PubGazetteHaiti202005

Opinion.-Dessalines a marché seul ce 17 octobre

Jean Jacques Dessalines

 

Comme les accords désaccordent les leaders politiques de l'opposition, donc, ce 17 octobre, ils étaient incapables d'annoncer de manifestation contre les kidnappings et tous les autres problèmes socio-politiques. Pas même un seul? Non! Pas même son « fils ».  Ils étaient presque tous très occupés par l’accord mal accordé de l’accordéon d’un maestro amateur qui, tout en se moquant des melomanes de la bonne musique, interprète une chanson d’un groupe musical qui déCore seulement les intérêts mafieux et mesquins des artistes internationaux.   

 

Pour une opposition qui n'a plus de pouvoir de convocation, le peuple est donc seul face à son destin. De l'insécurité et tous les autres problèmes qui ravagent la société haïtienne sous l’influence des gangs armés qui ne peuvent pas se désarmer par une force de police incapable de protéger même ses agents, donc seul le discours et action d’un libérateur peut libérer.  Heureusement, au moment ou l'opposition est en opposition à elle-même, le Père fondateur de la nation avait préfèré marcher seul au lieu d'être mal accompagné par des promoteurs d’un accord mal accordé par un maestro amateur.  Ainsi, le Général, l’unique, il était dans les rues de Port-au-Prince pour dénoncer tous les accords qui ne sont pas en accord ou qui ne prennent pas en compte les problèmes de l’insécurité, d’une conference nationale, de la chèreté de la vie, de corruption, du procès des dilapidateurs des Fonds du Petro Caribe et de l’ingérence de l’international dans les affaires politique du pays, etc.

 

C’était dans cet ordre d’idée que l’homme de Cormier était dans les rues.  Pour commencer, Papa Dessalines était très furieux lorsqu’il constatait l’état mal entretenu d’un monument érigé en son nom ainsi que les maisonnettes des riverains dans les zones avoisinantes du Pont Rouge.  Comment justifier l’injustifiable ou la banalisation d’un peuple qui de l’esclavage à l’indépendance est, deux siècles après, si déshumanisé…si zombifié par une oligarchie rapace et répugnante.   Expliquez -moi ce constat d’échec de ce pays en faillite, demandait Jean-Jacques Dessalines le Grand.  

 

Sur tout le parcours, de sa résidence permanente de Pont Rouge au Champs de Mars, il n’avait pas cessé de crier d’une voix forte, après le constat de l’état des lieux et le mode de vie épouvantables des gens dans les bidonvilles, si les citoyens ne se soulèvent pas pour un gouvernement de Salut public, c’est qu’ils ne sont pas des hommes.  Nous n’avions pas fait l’indépendance pour que le pays retombe sous le contrôle de ces colons rapaces.   

 

Comme il continuait son parcours, tout en attaquant la colonisation du pays par le Core Group, l’Empereur était très fâché contre les Conzés, les politiciens et les classes d’affaires au pouvoir qui continuent de collaborer aveuglement avec les petits-fils des colons et ceci à l’encontre même des intérêts collectifs.  Lorsque, subitement il croisait des voitures des colons qui circulaient sans respecter les règles de la circulation locale, toutes les frustrations de Dessalines remontent à la surface contre les arrogances des progénitures de Rochambeau et de Leclerc qui se sont convertis en commissaires civils avec l’unique mission de passer des ordres aux petits enfants de François Capois, Lamour Desrances, Petit Noël Prieur etc. 

 

Toujours en colère, mais d’une façon plus modérée, Dessalines demandait aux nationalistes qui sont encore restés débout en dépit des vicissitudes de la vie : comment ces occupants sont-ils retournés au pays. Qui leur a donné l’occasion ou l’autorisation de rentrer et de rester dans mon pays, jusqu’à avoir même le droit de designer qui devrait diriger mon peuple? Comment en sommes-nous arrivés là. D’un pays indépendant en 1804, en pays sous tutelle ? 

 

Au carrefour de résistance entre la route de Delmas et ruelle Nazon, il rencontrait certains de ses anciens lieutenants qui sont encore restés conséquents à la cause d’une Haïti plus juste, sans exclusion, il leur demandait: « pourquoi vous aviez gardé ces dirigeants incompétents encore à la tête du pays pour continuer à faire du marchandage politique à leurs propres intérêts mesquins, pendant que les masses croupissent dans la misère? ».

 

Après quelques heures de marche, c’était un Dessalines fatigué qui, avec son drapeau bicolore noir et rouge dans une main, et dans l’autre, son ancienne épée, criait très fort : « Liberté ou la mort… jurons de combattre pour que justice soit faite autour de la dilapidation des fonds du Petro Caribe ».

En refrain, Papa Dessalines chantait: « effrayons tous ceux et celles qui ont volé cet argent ».

 

Une fois arrivé au Champs de Mars non loin de la place de la Constitution, subitement se trouvait en face de lui, un camion avec des policiers qui tiraient, lançaient du gaz et de l’eau grattée.

