Unibank, Capital Bank et CitiBank, les principaux bénéficiaires de l’instabilité sur le marché des changes, selon la BRH

La Banque de la République d’Haïti a publié, jeudi soir, quelques indicateurs concernant l’évolution du marché des changes et les Obligations BRH. Ces données concernent les transactions effectuées sur le marché du 25 mai au 5 juin 2020.

Ces informations communiquées par la Banque Centrale indiquent que le marché des changes est largement dominé par deux banques commerciales en termes d’achat et de vente de dollar américain pour la période considérée. Il s’agit de la SogeBank qui est arrivée en première position avec 36.85% des achats et 38.34% des ventes de la devise américaine sur le territoire national du 1er au 5 juin en cours contre 36.10% des achats et 36.33% des ventes du 25 au 29 mai dernier. Vient ensuite la Unibank avec 30% des achats et 33% des ventes du 1er au 5 juin contre 31.01% des achats et 30.32% des ventes du 25 au 29 mai dernier.

Si la SogeBank occupe la première place dans ce classement en termes d’achat et de vente de dollars, elle n’est pas l’institution financière pour laquelle le marché est le plus bénéfique. Ce sont la Unibank, Capital Bank et CitiBank qui en profitent le plus, car elles appliquent les spread (différence entre le taux de vente moyen et le taux d'achat moyen) les plus élevés. En effet, durant la semaine du 1er au 5 juin, les chiffres démontrent que la CityBank, qui a fait l’acquisition de 3.7 millions de dollars au taux de 107.6 gourdes pour un billet vert, les a revendus a 111.23 gourdes chacun. Ce qui fait un bénéfice de 13.65 millions de gourdes, soit un profit (spread) de 3.6 gourdes sur chaque dollar vendu.

Pour la même période, la Capital Bank a écoulé 4 millions de dollars au coût de 112.25 gourdes pour un dollar qu’il a acheté à 109.28 gourdes le dollar. Elle a donc réalisé un profit de 11.87 millions de gourdes en appliquant un spread de 3 gourdes sur chaque dollar. La UniBank a, quant à elle, accompli un bénéfice de 31.23 millions de gourdes sur l’ensemble de ses ventes, soit le plus gros profit pour la même période, en appliquant un spread de 2.7 gourdes en revendant à 113 gourdes 11.3 millions de dollars qu’elle a acheté à 110.2 gourdes.

Toutefois, la Banque Nationale de Crédit demeure celle ayant vendu le dollar à plus fort coût en appliquant un spread de 3.7 gourdes qui lui a valu 5.9 millions de gourdes de bénéfice sur 1.6 millions de dollars vendus. La Sogebank qui a appliqué le meilleur spread par rapport à ses concurrents, soit 1 gourde, a réalisé 14.8 millions de gourdes sur 14.5 millions de dollars.

D’un autre côté, la Banque de la République a indiqué que l’encours des obligations BRH par l’intermédiaire des institutions financières est évalué à 2.7 milliards de gourdes au 5 juin 2020. 2.4 milliards de ces titres sont achetés par les ménages dont 2.3 milliards des obligations de 191 jours. Les entreprises commerciales semblent donc n’être pas très intéressées aux obligations BRH. Leur demande au 5 juin n’est estimée qu’à 173 millions de gourdes, toujours selon le banquier de l’Etat.

En publiant ces informations, la Banque des banques dit vouloir ouvrir progressivement la voie à un degré d’efficience du marché des changes par la réduction de l’asymétrie d’information. La Banque Centrale dit constater que l’asymétrie d’information semble alimenter l’impatience du public pour les dollars et, par ricochet, la dépréciation accélérée de la gourde. Elle se propose, en ce sens, de publier régulièrement dans les journaux les principaux indicateurs relatifs aux transactions réalisées sur le marché des changes et aux obligations BRH.

Par Diego O. Charles
Lezec15@gmail.com