PubGazetteHaiti202005

80 à 100 gourdes pour 1 dollar: Une baisse spectaculaire qui surprend plus d'un dont l’économiste Eddy Labossière.

.

Le dollar poursuit sa chute par rapport à la gourde qui continue de prendre de la valeur. En effet, le billet vert s’échangeait, ce vendredi, à 100 gourdes au niveau de la UNIBANK, par exemple. Une baisse spectaculaire qui surprend plus d'un dont   l’économiste Eddy Labossière qui fait remarquer que cette chute n’est liée à pratiquement aucun des fondamentaux de l’économie.

Le dollar, qui se vendait à 100 gourdes ce vendredi, dans la zone métropolitaine et jusqu'à  80 gourdes à Léogane ( réf Le nouvelliste) avait dépassé la barre symbolique des 100 gourdes le 8 Avril dernier pour arriver à plus de 120 gourdes mi-aout dernier. Cette appréciation spectaculaire de la monnaie locale par rapport au billet vert surprend l’économiste Eddy Labossière qui fait remarquer que cette chute n’est pratiquement liée à aucun des fondamentaux de l’économie. Il évoque plusieurs raisons qui pourraient justifier cette situation. Il  cite  premièrement les interventions de la Banque de la République d’Haïti sur le marché des changes, en ce sens, notamment l’injection des 150 millions jusqu’au 30 septembre. Déjà, au 26 aout, la BRH en avait déjà injectés 47 millions, selon le gouverneur Jean Baden Dubois. Le docteur Labossière parle également de l’effet d’annonce de la baisse actuellement du dollar américain sur le marché international principalement par rapport à l’Euro.

Cependant, le docteur en économie croit que le facteur fondamental de cette situation est l’implication de la population dans ce dossier à travers notamment la récente mobilisation pacifique contre la montée vertigineuse du taux de change. Effectivement, des dizaines de personnes avaient pris part, le 26 aout dernier, à un sit-in devant les locaux de la BRH à l’initiative de plusieurs organisations populaires proches de Pitit Dessalines pour exiger non seulement que le dollar soit ramené à 40 gourdes mais aussi que la BRH renonce définitivement à faire payer les transferts en gourde. Les protestataires avaient même menacé de poursuivre ce mouvement devant toutes les banques commerciales de la place si rien n’est fait pour améliorer le taux de change. M. Labossière estime que la population devrait rester mobilisée en vue de continuer à faire pression sur les décideurs  en ce sens.

Le président de l’Association des Economistes Haïtiens met également en avant les sanctions de la BRH contre la UNIBANK et la Capital Bank dans le cadre de l’application des normes prudentielles. Justement, la Banque Centrale avait récemment pénalisé la UniBank d’environ 865 millions de gourdes contre 4 millions pour la Capital Bank. Cependant, le gouverneur de la Banque n’avait pas souhaité communiquer les raisons liées à ces sanctions qui, selon lui, ont été prises sur la base des rapports d’inspection des enquêteurs de la BRH.

Il faut dire que depuis le début de cette baisse spectaculaire, les banques commerciales se montrent très réticentes à l’idée de faire l’acquisition du dollar. A noter que le taux de référence de la BRH, ce matin, était de 108 gourdes 49 et celui de la UNIBANK était étonnamment fixé a 100 gourdes à la vente et 98 gourdes à l’achat.

Alors que le taux de change diminue progressivement, les prix des biens et services restent inchangés. Ce qui préoccupe la population. C’est en ce sens que le professeur Labossière tente de rassurer en expliquant que les prix dans les magasins ne vont pas automatiquement refléter le taux de change actuel, le stock acquis avant la baisse du taux de change n’étant pas encore épuisé. Il précise que cela devrait se faire au fur et a mesure évoquant ce qu’il appelle « l’effet retard ».

 

 

 

Diego O. Charles
lezec15@gmail.com

Category

Politique

Culture

Economie

Sport