PubGazetteHaiti202005

Haïti-Économie: deux croissances négatives consécutives pour la première fois depuis 20 ans, Etzer Émile s’alarme 

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Le PDG de la firme de consultation économique Haïti Efficace a présenté, ce mercredi, une analyse détaillée concernant la note de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique sur les comptes économiques du pays en 2020. Une situation jugée alarmante par l’économiste Etzer Emile déplorant le fait que les dépenses publiques, très peux fructueuses, n’ont pas favorisé une amélioration des conditions déplorables dans lesquelles évoluent la population.

 

C’est pour la première fois depuis 20 ans que l’économie haïtienne enregistre deux croissances négatives consécutives, s’alarme l’Economiste Etzer Emile. Il fait ici référence aux taux de croissance de -1.7% en 2019 et -3.3% en 2020. Il s’agit de la plus faible croissance enregistrée dans l’économie haïtienne depuis celle de -5.7% connue en 2010 au lendemain du tremblement de terre dévastateur du 12 janvier, souligne l’économiste. Etzer Emile a également attiré l’attention sur le niveau d’inflation de 25% enregistré au 30 septembre 2020 avec une moyenne de 22.9% sur l’année.

 

A l’exception du secteur bancaire qui a connu une croissance plutôt positive de 1,1% et les institutions d’assurance de 4,8%, tous les secteurs de la vie économique ont été affectés par les chocs économiques à la base de la contraction du PIB dont l’agriculture qui a connu une baisse de -2,5% en 2020, selon l’IHSI. Le secteur de l’énergie a, quant à elle, baissé de -25,2% passant de 896 millions de Kwh en 2019 pour atteindre 633 millions Kwh en 2020. Le secteur de la construction a également reculé de -15% par rapport à l’année précédente alors que le commerce, le transport et la restauration ont connu des fluctuations négatives de l’ordre de -4,7%.

 

Les données disponibles indiquent que le système bancaire, quant à lui, est en bonne santé. Au deuxième trimestre, il y a eu une augmentation de 6,5% de l’actif du système en février 2021 par rapport au 1er Trimestre, pour atteindre 429 milliards HTG. Une légère hausse de 0,8% du portefeuille de prêts a également été enregistrée à côté d’une progression de 7% des dépôts bancaires sur la période. Le ratio prêts bruts et dépôts totaux qui était de 34% en décembre 2020 est passé à 32% en février 2021. Aussi, une augmentation de 10,7% du produit net bancaire, surtout à cause des autres revenus (38%) contre une chute de 10,3% des revenus nets d’intérêt est à signaler.


En ce qui concerne les finances publiques, M. Emile explique que de manière globale, les ressources collectées par l’État sur les six premiers mois de l’exercice se sont chiffrées à 130,46 milliards de gourdes. Ces dernières ont été insuffisantes pour couvrir les décaissements totalisant 154 milliard. Le financement du déficit budgétaire par la BRH qui avait atteint les 35 milliards de gourdes à la mi-Avril pourrait avoisiner actuellement les 39 milliards, selon l’Economiste Etzer Emile. Il rappelle que le financement monétaire ne devrait pas dépasser les 39 milliards suivant l’accord sur le Cash Management paraphé par le ministère de l’Economie  et des Finances et la BRH alors que nous sommes au 8e mois de l’exercice fiscal 2020/2021. Etzer Emile informe également que sur les 11 milliards de gourdes de prévisions de recettes fiscales mensuelles, le gouvernement  n’en a collecté que 7.5 milliards.

 

S’agissant du secteur externe en 2021, les déséquilibres extérieurs déjà très grands en 2020 se sont accentués en 2021, selon M. Emile. Il cite, par exemple, le déficit de la balance commerciale en 2021 qui est d’environ 1.5 milliard de dollars sur les 5 premiers mois de l’exercice contre 948 millions de dollars de déficit pour les 5 premiers mois de 2020. Sur les 5 premiers mois de 2021, il y a eu une augmentation de 37,7% des importations (essentiellement produits pétroliers, infrastructures électriques à $1. 89 milliards), poursuit le professeur à l’université. Par contre, les exportations ont baissé de 7,5 % à 388,73 millions de dollars, en raison de la baisse de la demande mondiale de vêtements, engendrée par la crise sanitaire.

 

 

Cette situation aurait pu être moins catastrophique si les ressources publiques n’étaient pas essentiellement orientées vers des dépenses inutiles, déplore le PDG de Haïti Efficace. Estimant que la situation actuelle du pays n’augure rien de bon sur le plan économique, Etzer Emile a jugé bon de formuler un ensemble de recommandations en vue du renversement de la donne. Il s’agit de :

1-    Mettre la conversation sur les questions économiques.
2-    Créer les conditions politiques pour discuter et négocier avec les bailleurs de fond.
3-    Assurer la mise en œuvre du plan de relance économique post-covid mais qui devrait être de préférence un plan de relance post-kidnapping (en faisant l’hypothèse que le gouvernement veut lutter contre le kidnapping).
4-    Combattre l’insécurité (tout en admettant les ressemblances de complicité au plus haut niveau de l’Etat avec les maitres de la violence).
5-    L’adoption d’un budget rectificatif.

 

 

 

 

 

Par Diego O. Charles

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