PubGazetteHaiti202005

Josué Pierre Louis révèle avoir quitté la commission de dialogue de Jovenel Moïse parce qu'elle n'allait pas dans le sens des intérêts du pays

Dr Josué Pierre Louis, ex Ministre de la justice


Huit (8) mois après avoir démissionné de la commission présidentielle chargée du dialogue avec l'opposition, le docteur en droit, Josué Pierre Louis retourne sur les motifs de son départ. Celui qui s'était tu après cette décision qui avait surpris l'opinion, vu sa proximité avec le pouvoir, décide enfin d'en parler.

« Je suis un juge de formation, un haut fonctionnaire de l'État et c'est ce que je fais comme métier et je prête plusieurs serments pour être au service de l'intérét général. Si je participe à une activité, c'est que j'y entrevois l'intérêt du pays et si c'est le contraire qui point à l'horizon, je plie bagage automatiquement ». C'est ce qu'a déclaré l'ancien ministre de la justice de Michel Martelly et ancien Coordonnateur de l'OMRH sous Jovenel Moïse à l'émission Sa k Kap Kwit sur Télé 20

Josué Pierre Louis répondait ainsi à une question du journaliste Robenson Géffrard selon laquelle sa démission aurait été mal reçue par le chef de l'État pour avoir été aussi proche du pouvoir et qu'il serait en disgrâce. A cette dernière question, il explique qu'un fonctionnaire doublé d'un intellectuel ne saurait être en disgrâce.

Selon le Dr en droit, qui a déjà prêté ses services à plusieurs chefs d'État dont Jean Bertrand Aristide, René Préval, Michel Martelly et Jovenel Moïse, en Haïti, les chefs ne sont pas prêts à accepter les opinions contraires quand vous faites partie de leur entourage. « Il y a une mauvaise compréhension du concept chef en Haïti. Vous ne pouvez pas avoir une idée divergente, vous ne pouvez non plus ne pas être d'accord sur un point de vue et par conséquent tous ceux qui sont autour du chef doivent s'aligner et le jour où vous montrez un désaccord on vous met à l'écart, a tancé Josué Pierre Louis faisant vraisemblablement allusion à la décision de le remplacer à l'OMRH.
Selon Me Josué Pierre Louis, le rôle de l'expert qu'il est consiste à proposer au pouvoir politique la meilleure voie à suivre pour résourdre le problème et s'il ne peut pas remplir cette tâche, il n'avait plus sa place, rappelant avoir déjà démissionné en maintes occasions dans sa carrière. " Il n'y a pas de pouvoir sans responsabilité, a par ailleurs indiqué l'ex ministre. On ne peut pas avoir une mission et on y reste attaché sans pouvoir délivrer », critique-t-il. « Mwen pa nan pito nou lèd nou la! »

Il explique avoir accepté d'intégrer la commission de dialogue parce qu'il était convaincu que c'était nécessaire et urgent de trouver un accord politique. "Je ne vois pas comment Haïti peut sortir de cette impasse sans un accord politique", a insisté le Dr en droit proche de l'ex président Michel Martelly, ajoutant qu'il ne doit s'agir d'un accord uniquement pour occuper des postes au niveau du pouvoir d'état. Il appelle en ce sens à la sagesse et au dépassement de soi des uns et des autres pour arriver à ce compromis tant indispensable pour le pays, croit-il.

Ce compromis politique est d'autant plus important que les défis telles la réforme constitutionnelle, la formation du CEP, l'organisation des élections ne pourront pas être abordés dans des périodes de turbulences politiques, conseille Josué Pierre Louis qui apelle à un dialogue.

Réagissant au décret électoral soumis au président Jovenel Moïse par le CEP avant de démissionner en bloc, il affirme que le pouvoir peut toujours avancer dans cette voie mais pour organiser des élections, il faut un consensus car elles concernent au premier chef les partis politiques, qu'ils soient de l'opposition ou du pouvoir.

L'homme de loi qui s'est exprimé publiquement pour une rare fois sur la politique haïtienne estime que le moment est venu pour sortir le pays de la transition post 86. Pour lui, cette question a été mal abordée depuis 1986 car on ne sort pas d'une dictature pour passer directement à l'État de droit. Il fallait passer d'abord par un état intérimaire, un état légitime, un État de fait, État légal, État de droit et État de droit économique. Pour l'heure, Haïti est un État de fait, croit le spécialiste en droit.

Selon des sources, les relations entre l'ancien ministre de la justice de Michel Martelly et le Palais étaient coupés depuis sa décision de démissionner de la commission chargée de faire le dialogue. Cette décision, il l'a prise en toute indépendance et ne le regrette pas selon des proches de l'interessé.

Il y a environ, un mois la prise de position de Josué Pierre Louis contre la démarche de Jovenel Moise de changer la constitution avait surpris plus d'un. Le président Jovenel Moise ne peut pas changer la constitution en dehors des normes tracées, avait-il défendu.




Par Jose Emmanuel

Politique

Culture

Economie

Sport