PubGazetteHaiti202005

Diplomatie:- On ne saurait construire une Paix durable dans un contexte marqué par la pauvreté, la faim, les inégalités sociales et l'exclusion! Bocchit Edmond aux Nations Unies

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Port-au-Prince, le Dimanche 21 Juillet 2019
(www.gazettehaiti.com)

 

Le Ministre des Affaires Étrangères Edmond Bocchitt était en déplacement à New York jeudi 18 juillet pour deux rendez-vous importants. L’un portait sur la signature avec son homologue colombien Carlos Trujillo Holmes de deux accords relatifs à l’élimination de visas pour les passeports officiels et diplomatiques et une aide alimentaire de 1.3 millions de dollars visant à « renforcer les programmes sociaux ». 

L’autre sur sa participation à une réunion au Conseil de sécurité de l’ONU sur la « Consolidation d’une paix durable : renforcer des partenariats pour assurer le succès des transitions vers la responsabilité nationale ». 

La Rédaction de Gazette Haiti publie in extenso l’intervention du Ministre : 

Monsieur le Président,
Excellence, Monsieur le Ministre,
Excellences, Mesdames, Messieurs les Membres du Conseil de sécurité,
Messieurs, Messieurs
 
Je voudrais tout d’abord remercier la Présidence péruvienne du Conseil de Sécurité d’avoir bien voulu m’inviter à participer à cette importante réunion sur le thème « Consolidation d’une paix durable : Renforcer des partenariats pour assurer le succès des transitions vers la responsabilité nationale ».
 
Je me félicite de la pertinence du thème de la réunion et de l’excellente qualité de la note conceptuelle soumise par la délégation péruvienne.
Monsieur le Président,
Il est important que nous menions une réflexion soutenue sur les nouveaux défis engendrés par le retrait des opérations de maintien de la paix et la création de missions politiques spéciales :
➢ Comment gérer la phase de transition ? Car, la moindre inattention pourrait entrainer la remise en question d’un certain nombre d’acquis.
➢ Quels partenariats établir entre, d’une part le Conseil de sécurité et les équipes pays de l’ONU, et, d’autre part, entre l’équipe onusienne et les autorités nationales ?
Telles sont, entre autres, les questions auxquelles nous devrions apporter de meilleures réponses.
A mon avis, ces réponses jailliront des discussions axées sur les trois piliers de l’action de l’Organisation et de la prise en compte des priorités fixées par les autorités nationales. A cet égard, un effort particulier de cohérence, de renforcement de partenariats et de coordination à tous les niveaux est indispensable.
C’est dans le cadre de ces échanges que nous pourrons partager les meilleures pratiques et identifier des mesures susceptibles de nous permettre d’aller de l’avant et de consolider les principaux acquis.
 
Monsieur le Président,
Un climat de paix et de stabilité politique est un préalable nécessaire et non suffisant pour conduire un pays vers la voie d’un développement harmonieux et durable.
Le cas de la République d’Haïti, mon pays, est édifiant. Du déploiement en 2004 d’une Opération de maintien de la paix en Haïti (MINUSTAH), nous avons évolué vers la Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH) qui sera, à compter du 16 octobre prochain, remplacée par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, conformément à la résolution (2476 2019) adoptée le 25 juin dernier par le Conseil de sécurité.
 
Je m’en voudrais de ne pas saluer l’adoption de cette résolution, hors du chapitre VII de la Charte de l’Organisation, ce qui constitue une évolution positive et une reconnaissance des efforts déployés par les autorités haïtiennes, avec l’appui des missions de l’ONU.
Force est de reconnaître que des progrès ont été réalisés en Haïti, dans un contexte particulièrement difficile, en matière de sécurité et de stabilité depuis 2004, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités de la Police Nationale d’Haïti et la consolidation de son plan de développement. Il en est de même dans les domaines de la démocratie et de l’état de droit.
Nous notons avec satisfaction qu’aux termes de ladite résolution, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti jouera un rôle de bons offices, de conseil et de sensibilisation sur les moyens de promouvoir et de renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, ainsi que de soutien aux initiatives des autorités nationales de planifier et tenir des élections libres, justes et transparentes; renforcer la capacité de la Police nationale à faire face à la violence des gangs armés et à la violence sexuelle; réformer le secteur de la justice pour lutter contre la corruption et les détentions provisoires prolongées.
 
Monsieur le Président,
Je m’en voudrais de ne pas souligner qu’on ne saurait construire une paix durable dans un contexte marqué par la pauvreté, la faim, les inégalités sociales et l’exclusion. Aussi convient-il de prendre en compte l’importance des effets du changement climatique et des catastrophes naturelles sur la sécurité et la stabilité du pays.
C’est, dans une large mesure, l’idée louable défendue par le Groupe consultatif ad hoc de l’ECOSOC sur Haïti, suite à sa dernière mission dans le pays, en mai dernier. Le Groupe insiste pour une meilleure compréhension de toutes les questions liées à l’insécurité, à la délinquance et à l’instabilité en Haïti. La présence intégrée des Nations Unies doit tendre, tout compte fait, à appuyer les efforts des autorités nationales pour s’attaquer aux causes profondes de ces phénomènes. Autrement dit, que paix durable et développement durable sont intrinsèquement liés.
 
Monsieur le Président,
Dans cet ordre d’idées, la délégation haïtienne continuera de plaider pour l’établissement de missions des Nations Unies qui soient à la hauteur des principales urgences auxquelles font face les pays concernés.
Pour conclure, je voudrais insister sur une question qui me paraît digne d’attention : la nécessité d’un dialogue soutenu, dans le respect des fonctions et pouvoirs respectifs, entre le Conseil de sécurité et d’autres organes du système des Nations Unies, notamment le Conseil économique et social (ECOSOC), afin que la présence onusienne dans un pays comme Haïti, soit intégrée, équilibrée et synergique selon les trois piliers de l’action de l’Organisation.

Je vous remercie.

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