PubGazetteHaiti202005

En 24 heures, Ariel Henry s’est débarrassé de l'aile dure du Jovenelisme 

Ariel Henry, premier ministre

Le premier ministre Ariel Henry sort au fur et à mesure sa tête de l'eau. Après une difficile traversée du désert, il est finalement parvenu à envoyer le signal indiquant à qui veut l'ententre qu'il est désormais le seul capitaine à bord, un mois après l’assassinat de Jovenel Moïse. En limogeant Renald Lubérice qui l’affrontait directement dès son entrée en fonction avec ses tweets dévastateurs, le ministre de la justice Rockfeller Vincent qui le défiait à maintes reprises et le commissaire du gouvernement Bed-Ford Claude qui lui a interdit de quitter le pays après l'avoir accusé dans l'assassinat de l’ancien président de la république, le neuro-chirurgien prouve qu'il a pu non-seulement résister aux assauts de ses « cousins ennemis », mais a aussi réussi à imprimer sa marque.

En prenant ces décisions, Ariel Henry qui donnait l'impression d'être hésitant et timide a réussi en 24 heures à renverser la vapeur, du moins pour le moment. Il a son nouveau ministre de la Justice, son nouveau Secrétaire Général du Conseil des ministres et un nouveau commissaire du gouvernement, donc il commence à prendre la mesure du pouvoir. Le seul Joveniste à être encore en poste aujourd'hui est Claude Joseph, ministre des affaires étrangères qui fait plutôt profil bas après avoir abandonné le  poste de premier ministre au profit de Ariel Henry nommé par Jovenel Moïse peu avant son assassinat. Le statisticien semble savoir comment se retirer et faire place. Il continue de faire son job,  n'attaque pas son premier ministre ni le désavoue publiquement même s'il n'a pas signé l'arrêté consacrant le limogeage de son collègue de la justice.

Avant de prendre ces mesures, d'aucuns doutaient de sa capacité et de son leadership à diriger. On évoquait les lois pour montrer que le Premier ministre était dans l'impossibilité d'opérer des changements dans l'appareil étatique. 

Lors d'une intervention à la presse, il disait d'un ton calme que non seulement il n'y avait pas de provisions légales pour nommer un président après l'assassinat de Jovenel Moïse mais surtout qu'il détenait tous les pouvoirs même celui de déclarer la guerre. Certes, il n’a pas déclaré pas la guerre, mais il est parvenu désormais à s’imposer pour l’instant comme le véritable patron de l’exécutif en évinçant notamment l'ancien homme fort du Palais National, Rénald Lubérice qui a déjà mené la vie dure à au moins trois ministres de Jovenel Moïse.  

Ariel Henry n'a pas seulement réussi à se débarrasser des « Jovenelistes zélés » qui lui mettaient les batons dans les roues, il est aussi sur le point de diminuer l’influence des promoteurs de l'Accord de Montana et de mettre hors d’etat de nuire le président du tiers du Sénat Joseph Lambert avec le lequel il comptait dans un premier temps diriger à travers un éxécutif bicéphale. L'international qui doutait du leadership du premier ministre à faire avancer les choses l'a rencontré ce mercredi 15 septembre 2021 et le soutient publiquement.  Un signal fort envoyé aux détracteurs de l'homme qu'on accuse d'avoir été choisi et imposé par l'ex président Joseph Michel Martelly et d'être impliqué dans l'assassinat de Jovenel Moïse. Le blanc semble pour l'heure ne reconnaitre que l' « accord Ariel » signé par « environ deux cents organisations politiques et de la société civile ». 

Cependant, un défi majeur attend le chef du gouvernement, celui de concilier les intérêts de ceux qui ont signé son accord. Qu'il soit clair pour tout le monde, aucun des partis signataires de cet accord ne le fait pour les beaux yeux du premier ministre. Disons-le haut et fort: ils veulent leur part du gâteau et Ariel Henry en bon négociateur ne promet apparemment rien à personne. « Vous signez l'accord et on verra après pour la gouvernance », leur dit-il, selon ce qu'ont rapporté certains signataires. Et si le premier ministre ne parvient pas à satisfaire tous les appétits et surtout des plus gloutons ? Comme cela se fait traditionnellement en pareille situation, il risque d’avoir des dissidences et des contestations, ce qui mettra probablement en péril la gouvernance à l’ère de Ariel Henry. Jusqu'à date sa stratégie se révèle payante mais les garanties qu'il peut atteindre son objectif d'une « gouvernance appaisée et efficace » demeure hypothétique. 

S'il est vrai que le premier ministre gagne sa première manche, il n'en demeure pas moins que sur son chemin des embûches seront  dressées. Mis à part les signataires déçus, le lancement du mouvement politique des Jovenelistes emmenés par Rénald Lubérice sera la principale opposition à son pouvoir. 
Une alliance même conjoncturelle entre les Jovenelistes qui passent déjà dans l'opposition et les nombreux acteurs, organisations et partis qui ont signé l'Accord de Montana peut faire très mal à Ariel Henry. Qui aurait imaginé que le Secteur Démocratique emmené par André Michel et le PHTK de Michel Martelly se retrouveraient aujourd’hui signataires d’un même accord ? 

Le pays en proie à un héritage d'insécurité sans précédent laissé par l’administration de Jovenel Moïse est à bout de souffle. Il ne suffit pas de prendre le pouvoir, il faut pouvoir l'exercer au profit de la population, fatiguée de la mauvaise gouvernance basée sur la corruption généralisée qui met à l’arrêt le développement du pays.

 

 

 

PAR GAZETTE HAÏTI NEWS 

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