PubGazetteHaiti202005

Quand Eric Sauray envoie des SMS !

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L’ascèse poétique chez certains auteurs n’a ni saisons, ni lieux ni contexte particulier. Elle s’inscrit carrément dans une permanence quotidienne de créativité, mieux dans une mission de sacerdoce que l’on accomplit avec bonheur par une attention soutenue sur ce qui se passe dans son entourage immédiat. Tel un ouvrier, il se sert de son imaginaire comme seul outil.

Ce recueil est une compilation de 112 poèmes consacrés uniquement à l’amour et comme à son habitude, avec un titre qui ne doit rien à la routine et qui vous invite au voyage. Le titre d’un ouvrage est tout aussi important que le livre lui-même. Au fil de ces poèmes, le lecteur est subjugué, surpris, choqué et voire interpellé. La magie du titre, faut-il le rappeler, joue un rôle essentiel car tous les ingrédients de ce cocktail explosif sont réunis pour vous communiquer et transmettre les différentes émotions expérimentées par l’auteur. Un mot familier, une rubrique, que tout le monde connaît et qui tombe dans le langage courant, SMS, doublé d’adjectifs tout aussi désopilants, sociologiques, qu’historiques, bref une vraie recette publicitaire.

« SMS aux blanches, aux noires et aux mulâtresses » tel est le titre du septième recueil de poésie d’Eric Sauray. Les destinataires, mieux, les bénéficiaires de ces mots d’amour sont connues. Est-ce pour plagier les femmes que l’auteur déballe ses états d’âme ou alors est-ce sa manière à lui d’aborder avec philosophie les rapports hommes-femmes ?  Une visite guidée à travers 112 poèmes bien habillés par une pléthore de métaphores plus belles les unes que les autres. Et dans cette atmosphère idyllique, on croirait entendre quelques sonorités musicales. Certaines prêtes pour l’enregistrement en studio. Je dois me frayer un chemin dans ce parcours poétique d’Eric Sauray afin de pouvoir raconter son univers rempli de métaphores, de scansions sur les étals des innovations poétiques. Comme toujours, l’auteur a le don de communiquer avec le public en vue de le pousser dans ses retranchements, ses incrédulités. Ce titre peu ordinaire, je dirais iconoclaste suscite la curiosité quelque peu malsaine du public, qui naturellement va se précipiter pour découvrir ce qu’il y a derrière ces nombreux SMS. « SMS aux blanches, aux noirs et aux mulâtresses » est un titre qui naturellement ne laissera personne indifférent. On peut parier sans crainte qu'il remportera un franc succès,  bref c’est jouer d’avance il suffisait seulement d’y penser et d’oser. Eric nous réserve encore bien des surprises propres à nous faire voyager dans les desseins cosmiques de l’amour et cerise sur le gâteau, ses vers sont beaux et percutants, semblables à cette musique qui vous réveille les sens. Et le premier poème qui frappe comme un baryton dans un concert de jazz est on peut plus charmant de cocasserie. On est dimanche. Ce dernier vocable semble servir de prétexte à l’auteur pour une mise en bouche anticléricale à la française : 
« On est dimanche
On a chanté mon libéra
On m'a donné l'extrême onction
Il ne me reste qu'un seul droit
 Enfin t'avouer ma passion
On est dimanche
Tous les hypocrites seront là
Mais, je ne veux pas de toi
Sous le chêne des pleurs
Car tu n’as pas su comprendre
Que j’avais besoin de toi
Avant de me pendre
Car tu n’as pas su comprendre
Que le Rossignol doit chanter pour quelqu’un
Avant de se laisser mourir
Je voulais chanter pour toi
Mais la beauté t’a fuie
Je voulais chanter avec toi
Mais tu t’es noyée dans ta boue. »

Mais diable, qu’est-ce que l’homme de loi reproche aux curés et singulièrement à l’église catholique comme institution de tous les temps ? A ce rythme-là, le lecteur qui s’aventure dans les labyrinthes métaphoriques de l’auteur s’aperçoit que l’ensemble du travail dégage une cohérence poétique séduisante. 

