Etzer Emile déplore que les actions gouvernementales dans le cadre de la réponse au CoronaVirus ne soient pas adaptées aux réalités du pays. A l'espace Invité du Jour sur Vision 2000, M. Emile dit espérer que le gouvernement tirera profit des opportunités offertes par la crise sanitaire actuelle et que les autorités concernées feront une bonne gestion des fonds octroyés à Haïti.
Avec des prévisions notamment de croissance négative de -4%, d’un taux d’inflation de 23%, d’une hausse du déficit budgétaire de 6% du PIB, d’une pression fiscale d’environ 10% et d’une dépréciation accélérée de la gourde... La relance de l’économie nationale après le COVID-19 dans des conditions économiques pareilles s’avère une gageure d’autant que le secteur agricole haïtien s’est quasiment effondré au cours des dernières années, fait remarquer l’économiste Etzer Emile. Le PDG de Haïti Efficace regrette que la posture actuelle du gouvernement ne correspond au niveau du défit économique qui nous attend après le COVID-19 dans un contexte où un peu plus de 5 millions d’habitants sont frappés d’insécurité alimentaire. La crise actuelle ne doit pas être abordée de façon superficielle mais dans toute sa profondeur, selon le directeur du Centre pour l'Entrepreneuriat et l'Innovation à l'Université Quisqueya, UniQ.
« Je suis d’accord pour qu’on apporte une réponse ponctuelle aux personnes les plus vulnérables affectées par la crise sanitaire actuelle mais elle ne doit pas consister en une question de rations sèches et de transfert de 3 mille gourdes aux ménages », déplore le professeur d’université estimant que les programmes économiques et sociaux dans le cadre de la réponse au COVID-19 sont condamnés à être inefficaces et non-efficients en raison de l’absence de données fiables et actualisées. Etzer Emile estime que la réponse doit prendre en compte les goulots d'étranglement de l’économie particulièrement la configuration du système économique haïtien fondée sur des inégalités sociales énormes. Aujourd’hui, l’approfondissement des principales causes de la situation économique actuelle du pays se révèle une nécessité, selon l’analyste économique. Car, sans cet exercice, on ne pourra pas entreprendre les reformes tant nécessaires à la croissance économique du pays, insiste le chroniqueur économique qui s’interroge perplexe sur le fait que la République Dominicaine soit devenu 10 fois plus riche qu’Haïti en environ 50 ans.
Le Directeur du Groupe d’Education Economique et Financière, plaide en faveur de l’adaptation des politiques économiques aux réalités haïtiennes. Il cite particulièrement les politiques commerciales, budgétaires et fiscales. Etzer Emile dit souhaiter que le gouvernement tirera profit des opportunités offertes par la crise sanitaire actuelle pour relancer l’économie nationale et que les fonds octroyés à Haïti dans le cadre de la réponse au COVID-19 seront bien gérés par les autorités concernées faisant remarquer que la dépréciation constante et inquiétante de la gourde par rapport au dollar américain va se poursuivre. Il met en avant l’évolution des indicateurs économiques et le fait que les interventions de la BRH sur le marché n’ont pas eu les effets attendus à cause de la mauvaise gestion des finances publiques, soulignant que le déficit budgétaire pour les 6 premiers de l’exercice fiscal en cours a déjà atteint le niveau du montant total de celui du précédent exercice soit environ 25 milliards de gourdes.
Le dollar n’a jamais été aussi rare, fait remarquer Etzer Emile qui évoque la baisse des transferts de la diaspora. Le chroniqueur économique dénonce le désordre observé sur le marché des changes avec notamment les maisons de transfert qui refusent d’accorder aux clients leurs transferts en dollar.
Par, Diego O. Charles
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