PubGazetteHaiti202005

Le taux de change a augmenté de plus de 1180% d’octobre 1990 à mars 2020, selon l’économiste Enomy Germain.

Enomy Germain


Selon les résultats d’un travail scientifique de l’économiste Enomy Germain sur l’évolution du taux de change dans le pays sur les (30 dernières années. Faisant  remarquer que la dernière vague de dépréciation de la gourde a commencé en octobre 2017, l’analyste économique a expliqué que trois principaux facteurs économiques sont à la base de la volatilité du taux de change. Il s’agit de : la Dollarisation de l’économie nationale, l’augmentation de la masse monétaire et de la force du dollar sur le marche international. M. Germain a recommandé aux autorités concernées d’agir sur les causes principales de ces variables qui ont un impact direct sur le taux d’inflation.

De tous ces facteurs, le financement monétaire est le plus important dans la descente aux enfers de la monnaie locale par rapport au billet vert, révèlent les résultats de ce travail d’Enomy Germain qui prend en compte les 30 derniers mois. Le financement monétaire étant une puissante variable explicative de l’augmentation de la masse monétaire dans l’économie haïtienne. L’économiste explique qu’à chaque fois que la masse monétaire augmente d’un milliard de gourde, le taux de change a tendance à augmenter de 4.8%. Il précise qu’entre octobre 2019 à mars 2020, le financement monétaire est supérieur à 21 milliards de gourdes. Ce qui, selon lui, constitue un record dans l’histoire économique du pays.

Une autre variable explicative, c’est la dollarisation, de fait, de l’économie nationale, affirme M. Germain. A date, l’économie est dollarisée  jusqu’à plus de 65%, souligne-t-il. C'est-à-dire que 65% du total des dépôts du système bancaire se sont effectués en dollar. L’analyste économique dit avoir constaté que toute augmentation de 1% du taux de dollarisation de l’économie entraine une augmentation de plus de 2% du taux de change. « Sachant que la conservation de la valeur de leur argent en gourde n’est pas garantie, les agents économiques courent après le dollar pour épargner. Ce qui augmente la pression sur le dollar qui se fait de plus en plus rare », raconte le Chargé de cours au Centre de Techniques de Planification et d’Économie Appliquée. Il précise que l’un des éléments favorisant la dollarisation est la double circulation monétaire. Le dollar est autant utilisé pour les transactions que la gourde dans l’économie. Ce qui n’est pas le cas de la République Dominicaine, par exemple.

L’économiste Germain a également constaté que le problème de production n’est pas un facteur explicatif significatif de l’augmentation du taux de change dans le pays entre octobre 2016 à mars 2020. Il en veut pour preuve le fait qu’à des moments déterminés de la période considérée, le taux de change a augmenté de façon vertigineuse, alors que le déficit commercial n’a augmenté que très sensiblement.

Quant à la force du dollar sur le marché international, Germain explique que ce facteur n’est pas du tout négligeable parmi les variables explicatives du taux de change. En effet, à chaque fois que l’indice du dollar (indicateur de la force du dollar) augmente de 1%, le taux de change en Haïti tend à augmenter de 0.47%. Toute chose égal ok e par ailleurs. A rappeler que les USA sont un grand partenaire commercial d’Haïti.

Enomy Germain estime que le problème de déficit public non productif doit être abordé en toute urgence, si la stabilisation du taux de change figure parmi les priorités des pouvoirs publics. Le gouvernement sera également bien inspiré de prendre les dispositions nécessaires pour freiner la dollarisation de l’économie, conseille l’économiste.

 

Par, D.O.C

Category

Politique

Culture

Economie

Sport