PubGazetteHaiti202005

Selon Etzer Emile, le budget 19/20 est sincère et réaliste parce qu'il reflète la faillite financiere de l'état.

Économiste Etzer Emile


Contrairement à plusieurs de ses confrères, l’économiste Etzer Emile laisse entendre que le nouveau budget de la République est sincère. Dans la mesure où le document reflète la réalité actuelle du pays. M. Emile s’appuie sur une analyse d’évaluation du budget qu’il a réalisée en prenant en compte certains des grands principes d’évaluation du budget à savoir : les principes de sincérité budgétaire, d’annualité, d’unité, de spécialité, d’universalité et d’équilibre budgétaire. Toutefois, à l’instar de plusieurs autres économistes, M. Emile déplore que ce budget ne favorise pas la croissance.


Etzer Emile prend le contre-pied des réflexions de plusieurs autres économistes dont Fritz Alphonse Jean et Enomy Germain pour qui le budget n’est ni sincère ni réaliste et encore moins crédible. Pour M. Emile, le budget 19/20 témoigne d’un certain niveau de sincérité de la part des autorités fiscales et budgétaires, en ce sens que le document reflète la financière du pays, a-t-il justifié.

Cependant, l’analyste économique émet de sérieux doutes quant aux capacités de l’Etat à réaliser les objectifs fixés dans ce document en raison du contexte socio-économique difficile actuel. « Les ressources prévues de 198 milliards de gourdes semblent être chimériques dans ce contexte de ralentissement économique. D’une part, les recettes fiscales vues plus haut sont hypothétiques, d’autre part, la partie du financement ne rassure pas totalement », explique M. Emile. Il fait remarquer le décaissement effectif et total du prêt de Taiwan pour la réhabilitation du réseau national de distribution de l’électricité évalué à 9.67 milliards de gourdes n’est pas sûr avant le 30 septembre 2020.

Le chroniqueur économique de Vision 2000 émet également des doutes concernant la concrétisation des promesses d’appui budgétaire de la communauté internationale. Il en veut pour preuve notamment l’attitude hésitante des principaux bailleurs. « Il est à noter aussi que le support des partenaires extérieurs attendus est à hauteur de 37 milliards de gourdes qui sont constituées de 17,9 milliards de gourdes d’appuis budgétaires et de 19,1 milliards de gourdes au titre de dons et emprunts projets. Comment peut-on être sûr de recevoir 350 millions de dollars de support de l’international sur l’année avant le 30 septembre? Très hypothétique », pense Etzer Emile.


En ce qui a trait aux perspectives de croissances pour le prochain exercice fiscal, le professeur à l’Université Quisqueya dit que le nouveau budget ne présage rien de bon, en ce sens. «… le payrol de l’État représente 53% de ses recettes. Ce qui, selon lui, diminue considérablement les marges de manœuvre du Gouvernement pour des actions pro-croissance à travers les investissements publics et la masse salariale/ressources domestiques …», constate Etzer Emile. Il dénonce la réduction d’environ 33% du budget de l’agriculture dans le contexte de rareté de produits agricoles et d’augmentation des risques d’insécurité alimentaire. Il pense qu’il pourrait s’agir d’un signe de désintérêt pour ce secteur.

Plus loin, le responsable de Haïti Efficace se réjouit de l’augmentation de l’enveloppe accordée à la santé dans ce budget. 21,6 milliards de gourdes dont 16 milliards destinées à l’investissement. « Comme prévu, le budget de MSPP est passé de 5,6 milliards de gourdes pour l’exercice fiscal 2017-2018 à 21,6 milliards de gourdes cette année, soit une augmentation en monnaie nationale de 285% ». Espérons qu’après le Coronavirus, ce secteur aura bénéficié de quelques investissements durables ». Cependant, l’économiste dit souhaiter que « le secteur de la santé aura bénéficié de quelques investissements durables à partir de ces fonds ».

Etzer Emile dit avoir également constaté que moins de ressources ont été allouées aux institutions de contrôle et de lutte contre la corruption dans le budget. « La Cour Supérieure des comptes a vu son budget baisser de 53,88 % pour passer de 1,6 milliards de Gourdes en 2017-2018 à 758,15 millions de Gourdes. Le budget de l’Inspection Générale des Finances (IGF) ainsi que celui de la CNMP ont diminué respectivement de 5.78% et de 14.35%. En ce qui a trait à l’UCREF et l’ULCC, les budgets sont pratiquement restés au même niveau en monnaie nationale, mais subissent une certaine diminution en valeur réelle », dénonce l’économiste.

Il dénonce aussi le fait qu’aucun financement en provenance des entreprises publiques et organismes autonomes n’est prévu dans le budget. Ces institutions, telles que : ONA, OAVCT, AAN, OFNAC, APN, CINA, Moulins d’Haïti et NATCOM… ont l’obligation légale de fournir au trésor au public une partie de leur revenu en support à la douane et la DGI.

 

 

Par Diego O. Charles
Lezec15@gmail.com

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