PubGazetteHaiti202005

L'inadéquation entre le taux de référence de la BRH et le taux d'acquisition du dollar: une des causes de l'appauvrissement des Haïtiens, selon Réginald Boulos 

Réginald Boulos, leader MTV

Selon Reginald Boulos, il y a six taux de change du dollar dans le pays, une situation qui détériore la vie des consommateurs et les activités économiques en Haïti. Intervenant sur les ondes de la radio Magik 9, le 11 mars 2021, l'homme d'affaires soutient que c'est l'une des causes de l'inflation et de l'appauvrissement du peuple haïtien.

« Taux de référence (BRH), taux moyen d’acquisition (TMA), taux de vente des injections de la BRH, taux de vente des banques aux clients, taux du marché informel et taux de la douane », rapporte Reginald Boulos qui indique qu'avec tous ces taux qu' « il n’y aura aucune prospérité sociale et économique (dans le pays). »

Les premiers perdants de ce déséquilibre du taux de change sont les consommateurs et les commerçants qui ruent vers le dollar partout dans le pays. 

« Le pays vit en grande partie des transferts de l'étranger. Lorsqu'on paie le transfert à 75 gourdes, les commerçants, privés du dollar pour toutes leurs importations, sont obligés aussi d'aller acheter le dollar sur le marché informel, et achètent ainsi le dollar à 95 gourdes », argumente l'homme d'affaires Reginald Boulos sur ce point qui explique qu'en ce sens « le commerçant se dit lorsqu'il va vendre ses produits, peut-être que le dollar atteindra 105 gourdes. Il anticipe, et que c'est sur cette base qu'il calcule le prix qu'il doit vendre ses produits ».

« Le peuple, quant à lui, qui reçoit aussi son transfert en gourdes (au taux référentiel de la BRH), les produits qu'il a l'habitude d'acheter lorsqu'officiellement le taux était 120 gourdes, il ne peut plus les acheter (aujourd'hui) », analyse Dr Boulos. 

Plus loin, fort de ce constat, le leader du MTVAyiti explique que « lorsque la dépréciation était en cours, les malheureux avaient reçu les transferts à un prix le plus proche de celui disponible dans les rues. À ce moment leur pouvoir d'achat était préservé », soutient le propriétaire des supermarchés "DéliMart" qui fait savoir qu'aujourd'hui « le pouvoir d'achat du peuple est passé de 20 à 25% de réduction. La conséquence de ceci est une diminution des activités économiques en générale et surtout un appauvrissement du peuple qui vit des transferts ».

La contrebande, une des causes de la pression du dollard sur la gourde

Dans ce contexte, Reginald Boulos parle d'une diminution des revenus de l'État par rapport aux prévisions qui est due à la contrebande. La contrebande étant partout présente dans le pays est aussi à la base des divers déficits budgétaires auquel est confronté le régime en place.
« La contrebande est sur la frontière, à Port-au-Prince, à travers tout le pays gérée par des grands manitous depuis 10 ans. (Un facteur) qui a causé tous les déficits de l'année dernière », affirme Dr Boulos qui estime que si on continue sur ce rythme, le pays risque de connaître un autre déficit budgétaire de 73 à 75 milliards de gourdes.

D'un autre point spécifique, il y a la corruption qui est à la base du déséquilibre du taux de change. Selon Boulos, « entre 2017 et 2020, sur les trois dernières années, Haïti a perdu 13 places dans le classement de la transparence. Il est passé de 157e à 170e sur 179 pays. Il est dernier dans (la lutte contre) la corruption », déplore-t-il.

Taux d'inflation: effet du déséquilibre du marché transfert

La Banque de la République d'Haïti (BRH) a mis en application, le 1er octobre 2020, la circulaire 114-2 relative au marché d'échange en Haïti. « Les banques et les maisons de transfert sont tenues de payer les transferts internationaux : a) en monnaie étrangère si le bénéficiaire reçoit les fonds sur son compte de dépôt en dollars américains domicilié dans une institution financière ; b) en gourdes si le bénéficiaire reçoit le paiement à n'importe quel point de service (succursale, agence, bureau, kiosque) ou sur un instrument de paiement », précise la circulaire. 

Aujourd'hui, l'homme d'affaire Reginald Boulos croit que cette circulaire fait perdre à la population haïtienne, notamment les plus pauvres, leur pouvoir d'achat entre 20 à 25%. Selon le patron du parti politique MTV, la baisse du pouvoir d'achat vient grossir le taux d'inflation qui était de 19 % à 40 %. C'est-à-dire, à force que les prix des produits augmentent, c'est ainsi que les pauvres, qui vivent des transferts de l'étranger, n'arriveront pas à s'approvisionner.

« Il faut ajouter les grands déficits budgétaires à la dépréciation de la gourde due au déséquilibre du marché d'échange, où chaque institution à son propre taux, cela ne cesse d'accentuer l'appauvrissement du peuple haïtien », déclare Reginald Boulos, ancien supporteur de Jovenel Moïse, passé depuis un certain dans l’opposition. 

 

 

 

Par Juhakenson Blaise

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