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Brésil: Lula est sorti de prison

Lula

PORT-AU- PRINCE, Le 08 novembre 2019
(www.gazettehaiti.com )


Acclamé par une marée rouge de militants de gauche à sa sortie de prison, l’ex-président a promis de «continuer à lutter» pour le peuple bresilien

Luiz Inacio Lula da Silva, le charismatique leader de la gauche brésilienne de 74 ans, a attendu 580 jours avant de voir s’ouvrir vendredi soir la porte de sa cellule au siège de la police fédérale de Curitiba, dans le sud du Brésil. Car, à 1 400 km de là, dans la capitale Brasilia, les onze juges de la Cour suprême ont estimé la veille, par six voix contre cinq, qu’après une condamnation en appel, la prison était inconstitutionnelle, révisant une jurisprudence qu’ils avaient eux-mêmes instaurée en 2016. Ils ont jugé qu’un accusé ne pouvait pas être incarcéré avant d’avoir épuisé tous ses recours devant les plus hautes instances judiciaires. Ce qui est le cas de Lula, condamné en appel à huit ans et dix mois de prison pour corruption. Dans son ordre de libération, le juge a expliqué qu’il n’y avait plus «aucun fondement pour l’exécution de la peine» en raison de la décision de la Cour suprême.

 

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L’arrêt de la Cour ouvre aussi la voie à la sortie de prison de près de 5.000 détenus, dont une quinzaine condamnés dans le cadre du tentaculaire scandale de corruption du Lava Jato («lavage express») qui a impliqué des hommes politiques et des entrepreneurs parmi les plus puissants du pays.

 

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Portant une veste sombre, Lula est sorti à pied du siège de la police fédérale accompagné de sa compagne, la sociologue Rosangela da Silva, saluant les milliers de sympathisants venus l’accueillir d’un poing levé. Acclamé par une marée rouge de militants de gauche, il a promis de «continuer à lutter» pour le peuple brésilien.

«Je veux continuer à lutter pour améliorer la vie du peuple brésilien», a-t-il dit, attaquant d’emblée le gouvernement du président d’extrême droite Jair Bolsonaro. «Le peuple a de plus en plus faim, il est au chômage, le peuple travaille pour Uber ou livre des pizzas», a lancé Lula.

La décision des hauts magistrats porte un coup à l’opération du Lava Jato, lancée en 2014 par l’ex-juge Sergio Moro, aujourd’hui ministre de la Justice du président Jair Bolsonaro. Elle «va à l’encontre du sentiment de rejet de l’impunité et du combat contre la corruption, priorités du pays», a critiqué l’équipe de procureurs spéciaux anticorruption. Cette opération a toutefois été entachée par les révélations du site The Intercept qui ont montré que Sergio Moro et les procureurs avaient agi en connivence et à charge contre l’ancien président alors candidat à un troisième mandat. Lula s’est toujours dit victime d’une «persécution politique».

L’ancien syndicaliste se veut plus combatif que jamais. «Lula m’a dit: je vais sortir d’ici plus à gauche que je n’y suis entré», a confié l’un de ses interlocuteurs. Toujours populaire malgré le discrédit de son Parti des travailleurs, l’ex-président a l’intention de parcourir le pays pour renforcer l’opposition au président Bolsonaro. Après ce premier bain de foule à Curitiba, Lula doit se rendre près de Sao Paulo, au syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo, où il était resté retranché avec ses partisans avant de se rendre aux autorités pour commencer à purger sa peine en avril 2018. Il a également fait part de son intention de participer à de grandes tournées à travers le Brésil, les fameuses «caravanes» qui lui ont permis d’accroître sa popularité auprès des plus pauvres, pour incarner l’opposition à Bolsonaro. Si la justice l’autorise à quitter son pays, il compte également voyager à l’étranger: le journal O Globo croit même savoir qu’il a été invité à l’investiture du nouveau président péroniste argentin Alberto Fernandez, le 10 décembre.

 

«Honte à la Cour suprême», ont dit des bolsonaristes en colère sur les réseaux sociaux, certains en appelant même à l’armée pour «fermer» le haut tribunal et le Congrès.

Le président élu argentin, le péroniste de centre-gauche Alberto Fernandez, a salué vendredi la libération de l’ancien président brésilien Lula, soulignant sur Twitter son «courage» et son «intégrité». «Le peuple de Cuba célèbre la liberté de Lula, après 580 jours de détention injuste. #LulaLibre», a écrit le ministère cubain des Affaires étrangères.

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