Par ailleurs les mots déposés sur nos maux sont traités d’un point de vue philosophique propre à réinventer l’amour, la vie quoi. Certains poèmes ont cette capacité de tout ramasser et forment des faisceaux poétiques capables de vous faire réfléchir sur l’amour;  l’amour ce sentiment universel dans ses principales déclinaisons.
« Dis-moi ce que tu fais sans moi
Lorsque tu es seule dans le noir
Et que minuit sonne
Le temps des étreintes
Le temps du corps à corps
Dans un lit pas assez grand Pour ceux qui s’aiment intensément
Et qui baisent énergiquement
Pour couvrir le son des violons. »

La ballade à laquelle nous sommes conviés est couvert du sceau de l’amour authentique dans son sens le plus noble. Certains SMS sont-ils arrivés à destination ? Ont-ils été lus, analysés, scrutés scrupuleusement par des récipiendaires captivées et envoutées par la magie des mots ? Espérons-le en effet par ces temps de confinement sévère, un peu d’évasion et d’optimisme ne pourrait que vous redonner le moral :
« Pars et laisse-moi ton cœur
La gloire ramène la tristesse
La célébrité ramène la mort
La lumière conduit aux ténèbres du chagrin
De la solitude
Et de la décrépitude
Alors, pars, si tu veux
Mais, laisse-moi ton cœur »

La réflexion politico philosophique peut vous accompagner et l’effet positif est garanti car il suffit de s’y plonger et vous resurgirez à la surface avec de nouvelles idées et des questionnements sur la vie et l’existence. La poésie, c’est aussi cela ! Ainsi, « Aujourd'hui c’est dimanche », le premier d’une série de 112 poèmes nous invite à nous débarrasser de la vanité humaine et à nous intéresser sur l’essence même de la vie. Quête inépuisable et intrépide de l’amour, plus de 112 poèmes pour dire ses états d’âmes, ses complaintes, ses amours déçues sans compter les innombrables déceptions dont nous cachons les mots qui vont avec. Le poète se met à parler à la place des autres avec une certaine jubilation sans feintes ni faux fuyants. Ici l’imaginaire est fertile et en général c’est bon signe pour accoucher de la bonne poésie susceptible de faire chorus dans les chaumières. On y va à pas feutrés pour expertiser chaque sommation poétique accompagnée d’une dose d’humour pour bien décrire les salves amoureuses sur fond de tout ce qui peut contribuer au bonheur. Parfois ce sont des hymnes aux sublimes réconciliations qui se faufilent entre deux complaintes et qui se laissent lire comme des cantiques de prières pour la fête de la Saint Valentin. Il faut lire entre les lignes ! Aucun de ces 112 poèmes n’est superflu et chacun correspond à une réalité sociétale. Il suffit de pouvoir défricher le message qu’il contient : 
Ni par la puissance, ni par la force
Mais par le Verbe, mon amour
Parle-moi et je te parlerai
Ni par la ruse, ni par la force
Mais par le Verbe, mon amour
Séduis-moi et je te séduirai
Ni par la violence, ni par la force
Mais par le verbe, mon amour
Donne-toi à moi et je me donnerai à toi 
Ni par la haine, ni par la force
Mais par le Verbe, mon amour
Aime-moi et je t’aimerai. »

Continuons notre visite poétique dans les bras des métaphores et des parallèles qui disent avec une éloquence Jiralducienne les travers et les bonheurs de cette vie parfois tumultueuse. Au fond de notre cœur l’amour est roi c’est selon l’espace dans lequel il se développe. Chez l’auteur les poèmes d’amour tiennent une place de forgeron au point que l’on trouve à tout bout de champ des professions de foi amoureuses faites de SMS. Chacun de ces fameux SMS cache des trésors de voluptés susceptibles de panser les blessures des cœurs affectés ou endoloris : 
« Tu peux oublier le jour où je suis né
Me jeter l’anathème
Et me couvrir de blasphèmes
Tu peux oublier que je t’ai aimée
Tu peux même reprendre toutes les espérances
Que tu m’as donnée
Fidèle à moi-même
Malgré ma détresse
Je reste sous ton charme noir de belle mulâtresse
SMS à ma mulâtresse SMS comme un SOS
SMS comme une caresse SMS comme une promesse SMS à ma mulâtresse »

Dans ce recueil, l’auteur se lance à la poursuite et à l’assaut d’une forteresse complexe qu’est l’amour, parfois la forteresse se laisse prendre, parfois elle s’avère imprenable. En effet au travers de ses 112 poèmes, on peut comprendre combien sa tâche est laborieuse, ses complaintes, ses amours déçues y compris celles dont il ne parle pas en sont la preuve. Il exprime sans ambages ses états d’âmes: ses blessures, ses cicatrices, ses roucoulements, ses gémissements, ses plaisirs sont mis à nu, visibles comme le nez sur la figure.

Pour commander le livre en cette période de confinement qui se prolonge inexorablement,  sur la plateforme d’Amazon,  voici les liens. 
https://www.amazon.fr/SMS-aux-blanches-noires-mulâtresses/dp/1793982600

Bonne lecture

 

Maguet Delva

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