PubGazetteHaiti202005

Etzer Émile: « Ceux qui laissent le pays sont en quête d'opportunités. Rendez vivable Haïti et ses fils y demeureront »

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Dans une interview fleuve accordée au journal « Premiere occasion » de radio télévision Caraïbes ce vendredi 24 septembre 2021, l'économiste Etzer Emile a fait un diagnostic de la crise haïtienne qui ne date pas d'aujourd'hui et qui a pour, entre autres conséquences, la fuite massive des Haïtiens vers de nouveaux cieux en quête d'une vie meilleure.

 Cette pratique ne date pas d'aujourd'hui.

Dès les 1900, les Haïtiens avaient  déjà pris l'initiative de quitter le pays à destination de Cuba, Saint Dominigue un peu plus tard dans le but de trouver de meilleures opportunités dans les champs de Cannes. Et dans les années 60, 70 ça a accéléré avec la dictature des Duvalier qui a forcé des milliers d'Haïtiens, des personnes bien formées pour la plupart, a quitter leur terre natale pour fuir la fureur du moment, signale d'entrée de jeux l'économiste Etzer EMILE.

Vu l'instabilité politique qui est un handicap réel au développement du pays et les catastrophes naturelles, comme celui du 12 janvier qui a saccagé le pays,  ça a accéléré la fuite massive des Haïtiens vers l'étranger.

Alorsqu'en 1960 nous étions 5 000 Haïtiens aux États-Unis, aujourd'hui nous sommes plus de 2 millions éparpillés dans le monde particulièrement au Brésil, au Chili, en République Dominicaine et aux États-Unis d'Amérique.

Une révélation fracassante de l'économiste nous fait savoir que : c'est plus de 106 000 visas que les autorités dominicaines ont octroyés aux ressortissants haïtiens en 2020, chiffres qui risquent de doubler cette année puisque les conditions socio-économiques et politiques s'aggravent beaucoup plus cette année.

Haiti, selon le forum économique mondial, est le deuxième pays, après la Sierra Leone que ses citoyens veulent quitter puisqu'ils n'ont pas d'opportunités d'avenir.

Les autorités se rallient avec les gangs pour théoriser la population à des fins économiques ou politiques.

Le jour où les autorités se désolidarisent avec les malfrats, les bandits, les gangs le problème de l'insécurité sera solutionné.

« Gang yo gen mèt », balanse Etzer Émile 

Ceux qui critiquent les Haïtiens qui laissent le pays ont une lecture très erronée de la situation, selon le PDG de la firme de consultation Haïti Efficace.

La prolifération des gangs, l'absence d'investissements, le climat d'insécurité et le manque d'intérêt des autorités pour le bien-être de la population sont, entre autres, les vraies raisons qui forcent les citoyens à laisser le pays. Et ceux qui laissent le Chili au péril de leur vie pour se rendre aux États-Unis sont encore dans le processus de survie.

Selon Etzer EMILE, il faut repenser l'état, puisqu'aujourd'hui, la politique tient l'économie en otage. Il n'y a pas un terrain propice à l'investissement, trop de risques.

La diaspora haïtienne qui aujourd'hui supporte notre économique à hauteur de 3.4 milliards de dollars pourrait injecter plus de 50 milliards de dollars dans l'économie si les conditions étaient réunies.

Si le pays était ouvert à l'investissement, l'impact du support de la diaspora serait plus visible. Vu l'absence de production dans le pays, plus de 70 % de ceux que nous consommons viennent de l'extérieur, ce qui est un manque à gagner pour le pays.

Plus loin, Etzer Émile nous montre que cette crise socio-politique qui perdure et qui provoque ce flux migratoire a des conséquences énormes sur le pays. Cela provoque une fuite de mains d'œuvres vers l'extérieur, une fuite de cerveaux qui vont servir d'autres pays, car il est révélé que 84 % de nos ressources bien formées sont à l'étranger puisque les conditions ne sont pas réunies ici. Et enfin, l'argent du pays qui est transféré à l'étranger.

Pour preuve, l'économiste révéle qu'en 2020 Haïti a transféré plus d'un milliard de dollars vers la République Dominicaine.

En guise se solution, Etzer Émile s'en prend aux élites du pays qui doivent travailler afin de créer un pays vivable pour tous ses citoyens. 

« Solisyon peyi an pa anba pon Texas.
Solisyon peyi an se la a pou n chache l.
Fòk la vivab », martèle l'économiste, comme un cri de ralliement.

Le développement d'un pays a toujours été un processus scientifique: « Pa gen maji nan sa », dit-il. Il revient aux élites  de créer les conditions pour que les Haïtiens puissent vivre dans leur pays. Et cela passera par un vrai agenda national qui devrait être exécuté par de nouvelles personnes ayant une dimension, une capacité et une conscience nationale. Car, ce que nous vivons aujourd'hui, c'est l'échec collectif de ceux qui nous ont dirigés et qui nous dirigent encore.

Sans vouloir clairement se présenter comme l'alternative, l'économiste a, ce matin,  au micro de Guerrier Dieusel et de René Pierre Renel, fait un diagnostic des causes de nos malheurs et nous propose de travailler à rendre vivable ce pays, si réellement nous souhaitons que les autres, qui se disent pays amis, cessent de nous piétiner comme le font les États-Unis d'Amérique nous traitant comme des « canards sauvages ».

L’économiste Etzer Émile, depuis la sortie de son célèbre livre intitulé « Haïti a choisi de devenir un pays pauvre », arpente le pays pour donner des conférences qui, pour la majorité, font salle comble. Ayant la cote auprès des jeunes, présent sur les réseaux sociaux, il est aussi très sollicité dans les médias. De nombreux observateurs lui prêtent des ambitions présidentielles. 

 

 

Par: James Jean Louis
jameslouin86@gmail.com

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