PubGazetteHaiti202005

17 octobre : Journée de mobilisation dans le pays contre Jovenel Moïse, l’opposition défie le chef du G9 « Barbecue »

Une vue de la foule à Delmas


Malgré les menaces du chef du G9, Jimmy Cherisier « Barbecue »,  l’opposition a investi le bitume dans la capitale pour manifester contre le pouvoir en place à l'appel du Secteur démocratique et populaire. Une manifestation dispersée par la police à coup de gaz lacrymogène. À Delmas 95, des hommes lourdement armés ont empêché la population de manifester. Par ailleurs, dans d'autres grandes villes du pays, des manifestants⁰ ont gagné les rues. La journée de mobilisation s'est déroulée sans grands incidents majeurs.

L'opposition politique n'a pas manqué le rendez-vous du 17 octobre, date de la mort de l'empereur Dessalines, contrairement au président Jovenel Moïse qui n'a pas mis les pieds au Pont Rouge.

De très tôt, le sentiment de peur gagnait la capitale. Les rues étaient clairsemées, les activités commerciales paralysées, le transport en commun tournait au ralenti.

Les têtes de pont du Secteur démocratique et populaire ont mené la mobilisation qui n'a duré que quelques heures avant que la foule ne soit dispersée à coup de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre.

Il était 12 heures environ, un vent de panique soufflait au niveau de Delmas 48, où un homme a été grièvement blessé par balle. Ce dernier a été transporté en trombe à l'hôpital. Un policier membre du S-PNH a été lui aussitôt atteint de plusieurs balles en caoutchouc:

À Delmas 66 et 95, des concerts d'armes automatiques ont été entendus. La panique était au rendez-vous. Des hommes lourdement armés, à visage découvert, s'affichaient à Delmas 95, pour empêcher les manifestants de gagner Pétion-Ville au vu et au su de la police restée passive.

« On tombe sous des balles assassines dans la rue. Et même dans l'enceinte de l'université. Personne n'est épargné », se révolte Benel Joseph, de l'Alliance Peuple, appelant la population à ne pas se terrer chez elle à cause de l'intimidation.

Pour les membres de l'opposition, cette journée de mobilisation est une victoire vu les menaces qui planaient sur les manifestations. Le sénateur Rica Pierre, se réjouit que «  la population ne se laisse pas faire par la provocation des bandes à Barbecue ». « Le peuple prouve que c'est lui qui est le chef de ce pays. Jovenel Moïse et ses bandes armées ne peuvent pas nous empêcher de manifester, lance-t-il après avoir inhalé du gaz. On va continuer d'accompagner la population haïtienne dans ce combat visant à renverser ce régime criminel et ce système injuste », promet l'homme politique.

Il ne mâche pas ses mots pour critiquer le chef de l'État. « C'est triste qu'un chef d'État ait pour porte-parole un chef de gang qui intimide la population en plus. L'armée napoléonienne ne nous faisait pas peur. On a l'habitude de nous battre. On a ça dans nos gènes, lâche le sénateur Pierre, convaincu que Jovenel Moïse ne restera pas au pouvoir. On ne veut pas négocier avec un chef d'État criminel. L'international ne doit pas nous forcer à s'asseoir avec lui car dans tout pays respecté, les criminels sont derrière les barreaux », poursuit-il.

Nenel Cassy, de son côté, dit s’attendre à cette répression planifiée par le pouvoir contre les manifestations puisque, dit-il, c'est la marque fabrique de Jovenel Moïse.

Quant à Me André Michel, la manifestation d'aujourd' hui prouve que la détermination reste intacte. « C'est une victoire de désapprouver ceux qui pensaient pouvoir empêcher cette journée de mobilisation. De toute façon, on ira tout droit vers la transition, dit-il. On n'ira pas aux élections avec les 9 membres du CEP PHTK. De toute façon, le procès PetroCaribe sera tenu. Le procès des massacres perpétrés dans les quartiers populaires sera réalisé », s'engage le porte-parole du Secteur démocratique et populaire.

Le coordonnateur de l'OPL Edgard Leblanc Fils présent dans la manifestation déclare y avoir participé pour dire non à toute vélléité du pouvoir d'instaurer la peur dans le pays.

En fin de journée, un groupe de militants emmenés par André Michel ont déposé une gerbe de fleurs aux pieds du monument dédié au Père Fondateur de la nation Jean Jacques Dessalines au Champs de Mars.

Plusieurs autres leaders de l'opposition ont payé de leur présence ce 17 octobre. Citons entre autres : l'ex député de l'opposition Manès Louis, Biron Odigé, Rony Timothée et  le porte parole de Fanmi Lavalas Jodson Diogène.

Parallèlement aux Cayes, aux Gonaïves, à Saint Marc, des militants ont rallumé le flambeau de la mobilisation. Le sénateur Jean-Charles  Moise était sur le macadam avec ses militants dans le Nord. Le leader de Pitit Dessalines a drainé une foule au Cap-Haïtien.



Par Michel César

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