PubGazetteHaiti202005

102 gourdes pour un dollar/ Cri d’alarme des économistes Camille Charlmers et Emmanuela Douyon.

Economiste Camille Chalmers


Le pays constate une descente vertigineuse de la gourde face au dollar. Les économistes Camille Chalmers et Emmanuela Douyon poussent un cri d’alarme face à la hausse accélérée du taux de change ces derniers jours sur le marché local. En effet, ce vendredi, il fallait au moins 102 gourdes pour l’achat d’un billet vert dans certaines banques commerciales de la place. Ils en appellent à l’intervention urgente des autorités concernées pour changer la donne.

Le pays assiste passivement depuis plusieurs années à une dégringolade de la gourde par rapport au dollar américain. La situation a dégénéré au cours des derniers mois jusqu’à atteindre, le 8 avril dernier, la barre de 100 gourdes pour un dollar américain contre 83,95 en avril 2019; 68, 81 en avril 2017 et 47,47 gourdes en avril 2015. Rien que cette semaine, le taux de change est passé de 100 à 102 gourdes pour un dollar. Une situation qui préoccupe au plus haut point la population qui ne sait à quel saint se vouer.

Cette réalité ne laisse pas indifférents les économistes notamment Camille Chalmers et Emmanuela Douyon. Ils se disent très alarmés par cette hausse accélérée du taux de change. Les analystes économiques croient avoir identifié différents facteurs qui pourraient expliquer ce phénomène économique inquiétant auquel le pays assiste passivement.  Camille Chalmers cite par exemple la double circulation monétaire dans l’économie, le haut niveau de dollarisation de l’économie et le déficit budgétaire supporté par la Banque de la République. 

Outres ces causes d’ordre structurel, l’économiste Emmanuela Douyon pense que le rythme avec lequel le taux de change augmente ces derniers jours constitue l’une des conséquences économiques de la pandémie du COVID-19. En effet, Mme Douyon explique que les agents économiques, voulant conserver la valeur de leur argent face à l’incertitude économique qui plane sur le pays, convertissent leur argent en dollars. Ce qui augmente considérablement le niveau de pression sur le dollar, sans compter le blocage des transferts de dollars dans l’économie haïtienne à cause des mesures restrictives prises à l’échelle mondiale pour éviter la propagation du Coronavirus. Elle fait remarquer que les commandes de matériels et autres intrants médicaux effectuées récemment par le gouvernement à l’étranger ont été réalisées en dollars sans compter les achats de produits alimentaires.

Avis partagé par M. Chalmers qui estime que la situation risque de se dégénérer davantage dans les prochains jours. Il recommande donc au gouvernement d’investir dans l’agriculture et de renforcer particulièrement l’économie paysanne pour éviter le pire au pays. Car cela compensera un grand déficit en produit alimentaire pour le pays dans les prochains jours. Mme Douyon pense, elle aussi, que les autorités monétaires et budgétaires ont un rôle prépondérant à jouer face à la situation actuelle pour garantir la stabilisation du marché des changes. Elle évoque notamment les obligations et les bons BRH. Le gouvernement serait bien inspiré de penser à soutenir les entreprises de production principalement, estime la Petrochallenger.

Enfin, Camille Chalmers insiste sur la nécessité pour la  BRH de jouer pleinement son rôle d’autorité monétaire pour contribuer au ralentissement de  l’effondrement de la monnaie locale par rapport au dollar américain.

 

Par, D.O.C 

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