PubGazetteHaiti202005

3 avril 2000- 3 avril 2020: 20 ans après l’assassinat de Jean Dominique, l’impunité et la gangstérisation de notre vie sociale et politique normalisées.

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Le 3 avril 2000 ,Jean Leopold Dominique est tombé sous des balles assassines. Le gardien de la Radio (Hait Inter) Jean Claude Louissaint n’a pas été épargné par les bandits. Deux meurtres jusqu’ici jamais élucidés. 20 ans après, rien. La justice se tait, à l’instar de bien d’autre cas avant Jean Dominique et après lui, Jacques Roche, Vladimir Legagneur, Brignol Lindor..L’impunité suit son cours normalisé.

Le 3 avril 2000, la nouvelle de l’assassinat de Jean Do( pour les intimes) a causé un grand émoi dans tout le pays. Haïti sous le choc ne s’imaginait perdre de cette façon aussi brutale  l’un de ses plus fervents défenseurs. 

Jean Dominique était plus qu’un journaliste qui donnait des nouvelles sur des actualités socio-politiques et autres. Vu son statut social de privilégié dans une société à plusieurs vitesses, on le sentait animé d’une mission, celle d’utiliser son micro pour dénoncer les injustices, prendre parti pour les plus faibles, bref, la voix des sans voix. Jean Dominique rêvait d’une Haïti de justice sociale, combattait l’impunité sous toutes ses formes.

20 ans après, qu’est-ce qui a vraiment changé? Rien, si ce n’est la descente aux enfers. La majorité du peuple continue de vivre dans la misère la plus crasse. Des populations des villes de provinces( Peyi an deyò) sont toujours coupées du reste du pays sans infrastructures routières, sans électricité, sans eau potable, sans éducation..dépourvues de tout.
 
20 ans après, l’impunité devient ou est toujours la norme. Près de 4 milliards de dollars volatilisés par des gouvernements, toujours pas de poursuite. Du train que ça va, ce ne sera pas pour demain non plus. Ajoutée à cela, la gangstérisation de la vie sociale et politique. Les bandes armées ne se cachent plus. Elles envahissent nos rues, nos cités, pour maintenant se régionaliser. Elles font désormais partie intégrante de nos vies car elles font « du social » pour répéter ce thème  à la mode. Au temps des réseaux sociaux et du journalisme au rabais, des bandits recherchés paradent sûr Facebook et Twitter et donnent des interviews dans des médias. Des confrères journalistes prennent bien le soin de les appeler « Chefs », pour éviter des désagréments. Des liens serrés entre politiques, hommes d’affaires et des hommes armés ne choquent plus. On est à l’heure de la normalisation du banditisme. 

3 avril 2000- 3 Avril 2020, cela fait 20 ans que Jean Leopold Dominique est parti, assassiné pour ses convictions inébranlables, sa lutte pour un changement véritable en Haïti. 20 ans qu’il a emporté avec lui le journalisme engagé qui nous a tellement fait défaut ces dernières années, à part quelques rares exceptions. Parmi elles, il y a des figures comme Liliane Pierre Paul qui croient encore qu’avoir un micro, c’est d’avoir le privilège d’agir pour changer.


Au delà de la nécessité de continuer à demander justice pour Jean Dominique et Jean Claude Louissaint et tous les autres tués dans de telles conditions, il est plus que nécessaire de repenser le métier de journalisme en Haïti.


LA GAZETTE 

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