PubGazetteHaiti202005

Maradona, le castrisme dans la peau

Maradona et Fidel Castro

Diego Maradona montre à Fidel Castro le tatouage à son effigie sur son molet. A la Havane, en octobre 2001.Reuters
 

Le footballeur argentin avait multiplié les voyages à Cuba et les déclarations de soutien à la gauche communiste.

Il y a juste quatre ans, le 25 novembre 2016, mourait Fidel Castro, le père de la révolution cubaine, et Diego Maradona - dont on a appris la mort ce mercredi - témoignait, en larmes : «On m’a annoncé la mort de celui qui était le plus grand, sans aucun doute. […] Je suis terriblement triste, parce qu’il était pour moi comme un second père.»

Entre «Pelusa» (le duvet, surnom qu’il traînait depuis l’adolescence) et le dirigeant à la barbe légendaire, il y avait en effet une relation très proche, née en 1987, lors de la première visite du champion du monde à Cuba. Fidel Castro, féru de sport, même si le football est marginal sur l’île où le baseball est tout-puissant, ne pouvait laisser passer l’occasion: il reçut Maradona au Palais de la Révolution et les images firent le tour du monde.

En 2000, le footballeur retourne à Cuba pour traiter sa dépendance à la cocaïne. Lui qui portait depuis les années 90 l’effigie de son compatriote Che Guevara, né comme lui à Rosario, en Argentine, tatouée sur le biceps droit, se fait graver sur le mollet gauche le visage et la signature de Fidel Castro. Les rencontres entre les deux hommes se poursuivent, à l’occasion d’autres traitements médicaux, comme le pontage gastrique qui fait perdre 40 kilos au footballeur. Mais aussi simplement pour le plaisir de se revoir. «Ce qu’il a fait pour moi est indescriptible. Avec Dieu, il est la raison pour laquelle je suis encore en vie», s’extasiait Maradona. Et quand les deux hommes ne se voyaient pas, ils s’écrivaient de longues lettres.

«Le Ché du football»

En 2005, Maradona enregistrait une longue conversation avec Fidel, qu’il diffusera dans son émission télévisée La Noche del 10 (la nuit du 10). Trois ans plus tard, quand Castro, malade, abdique en faveur de son frère Raul, Diego Armando est l’un des premiers à rendre visite au patriarche en survêtement.  

Au-delà de son respect filial pour le père de la révolution cubaine, Diego Armando Maradona apportera son soutien au camp progressiste latino-américain, des époux Kirchner, Nestor et Cristina, péronistes de gauche qui gouvernent l’Argentine, l’un après l’autre, de 2003 à 2015, à Hugo Chavez à qui il rend visite en 2005. A chaque fois, celui que Fidel Castro avait rebaptisé «le Ché du football» tenait un discours anti-impérialiste et antiyankee, peu courant dans le monde mercantile du ballon rond de haut niveau. De ce point-là aussi, Maradona fut un être à part.




Par Gazette Haiti avec Libération

Category

Politique

Culture

Economie

Sport