ont ouvert le feu dans la manifestation de l'opposition. Une vingtaine de personnes en seraient sortis blessés selon Gesner Jean Géffrard, représentant de Pitit Dessalines dans le Nord. A Jacmel, au moins 6 manifestants blessés lors d'échauffourées avec la Police. A Pétit Goâve, un mort et deux blessés par balles quand des manifestants ont attaqué le Commissariat de la ville. En représailles, ils ont tenté d’incendier le Tribunal de Paix et le Bureau de l'EFH de la Cité Faustin Soulouque.

Aux Gonaives, une foule immense est descendue dans les rues. Armés de pistolets et de machettes pour la plupart, les protestataires ont incendié le Bureau de la Délégation Départementale de l'Artibonite. 

St Marc, les manifestants ont envahi le Sous-Commissarait de Fresino à l'entrée de la ville. Ils ont desarmé les policiers et saisis du matériel. A Mirebalais 3 blessés ont été recensés. A Jérémie, Miragoâne, Ouanaminthe, la tension était aussi montée d'un cran. 

Les leaders de l'opposition appellent à la poursuite de la mobilisation jusqu'au départ du Président Jovenel Moise. 

Pour l'instant, aucune réaction du côté du pouvoir. Le Président Jovenel Moise avait déclaré dans son adresse à la nation qu'il n'allait pas démissionner appellant l'opposition au dialogue en vue de la Formation d'un Gouvernement d'Union Nationale. Le Chef de l’Etat a même sollicité les bons offices de Religions pour la Paix pour servir de médiateur dans le cadre de sa démarche. L'organisation est d'accord sur le principle mais veut d’abord obtenir l'adhésion de l'opposition. L'opposition a rejeté en bloc toute idée de négocier un accord politique avec Jovenel Moise dont il réclame sans condition la démission.

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