PubGazetteHaiti202005

Les injections de la BRH favorisent les banques, selon l'économiste Etzer Emile

L'écomiste Etzer Emile

L'économiste Etzer Emile a analysé la situation très inquiétante de l'économie haïtienne au bord du gouffre. Il a abordé ce jeudi les problèmes du taux de change et l'effritement dans les réserves nettes de change du pays évaluées actuellement à 478 millions de dollars, moins signifiantes, selon lui, depuis le départ de Jean-Bertrand Aristide durant la période 2004-2005. 


À l'instar de la crise politique, l'inquiétude est grandissante par rapport à la situation économique d'Haïti. Intervenant à l'émission "Grand boulevard"  ce jeudi, l'économiste Etzer Emile a sonné l'alarme sur les réserves nettes de change du pays réduites à 478 millions de dollars parce qu'à chaque fois, la BRH a eu recours sur celles-ci pour faire des injections sur le marché des changes. « En février 2017, la reserve nette du pays était de 1,8 milliard de dollars. C'est inquiétant d'utiliser tout le temps ces réserves pour calmer le marché des changes », a critiqué l'économiste.


« D'octobre à nos jours, la BRH a déjà injecté 86 millions de dollars sur le marché. Cependant, les résultats ne sont pas probants », a noté l'économiste Emile qui voit que ces injections profitent en particulier aux banquiers et aux gros importateurs. 


« Les banques sont sorties doublement avantageuses puisqu'elles bénéficient directement des injections de la BRH et de 40 %  sur les transferts d'argent », a révélé l'économiste. 


Analysant le décret qui modifie certaines dispositions du décret du 6 juillet 1989 sur les maisons de transferts, l'économiste Etzer Emile a dévoilé l'arbre qui cache le forêt. 

Précisions à l'appui, l'auteur de « Haïti a choisi de devenir un pays pauvre », explique qu'avant la mesure, 50 %  des transactions se faisaient sur le marché informel. Actuellement, a-t-il affirmé, il y a une énorme difficulté pour que les consommateurs achètent le dollar, d'autant plus de récupérér la totalité de leur dollar en banque. « Personne ne peut provoquer l'enchère avec l'eau de pluie », a indiqué l'économiste pour entrer dans le vif du sujet.

« Une banque commerciale en raison de sanction, doit se conformer sur le marché des changes. Pourtant, elle contourne les dispositions en utilisant une sorte de canalisation du dollar sur le marché informel. À travers ce circuit, sur chaque dollar, les banquiers ont fait un profit de 20 gourdes », a confié sans langue de bois l'économiste. 

Selon lui, la BRH ne peut pas résoudre le problème du dollar. « C'est un problème dû au ralentissement de l'économie, une politique instable, un marché monopolisé par des acteurs économiques, le manque d'investissements étrangers », a-t-il avancé comme justification. 

Un autre facteur de la dévalorisation de la gourde, si l'on en croit l'économiste Emile, c'est la performance du gouvernement dans la gestion de la finance publique qui a un lien direct avec l'évolution du dollar. 

« De octobre à fin février, le gouvernement a déjà sollicité auprès de la BRH, 31 millards de gourdes en vue de couvrir ses dépenses. On constate donc une augmentation de la gourde par rapport au dollar. La valeur du dollar est déterminée en fonction de l'autre monnaie en circulation. Les 31 milliards de gourdes représentent 70 % de la quantité de gourde que devrait utiliser l'État durant toute l'année », a déploré l'économiste. 


À l'exception du transfert d'argent, d'autres activités à savoir le tourisme ainsi que l'importation ayant augmenté de 40 %, ne permetent pas l'entrée du dollar.


Etzer Emile prend à contre pied la BRH sur cette mesure qui, selon lui, oublie totalement la population en ce qui a trait à l'utilisation du dollar. « Quand on achète un produit dans un magasin, cela coûte moins cher que si on paie avec la devise américaine qu'au moyen de la gourde. Parce que chaque magasin affiche leur taux en fonction du marché informel », a-t-il décrit, avant d'appeler à inverser la situation pour sortir dans cette course à la recherche du dollar. 

 

 

 

Par Michel Césaire

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