PubGazetteHaiti202005

15.8 milliards de gourdes financement monétaire pour le premier trimestre de l'exercise/ Des économistes tirent la sonnette d’alarme

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Des économistes dont Enomy Germain et Garry Coquillot s’alarment face au déficit budgétaire vertigineux enregistré à la fin du premier trimestre de l’exercice fiscal 2019/2020, lequel déficit fiscal est financé en grande partie par la Banque de la République d’Haïti.

En effet, le montant collecté par l’Etat haïtien en termes de recettes fiscales pour le premier trimestre de l’exercice fiscal en cours s’estime à 19.6 Milliards de gourdes alors que les dépenses publiques ont atteint 42.7 milliards de gourdes pour cette même période. C’est en tout cas ce qui ressort de la dernière Note de la BRH sur la politique monétaire pour le 1er trimestre de l’exercice fiscal 2019/2020. Le déficit a été financé à hauteur de 15.8 milliards de gourdes par la Banque de la République d’Haïti, toujours selon la Note.

Une situation jugée très préoccupante par les économistes Enomy Germain et Garry Coquillot. Ils y voient l’une des conséquences de la grave crise sociopolitique ayant provoqué une paralysie de l’activité économique dans le pays depuis un certain temps. Ces deux analystes économiques disent craindre des effets pervers sur l’économie nationale dans les prochains jours citant notamment le non-respect du pacte de gouvernance économique et financière signé entre le MEF et la BRH. Pour les ménages, particulièrement, les conséquences (l’inflation, le taux de change) seront néfastes, prévient Enomy Germain qui rappelle qu’en général, en Haïti, le financement monétaire est utilisé uniquement pour des dépenses de fonctionnement au détriment de l’investissement.

Pour favoriser une amélioration de cette situation, Enomy Germain et Garry Coquillot croient nécessaire, en tout premier lieu, de créer un climat politique propice à la reprise des activités commerciales et économiques. Ils recommandent également l’adoption de politiques publiques susceptibles de favoriser la croissance économique. A coté de ces paramètres à ajuster, M. Germain, estime que les décideurs politiques seraient bien inspirés d’opérer des reformes dans le secteur énergétique.

Parallèlement, Enomy Germain et Garry Coquillot se disent également très préoccupés par la reprise, ces dernières semaines, de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain, après une relative stabilité durant les trois premiers mois de l’exercice fiscal. Un phénomène dont l’accélération est jugée extrêmement inquiétante par Enomy Germain. Car elle risque de s’accélérer davantage au cours du deuxième trimestre de l’exercice fiscal si rien n’est fait pour améliorer les fondamentaux de l’économie, poursuit l’auteur de l’essai d’économie politique « Pourquoi Haiti peut réussir ». Il insiste sur la nécessité de mettre en place des incitatifs à la production et d’œuvrer à la stabilité politique pendant que la Banque centrale continuera à se montrer vigilante eu égard à sa mission de garantir la stabilité du taux de change. 

Pour sa part, Garry Coquillot qui a reconnu que la banque centrale a fait ce qu’elle devait faire a tenu à souligner que la relative stabilité du taux de change au cours des derniers mois était basiquement liée à la diminution de la demande engendrée par la baisse des activités économiques. « Tant que les décisions nécessaires ne sont pas prises au niveau des politiques publiques, les actions de la politique monétaire n’auront pas les effets et l’efficacité attendue », fulmine l’économiste.

 

Par D.O.C

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