PubGazetteHaiti202005

Haiti/Politique: - Une dizaines de partis politiques de l’opposition écrivent au Secrétaire Général de l’ONU pour dénoncer le dernier rapport de Hélène B. La Lime sur Haïti

Helen La Lime, Cheffe du BINUH


Dans une lettre ouverte au Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, une dizaine de partis et de regroupements de partis politiques de l’opposition disent avoir de sérieuses préoccupations concernant le rapport présenté par M. Guterres à la réunion du Conseil de Sécurité sur Haïti le 19 juin dernier, eu égard à la mission assignée au Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti, BINUH. Il s’agit de l’OPL, AAA, MOCHRENHA, FUSION, VERITE, VEYE YO, INIFÒS, Secteur Démocratique et Populaire, Initiative Patriote Marien – IPAM et INITE.

Les responsables de ces structures politiques disent ne pas croire que le rapport, qui porte sur 9 grands points, ait été conçu en conformité avec les exigences contenues dans la mission du BINUH. Ces 9 points sont : Politique et bonne gouvernance - Lutte contre la violence de proximité - Justice et État de droit - Droit de la personne - Chômage, jeunesse et groupes vulnérables - Services sociaux de base et résilience des ménages - Dispositif opérationnel et intégration - Exploitations et atteintes sexuelles – Observations.


Les politiques ont attiré l’attention d’Antonio Guterres sur les trois premiers points du rapport. Concernant le premier point particulièrement, les signataires de cette lettre ouverte attirent l’attention de M. Guterres sur la mauvaise gestion de la crise sanitaire due à la COVID-19 par le gouvernement haïtien citant principalement l’incapacité de ce dernier de prendre en charge les personnes atteintes du Coronavirus en dépit des millions dépensés pour l’achat de matériel médical. Ils déplorent que le BINUH ait fait mention de l’absence du parlement haïtien comme s’il s’agissait d’un mode de fonctionnement de la démocratie haïtienne tandis que La Constitution de 1987 amendée est élaborée dans le souci d'une politique claire et transparente d’équilibre entre les trois pouvoirs de l’État. « L’absence du parlement a conduit à la concentration des pouvoirs aux mains d'un seul représentant de l’État à savoir le Président de la République. II a mis en place, de manière unilatérale, un gouvernement de facto, fait publier des décrets sous prétexte du dysfonctionnement du parlement. Il revient, ici, de se poser clairement la question suivante : le Pouvoir Exécutif en place, a-t-il organisé régulièrement les élections comme le veut la Constitution ? », peut-on lire dans la lettre.

Quant au second point qui concerne la Lutte Contre la Violence de Proximité, les signataires de la lettre soulignent à l’attention du secrétaire général de l’ONU l'occupation du territoire par des gangs armés et la terreur qu'ils répandent au su et au vu du gouvernement. Conséquence, selon eux, de l’inefficacité de la lutte contre la violence de proximité engagée en Haïti depuis 1994 par les Nations Unies. «Aujourd'hui encore, le même problème, en prenant des dimensions inimaginables, se pose dans toute son acuité », font-ils remarquer affirmant qu’une commission haïtienne de désarmement, de démobilisation et de réinsertion n’aurait jamais donné de résultats face à ce fléau.

En ce qui concerne le troisième point, les dirigeants politiques dénoncent le fait que « le rapport du BINUH sur la situation actuelle  d'Haïti a amoindri considérablement la notion de "Justice et État de Droit". ». En effet, ils se questionnent perplexes sur le silence dans ce rapport sur l'inexistence des contre-pouvoirs. « Pourquoi ne pas avoir mentionné l'arbitraire, l'omnipotence de l’Exécutif ? Pourquoi se taire sur le dysfonctionnement de la Justice et les différentes violations de la Constitution par le Pouvoir Exécutif dans le contexte actuel ? ».

Ils critiquent aussi plusieurs autres manquements dans le rapport affirmant que le document présenté devant le Conseil de Sécurité ne tient pas compte de deux facteurs importants et même primordiaux, dans la compréhension de la crise qui secoue actuellement Haïti. Le premier concerne l’échec des négociations entamées sous l’égide du BINUH en collaboration avec la Nonciature Apostolique. « À aucun moment, il n’est fait mention de la mauvaise foi de l'équipe de la Présidence qui s’est toujours refusée à mettre sur la table des discussions le mandat présidentiel, l’une des revendications principales des forces politiques et des représentations des secteurs de la société civile. C’est pourtant l’une des raisons fondamentales de l’échec des pourparlers. Aujourd’hui, juristes, universitaires de toutes tendances argumentent, à partir d’analyses sérieuses de la Constitution et du décret électoral, que le mandat du Président Jovenel Moïse prendra fin le 7 février 2021 alors que celui-ci prétend vouloir rester au pouvoir jusqu’en 2022 ».

« Monsieur Jovenel Moïse, Président de la République, seul maître à bord, avance sans balises, sans garde-fous avec un agenda catastrophique. L’implication, désormais prouvée, de l’Exécutif dans le soutien à certains gangs armés pour le contrôle de zones à fort potentiel électoral n'est pas non plus suffisamment signalée dans le rapport, ce qui met en cause l’un des objectifs majeurs de la mission en Haïti qui est le rétablissement et le maintien de la sécurité », écrivent ces dirigeants politiques de l’opposition ». À ce sujet, Jimmy Chérizier, alias Barbecue, ex-policier, chef de gang recherché par la Police, a le 23 Juin 2020, fédéré avec force publicité des groupes armés baptisés « G-9 An fanmi ». Il s'agit d'une coalition de neuf chefs de gangs, toujours selon la teneur de la lettre.

Dans son rapport paru le mardi 23 Juin, le Réseau National de Défense des Droits Humains, RNDDH souligne que "le G-9 est aujourd'hui puissant au niveau du pouvoir. Ses membres participent à des rencontres de haut niveau, sont consultés par les autorités étatiques et leurs conseils sont pris en compte. Le RNDDH exige la fin de la protection des gangs en Haïti par le pouvoir en place, ont ajouté les signataires.

 

Par Diego O Charles
Lezec15@gmail.com

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