 

Utilisation de la violence pour faire peur

 

Face au comportement anti-démocratique de la police, furieux, Général Dessalines criait encore plus fort : Pour déchouquer les nantis et leurs hommes de main qui gardent mon peuple dans la misère la plus abjecte, « Je veux garder avec moi que des braves. »  Que ceux qui veulent continuer à être exploités par les corrupteurs du pouvoir et de la classe des affaires, laissent la lutte. Ceux au contraire, qui veulent se débarrasser des bandits armés et en costumes, je vous encourage à suivre tout simplement, l’exemple de vos ancêtres. 

 

Entre-temps, les gangs, les fanatiques zélés du statu quo qui se cachaient dans les parages du Tour 2004, profitant du comportement anormal des agents de la PNH, avec des armes automatiques, tiraient en direction du Père de la nation. Fatigué et vieilli certes, mais un révolutionnaire reste un combattant. Face aux comportements des sbires du pouvoir, Papa Dessalines criait encore plus fort en leur direction : je vous ferai tous sauter si toutefois vous continuerez dans vos sales besognes. 

 

Paniqués, comme des bêtes traqués, ces vauriens ont finalement laissé l’espace pour aller, probablement rapporter dans les radios à grande écoute dans l’aire métropolitaine que le libérateur, le vrai, celui qui n’avait pas réculé devant les chiens sauvages de Leleclerc et de Rochambeau, est dans la ville pour faire peur aux caméléons.  Une marchande de boissons gazeuses qui était assise tout près de l’ancien bâtiment du Rex Théatre, inspirée des héroines comme Victoria Montou, Sanite Belair, Marie Jeanne Lamartinière ainsi que de Marie-Claire Heureuse, eut à dire: « Chef, parle...seule le message et la lutte d’un vrai libérateur peut nous libérer. »

 

Seul le message d’un libérateur, libère ...

 

Ainsi, après les cérémonies rituelles et mystiques, un groupe de jeunes, composé en majeure partie des étudiants de l’université d’État d’Haïti, était venu entendre de la bouche d’un libérateur, le message qui libère.  Dans son adresse à la nation qui a été boycottée, malheureusement, par les chaines de télévisions et des stations de radios privées et publique, Dessalines commença pour dire : Comment se fait-il, plus de deux cents ans après l'épopée historique de Vertières, le pays fait face à de tels problèmes structurels et conjoncturels ?  Je ne vais pas tolérer qu’un petit groupe de personnes qui forment la classe dominante et qui détient toutes les richesses du pays continue à exploiter les masses.  Avec la rigueur d’un vrai chef, il rappelait aux dilapidateurs des fonds de l’État, que l’épopée de 1804 de l’armée indigène n’a pas été seulement l’œuvre des officiers et sous-officiers mulâtres, mais aussi l’effort des vaillants soldats issus de la classe majoritaire esclavagiste.  

 

De là, comme une chanson bien huilée dans la bouche d’une samba populaire, il enchaînait avec son discours traditionnel en parlant d’une politique publique orientée vers le bien-être collectif.  Il faisait aussi des menaces aux collabos qui par leurs mauvaises gestions de la chose publique ont forcé nos jeunes à quitter Haïti pour aller immigrer dans d’autres pays de la région.  

 

Il imposait, une fois de plus, son idéal…sa vision de changement pour les malheureux qui croupissent dans les bidonvilles dans les dix départements du pays. Quant aux fonctionnaires et dirigeants corrompus, complices de la communauté internationale et de la classe des affaires qui, avec les bandits légaux, pillent effrontément le trésor public et les fonds du Petro Caribe, l’Empereur demandait à la justice du pays, de les juger selon les lois en vigueur. 

 

À tous ceux-là qui de par leur statut d’anciens libres, se considèrent eux-mêmes comme étant des privilégiés et qui veulent accaparer tout le bien du pays, en tant que grand visionnaire et aussi en bon justicier, l’Empereur leur demandait « Et les pauvres noirs dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils donc rien » ? Il continuait pour dire que le fossé économique est, avec des stratifications sociales, trop criant entre ‘’sa ki pa gen anyen e sa ki gen twòp’’. 

 

Du reste, encore frustré, contrarié et fâché du fait qu’il y a une volonté des autorités de maintenir l’insécurité dans le pays, Dessalines déclarait que : li pa pou akò ki ap divize peyi an.  Li pou yon akò ki ap debouche sou yon gouvènman de Sali piblik.  Yon gouvènman de ripti . Face à cette intransigeance, cette question lui avait été posée par une jeune et très belle femme journaliste : Papa Dessalines, seriez-vous pour une révolution, si toutefois, les autorités du CSPN ne prendront pas les décisions appropriées pour sécuriser la population ? En homme d’État responsable, l’Empereur répondait : Que m’importe le jugement de la postérité, pourvu que cela sauve mon pays des gangs, des corrupteurs et corrompus d’aujourd’hui et de demain.  

 

« Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous- mêmes ».

 

 

Prof.  Esau Jean-Baptiste

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