PubGazetteHaiti202005

Abandonnées avec leurs os fracturés, des victimes du séisme dans les Nippes ont un seul recours : Ton INAÈS Joseph, un médecin-feuille

Inaès Joseph, Médecin-feuille

Mardi 24 août, il est 6 h 30 de l'après-midi, Gazette Haïti est arrivé à Baro, deuxième section de la commune D'Arnaud, très loin du centre-ville, à plusieurs kilomètres d'Anse-à-veau.

En marge d'une séance de distribution d'aide organisée par le leader du RDNP M. Éric Jean Baptiste en faveur des victimes du séisme du 14 août, la population de K. BAWO, désespérée, profitait du micro et caméra des journalistes pour exposer l'état crique dans lequel elle évolue.


Loin des yeux de toutes les autorités, elles sont livrées à leur sort.

« Venez ! Venez voir dans quelle condition nous sommes tous livrés », martèle une dame d'une cinquantaine d'années.

À deux minutes, à vol d'oiseau, nous sommes dans une grande propriété,  faite d'arbres, de maisonnettes en pailles, de chiens, de canards, de poules, d'une guildiverie à bras d'homme et de gens éparpillés partout. Bref, nous sommes dans le pays en dehors. 

« Men prezidan pa nou isit la »

C'est en ces termes, que la dame nous a introduit Ton INAÈS JOSEPH. 

C'est un personnage de plus de 70 ans. Il n'est pas un Ougan, plutôt un médecin-feuille qui offre ses services à la population depuis plus d'une cinquantaine d'années.

Sur sa grande propriété, dans ses maisonnettes en pailles qui lui servent d'hôpital, plus de quinze (15)  personnes sont hospitalisées avec leurs jambes brisées, ceintures bloquées, épaules cassées, bras et avant bras démontés, emballés dans des morceaux de jeans.

« Nous sommes ici, chez INAÈS Joseph, pour recevoir les soins que nécessitent nos cas. Car, dans cette communauté, nous n'avons pas accès aux soins de santé. Pas même un dispensaire. C'est Ton INAÈS Joseph, qui depuis des années, vole à notre secours », déclare Mme Thimate ILOCIA.

Dans une autre pièce, est assis Fritznel Saintil sur des morceaux de toile. Il est là depuis plus d'une semaine.

« J'ai été à l'hôpital, ils ne m'ont pas prodigué de soins, je suis retourné dans ma petite localité pour bénéficier du bon service de Ton INAÈS Joseph qui est comme une père pour nous. À présent, je me sens mieux », confie Fritznel à Gazette Haïti.

C'est un peu révoltant de voir une fillette de moins de deux ans assise sur les jambes de son père attendant de soins entre les mains du docteur INAÈS Joseph. Cette petite fille-là a sa jambe droite cassée et pleurait amèrement sa douleur atroce.

C'est loin des yeux des autorités que ce septuagénaire, INAÈS Joseph, fournit son service à sa communauté.

Les pieds nus, INAÈS, qui est considéré comme un « dieu sur terre » dans sa communauté, circule de pièce en pièce observant l'évolution de ses patients. 

« Map bay sévis sa, sa gen plis ke 40 tan, oubyen 50 tan.
Mwen trete zo kaze, apsè nan tete elatriye », confie Ton INAÈS à Gazette Haïti.

À défaut de l'Etat, INAÈS, avec ses bandages en toile, ses emboîtements en taches et ses recettes dont lui seul connaît le secret, continuera à se rendre utile au sein de sa communauté du haut de ses 70 ans.

 


James Jean Louis 
jameslouin86@gmail.com

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